Berkem augmente son capital de près de 44 millions d'euros en entrant en Bourse
# Finance # Capital

Berkem augmente son capital de près de 44 millions d'euros en entrant en Bourse

S'abonner

Challenge réussi pour la PME Berkem, spécialiste de la chimie du végétal, basée à Blanquefort, qui vient de réaliser son introduction en Bourse. Cette augmentation de capital de 43,9 millions d’euros va permettre au girondin d’intensifier sa présence en Europe, notamment via des acquisitions ciblées.

Berkem dispose de trois usines en France, notamment Eurolyo à Chartres spécialisée dans la technique de séchage par lyophilisation — Photo : Berkem

Plus grand est le risque, plus grande est la récompense, dit l’adage. Lorsqu’Olivier Fahy fonde l’entreprise Berkem, en 1993 en Gironde, pour en faire un spécialiste de la chimie du végétal - dont le cœur de métier est l'extraction végétale pour fournir des actifs aux industries agroalimentaire ou encore cosmétique - son choix était pour le moins audacieux. Miser sur le biosourcé quand l’industrie chimique ne jure encore que par le tout synthétique. "L’industrie se cherchait à ce moment-là, cela coïncidait avec l’autorisation de produire des médicaments génériques en France. Quelqu’un de normal aurait fait de la chimie de synthèse pour répondre à cette demande", se remémore le PDG de l’entreprise. Olivier Fahy, lui, préfère faire un pas de côté. Une stratégie auréolée de succès vingt-huit ans plus tard.

Début décembre, la PME de Blanquefort (165 salariés) a fait son entrée en Bourse sur Euronext Growth à Paris, lui permettant de réaliser une augmentation de capital de près de 44 millions d’euros via l’émission de 4 719 222 d'actions ordinaires nouvelles. "La communication (financière, imposée par l’Autorité des marchés financiers, NDLR) est un des aspects qui nous a inquiétés lorsque nous avons commencé à penser à la Bourse. On aime parler de nos produits, un peu moins raconter notre vie sur les aspects financiers. Mais on ne peut pas prétendre aller à l’export sans raconter un peu plus de choses, donc on s’est fait violence", admet le fondateur de l’entreprise, qui reste actionnaire majoritaire après l’introduction en Bourse (ou IPO).

Et l’export est une clé cruciale pour le développement de Berkem. Dès 1997, l’entreprise prend ses marques aux États-Unis et commerce outre Atlantique, flairant une demande très forte notamment sur la partie Est du pays pour les produits d’origine végétale à destination de l’industrie du complément alimentaire. "Nous avons connu des hauts et des bas aux États-Unis mais nous avons toujours été présents. Mais il faut admettre que la période Trump suivie du Covid, ça n’a pas été la joie", commente Olivier Fahy.

Grossir à l’export

C’est en Europe que Berkem veut intensifier ses efforts. "Il faut que l’on couvre convenablement le marché européen, c’est un point central de notre stratégie", détaille Olivier Fahy. Et d’insister : "nous disposons d’un portfolio d’autorisations de mise sur le marché en Europe, on veut tirer la rentabilité de ces investissements". Actuellement, l’export représente 28,5 % du chiffre d’affaires de Berkem. Le marché mondial des produits chimiques biosourcés s’élève à 9,4 milliards de dollars et devrait atteindre 32 milliards de dollars en 2028, soit une croissance annuelle moyenne sur la période d’environ 15 % (selon une étude Inkwood Research). Une belle part de marché s’offre à Berkem sur le plan international.

Olivier Fahy a cette donnée bien en tête : "dès que l’on passe certains seuils, la rentabilité s’envole. Le seuil, on le passe selon le niveau de business… Si on arrive à progresser à l’export, notre EBITDA progressera (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement, NDLR)". En 2020, Berkem a réalisé 19 % de marge d’EBITDA pour un chiffre d’affaires de 40,6 millions d’euros. Pour le premier semestre 2021, le chiffre d’affaires atteignait 25,2 millions d’euros de chiffre d’affaires avec une marge d’EBITDA de 22 %. Ces performances - déjà solides - devraient donc encore s’améliorer, de pair avec la stratégie d’expansion du groupe.

Financer la croissance externe

L’introduction en Bourse et les 44 millions d’euros levés présentent un autre atout indéniable pour le chimiste : il est désormais prêt à bondir si une opportunité de croissance externe se présente. "Des acquisitions ciblées", précisait le communiqué annonçant le projet d’introduction en Bourse. "Plutôt autour des marchés de la résine (pour les industries de la peinture et des encres d’imprimerie) et des biocides", commente Olivier Fahy. "Pour certains marchés, le coût le plus important pour nous est le transport. En Estonie, par exemple, nous avons des clients intéressants mais qui ne sont pas à même de nous acheter un camion complet. Si on pouvait faire une acquisition avec un peu de stockage, ce serait intéressant".

Les suractivateurs végétaux dans sa manche

Pour se développer, Berkem mise aussi sur la croissance organique, portée par une R & D dynamique, et assure avoir un atout dans sa manche : les suractivateurs végétaux. Une brique technologique permettant d’augmenter le pouvoir de la chimie traditionnelle en diminuant la teneur de chimie conventionnelle. Ces solutions biosourcées pourraient s’adresser aux biocides notamment, pour protéger les produits post récolte. "Globalement notre métier c’est d’aider l’industrie à être aussi efficace en utilisant moins de produits synthétiques", résume Olivier Fahy.
Berkem a commencé à développer ces suractivateurs pour ses propres formules. Puis les clients eux-mêmes sont venus lui demander de faire la même chose pour leurs produits. "Pour le moment, nous n’avons pas besoin d’adapter notre outil industriel. Mais si le succès va au-delà du business plan, on pourrait envisager une nouvelle usine", glisse-t-il toutefois.

Aujourd’hui, Berkem dispose de trois sites de production, tous en France. Le premier est situé à Gardonne, en Dordogne, est spécialisé dans l’extraction d’actifs d’origine naturelle. Le second, en Gironde, à la Teste-de-Buch, dans le giron de Berkem depuis 2017, produit des résines pour la peinture, le bâtiment, le traitement des bois et des encres. La société est spécialisée dans l’élaboration de résines dites "alkydes", réalisées à partir d’huiles végétales, de diverses matières premières issues de la chimie organique et de solvants pétroliers (white spirit). Le dernier à Chartres, en Eure-et-Loire, acquis en 2018, est spécialisé dans la technique de séchage par lyophilisation (à destination des industries agroalimentaire, cosmétique, pharmaceutique). "Pour l’ensemble des trois sites, nous allons déployer des programmes d’investissement avec des créations d’emploi à la clé", glisse Olivier Fahy sans donner plus de détails. La suite dans quelques semaines…

Gironde Nouvelle-Aquitaine Lot-et-Garonne # Finance # Industrie # Agroalimentaire # Chimie # Pharmacie # Services # Capital # Fusion-acquisition # Investissement
Fiche entreprise
Retrouvez toutes les informations sur l’entreprise BIOPRESS