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Belco cherche une issue durable au café
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Belco cherche une issue durable au café

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La société de sourcing et d’importation de café vert (non-torréfié) Belco, basée à Mérignac (Gironde), a de nombreux chantiers en cours. Elle poursuit en parallèle le développement de trois filiales (bientôt quatre) et mène à travers elles, de nombreux projets dans les plantations. Elle se prépare à les renforcer pour adresser de nouveaux marchés.

Belco source 9000 tonnes de café par an — Photo : Anne Beauge

Depuis qu’elle est passée du statut d’importateur et de grossiste à celui de sourceur, la société girondine Belco (54 M€ de CA), spécialisée dans le café vert, est sur tous les fronts. Créée en 2007 par Nicolas Bellangé et son fils Alexandre, elle travaille actuellement à l’installation en 2023 d’une quatrième filiale, au Brésil, après avoir investi l’Éthiopie en 2015, puis le Salvador et la Colombie. L’objectif commun de ses multiples projets : améliorer la traçabilité, l’impact environnemental et social et, la qualité de son café.

Les ambitions de la PME, dont les agences achètent aujourd’hui à une vingtaine de pays, sont concentrées en priorité sur ses antennes internationales. Elle nourrit le projet de transformer ses filiales d’achat "en sociétés capables d’exporter en Europe pour Belco mais aussi dans d’autres régions du monde à l’export : États-Unis, Australie et Asie. Nous allons opérer cette transformation d’ici deux ans sur nos filiales au Brésil et en Colombie dans un premier temps", ajoute-t-il.

De grossiste à sourceur

Au départ née comme une société familiale, Belco est aujourd’hui détenu en majorité par la Salpa (Société alsacienne de participations agroalimentaires). En 2007, elle débute son activité comme grossiste pour des indépendants et artisans de torréfaction hexagonaux. C’est cinq ans après sa création qu’elle opère sa mue. Évoluant sur un marché d’échange "opaque dans un secteur très concentré ou trois groupes (Nestlé, JDE et Lavazza) ont la main sur 70 % du marché", explique le PDG qui a finalement décidé de sourcer elle-même sa matière première. Face à des catalogues standardisés, elle développe donc son propre cahier des charges pour "sortir de l’idée de matière première et entrer dans un système de produit agricole", poursuit-il. "Nous voulions être le seul intermédiaire à l’achat et améliorer avec les fermiers leur savoir-faire de production".

L’entreprise s’est donc transformée en sourceur importateur, avec plusieurs objectifs, dont la collecte de données servant à assurer une transparence sur l’impact économique et environnemental de sa production. Elle agit sur la durabilité des exploitations en finançant une multitude de projets dans les plantations. En Colombie, par exemple, la PME de 70 salariés a investi dans des formations et des équipements, notamment un four à énergie solaire, pour produire du café en méthode sèche, une alternative à la méthode traditionnelle de "dépulpage et de séchage du grain, procédés nécessitant beaucoup d’eau et émettant du méthane", poursuit le dirigeant. "En ce moment, nous réfléchissons à un projet de financement de couverture sociale pour les travailleurs des plantations. Les projets se focalisent principalement sur l’accompagnement dans la transition des modèles agricoles et la santé des travailleurs".

Du café transporté en voiliers cargo

Le stock de grains de café vert importé de Belco - 9 000 tonnes par an - est aujourd'hui situé dans un entrepôt de 7 000 m2 au Havre. C'est là-bas qu'Alexandre a rencontré les dirigeants de la compagnie Towt (répartie entre Douarnenez et Le Havre, 10 salariés, 203 000 euros de chiffre d'affaires en 2019), spécialisée dans le fret par voiliers. Belco a signé un contrat d'engagement pour transporter 2 000 tonnes de café en 2024, 3 000 tonnes en 2025 et 4 000 tonnes en 2026 sur deux voiliers cargo construits par la société Piriou (ETI basée à Concarneau, 1 200 salariés, 250 M€ de chiffre d'affaires). Au départ concentré sur le transport en goélettes, Towt a fait plusieurs essais dont un avec un chargement de 22 tonnes de café colombien arrivé en février dernier sur le port de Bassens. "C'était une solution intéressante mais impossible à adapter à l'échelle. Le coût du transport était démesuré par rapport au volume transporté", poursuit Alexandre Bellangé. "Avec ce projet, l'écart de prix avec un transport classique pour un paquet de café sera de moins de dix centimes d'euros. L'éco-anxiété des consommateurs augmente et les réglementations évoluent vers la taxation des filières à forte émission. Peut-être passerons-nous à côté de la mise en place de certaines taxes, même s'il faut investir", termine-t-il. L'idéal de l'entreprise : franchir "le plus vite possible" la barre des 50 % de café transporté à la voile. Un investissement chiffré à "un million d'euros la première année, deux pour la troisième", sans compter la refonte de la supply chain, qui devra troquer les containers pour des palettes.

À l’assaut du cacao

Une transition parfois nécessaire, qui a poussé la société à s’intéresser "depuis environ trois ans" au cacao, d’abord au Salvador et en Colombie. Ses filiales, regroupant des équipes de 5 à 10 personnes dont des ingénieurs qualité, agronomes ou spécialistes du marketing, réfléchissent à "établir une double compétence. En travaillant sur deux filières complémentaires, nous pouvons amortir les frais d’une filiale", explique Alexandre.

Sa diversification correspond aussi à une nouvelle réalité agronomique sur les terrains cultivés. "J’ai constaté que les producteurs de café commençaient à travailler sur du cacao car ils n’arrivaient plus à produire du café en basse altitude en raison du réchauffement climatique". Et sa filière cacao se développe : en mai dernier, Belco a importé son premier container de cacao en provenance du Salvador, "une quinzaine de tonnes. Nous commençons petit, mais nous pourrions sortir 1 000 à 2 000 tonnes de cacao à terme, ce qui pourrait représenter dans dix ans 20 % du business en valeur".

Preuve que le projet est concret : à l’été 2023, l’entreprise girondine ouvrira sur son siège un centre de formation "pour former les chocolatiers à la production de chocolat à partir de fèves de cacao". Un investissement de 300 000 euros qui s’ajoute au projet de multiplier par deux la taille de son siège (de 600 à 1200 m2) pour deux millions d’euros.

Cette nouvelle dimension passera forcément par un renfort d’effectifs. "Nous voudrions que chaque filiale regroupe 20 à 30 personnes", ajoute Alexandre Bellangé. Côté recrutement, Belco devrait embaucher une vingtaine de personnes sur Mérignac et une trentaine dans ses filiales d’ici trois ans. Pour l’année en cours, elle espère atteindre un chiffre d’affaires de 65 millions d’euros.

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