À 98 ans, c’est un virage d’importance que s’apprête à négocier l’entreprise Bacqueyrisses. Le concessionnaire des marques Iveco Bus et Rosero, réputée également pour les réparations et équipements pour toutes les marques affiche 26,7 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021 et une centaine de salariés. L’entreprise hébergera à partir de septembre dans des structures modulaires sur son terrain à Bruges la jeune société Retrofleet spécialisée dans la conversion des véhicules thermiques en électriques, le rétrofit. Créée en 2020 et basée à Paris, Retrofleet, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 910 000 euros en 2022 et levé 5 millions d’euros la même année (auprès du groupe Turenne et sa division Innovacom et de la caisse des Deux Savoies du Crédit Agricole), y implantera son premier outil de production de batteries et moteurs électriques. Elle y investit 1 million d’euros et table sur un début de fabrication en janvier 2024. Une quinzaine d’embauches sont prévues, aux côtés des 20 employés de la start-up aujourd’hui.
Gagnant-gagnant
Premier client tout désigné : Bacqueyrisses, dont Retrofleet équipera une partie de la flotte, sachant que l’entreprise girondine vend entre 100 et 200 bus et cars par an, et en possède 60 à la location. "Pour nous, l’électrification n’est pas une découverte", commence Pierre-Marie Gaillon, directeur général de Bacqueyrisses. "Notre veille technologique nous a amenés à nous intéresser au gaz depuis 25 ans, à l’hybride depuis une décennie et donc à l’électrique depuis quatre ou cinq ans. Aujourd’hui, cette énergie représente une part mineure des bus et cars en circulation, moins de 1 %. Mais justement, les constructeurs n’étant pas encore prêts, le rétrofit prend tout son sens. Pour nous qui assurons le service après-vente et les réparations des véhicules, transformer le moteur thermique en électrique a du sens et c’est d’ailleurs demandé par nos clients."
Retrofleet et Bacqueyrisses ont toutes les deux à y gagner. Des commandes ont d’ores et déjà été passées auprès de Bacqueyrisses. L’entreprise familiale se garde pour l’instant d’en dévoiler les clients, mais c’est précisément pour les honorer et anticiper les prochaines qu’elle s’est tournée vers Retrofleet, après avoir un temps envisagé de développer sa propre solution. Mais les montants nécessaires auraient été très importants pour une entreprise ayant toujours misé sur l’autofinancement.
Le rétrofit deux fois moins cher qu’un véhicule neuf
De son côté, l’entreprise parisienne bénéficie sans tarder d’un marché. "Nous avons choisi de nous associer localement avec des acteurs comme Bacqueyrisses, déjà bien implantés localement, en contact avec des prospects, pour intégrer nos solutions. Être présents en Nouvelle-Aquitaine était une évidence, tant la région est en pointe et dynamique sur le sujet des batteries notamment", estime Emmanuel Flahaut, cofondateur de Retrofleet.
"D’après une étude de l’Ademe de mars 2021, conserver un bus en remplaçant simplement son moteur diesel par un nouveau système électrique à zéro émission permettrait de baisser ses émissions polluantes de 87 %. Le rétrofit garantit non seulement une solution de verdissement mais aussi un gain économique certain, avec un coût de la conversion globalement deux fois moins cher qu’un véhicule équivalent électrique neuf ", vante Emmanuel Flahaut.
