Se forger une solide expérience dans le domaine de la surveillance industrielle pour élargir ensuite ses domaines de compétences et accéder à de nouveaux marchés : la PME de Mérignac Azur Drones (65 salariés, 725 000 euros de CA en 2020) affiche clairement sa stratégie. Et pour soutenir ses ambitions, ce spécialiste du drone autonome a bouclé, fin janvier, une levée de fonds de 8 millions d’euros auprès d’un investisseur privé "souhaitant rester discret", élude la société tout en précisant qu’il était déjà actionnaire d’Azur Drones et dispose d’une "part importante du capital".
Une expérience de 20 000 vols
Ce cash, l’entreprise girondine va, en partie, l’employer à diversifier les applications de sa technologie Skeyetech développée initialement pour des opérations de sûreté et de vidéosurveillance pour des clients industriels et des sites sensibles. Fort de ses 20 000 vols en autonomie et 200 utilisateurs quotidiens, Azur Drones a vu émerger des demandes spécifiques pour ses clients grands comptes. En Nouvelle-Calédonie, pour un client du secteur minier, il active une fonction de photogrammétrie. Pour un client dans le domaine du nucléaire, la PME a ajouté une solution de mesure de la radioactivité.
Et en 2022, Azur Drones continuera cette diversification au profit des secteurs de l’énergie et du portuaire. "La raison de notre succès, c’est que nous avons obtenu très tôt, en 2019, des autorisations de vol en France. Nous avons procédé à des lourds investissements afin de lever des barrières réglementaires. Cela a été un tremplin pour l’international", détaille Nicolas Billecocq, directeur général d’Azur Drones.
Cette expertise réglementaire, un élément critique dans le secteur du drone civil, est la clé de voûte de son développement international. La PME a déployé son "drone-in-a-box" au Danemark, aux Pays-Bas, en Allemagne, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite grâce à sa "capacité à obtenir les autorisations de vol", se félicite Nicolas Billecocq.
Des marchés moins sensibles
En ligne de mire d’ici 5 à 6 ans, un éventail d’applications encore plus large, confortés par leur expérience pour aller explorer de nouveaux marchés, notamment dans des domaines moins sensibles. "On n’est pas encore dans la livraison ou la sécurité civile… Mais aller apporter un défibrillateur, surveiller un départ d’incendie… nous serons prêts à nous positionner sur ces marchés-là quand ils seront matures", confie le dirigeant.
Les jalons posés jusqu’alors sont gourmands en capitaux. Pour l’exercice 2020, Azur Drones affiche une perte d’environ 5 millions d’euros. "Nous sommes dans une phase d’investissements mais nous sommes confirmés à la fois par nos clients et nos marchés. Les volumes investis sont équivalents à ceux de nos concurrents israéliens ou américains", rassure Nicolas Billecocq. "Nous avons vocation à avoir des business rentables, les volumes d’activité que l’on projette nous permettent d’envisager l’équilibre financier".
Des investissements, il faudra en prévoir aussi pour redimensionner l’outil productif. L’usine de Mérignac est adaptée pour l’activité 2022-2023, "ensuite on se prépare à devoir la faire croître. À un moment, il faudra que l’on déménage, si possible, autour de notre base actuelle", conclut-il. À bon entendeur.