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ArianeGroup dope son outil de télésurveillance spatiale
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ArianeGroup dope son outil de télésurveillance spatiale

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Le réseau de télescopes d’ArianeGroup GéoTracker change de nom et renforce son champ de compétences. Helix couvre désormais toutes les orbites, de jour comme de nuit, pour cartographier les objets en plus de suivre les satellites. Objectifs : intensifier les informations pour les besoins civils et militaires, et limiter les risques de collision.

ArianeGroup prévoit de doubler le nombre de ses stations de surveillance spatiales d'ici 2025 — Photo : ARIANEGROUP

À sa création en 2011, le réseau de télescopes GéoTracker d’ArianeGroup était précurseur dans la surveillance spatiale. Désormais il se modernise et se renforce en devenant Helix, ainsi que l'a annoncé le groupe en début de semaine. "Le plus grand réseau privé européen de télescopes à travers le globe", promet Martin Sion, le nouveau directeur général du groupe aéronautique (2,4 Md€ de CA 2022, 8 000 salariés). D’ici 2025, un maillage de 30 stations sera déployé, deux fois plus qu'actuellement. Toutes seront équipées des dernières évolutions mises au point, assemblées et testées à Saint-Médard-en-Jalles (Gironde).

Capacités augmentées

Première évolution de taille : là où GéoTacker était déjà en mesure de suivre un satellite en orbite géostationnaire (la plus haute mais la plus stable), Helix couvre toutes les orbites y compris basses, celles où sont déployées notamment les constellations prisées pour les télécommunications à l’instar de Starlink. C’est aussi là que les objets sont davantage susceptibles de dévier de leur trajectoire avec un risque accru de collision, plus encore au regard de la densification de l’activité spatiale. Actuellement, 7 000 satellites sillonnent déjà l’espace. "Il y a déjà un enjeu quand on envoie nos fusées. Ariane traverse l’orbite basse, on s’est rapidement posé la question des collisions, c’était notre première motivation", avoue Philippe Clar, directeur des programmes défense.

Autre progrès : la vision diurne, grâce au développement de l’optique laser infrarouge, qui présente aussi l’avantage d’être moins chère que la technologie radar et ouvre des champs d’application. "Nous avons testé le laser en éblouissement pour dissimuler des opérations", reconnaît Philippe Clar.

Enfin, outre le tracking, Helix entend cartographier les orbites et se doter progressivement d’intelligences et d’algorithmes capables d’automatiser les identifications et caractérisations des objets. Une prouesse quand on sait qu’en orbite basse les satellites circulent à 7 km/seconde.

"La donnée, c’est le carburant de la surveillance : plus on en a, plus elle est de qualité, plus on est capable d’historiser, de prévoir", résume Hélène Blanchard, responsable des programmes sécurité dans l’espace. "La surveillance de l’espace est indispensable pour agir et manœuvrer dans l’espace ; à la fois pour concourir à la souveraineté de l’espace et répondre aux enjeux commerciaux qui s’amplifient."

Éviter les collisions, repérer les anomalies

Le client de lancement est le Commandement de l’espace français. "Rien qu’avec la petite flotte de satellites français, nous avons 400 situations d’alerte par semaine en orbite basse, à savoir des rapprochements de moins de 40 km", explique le général Adam. "Si cela ne représente que deux ou trois manœuvres par an, davantage de précision et d’information permet d’affiner nos trajectoires. Multiplier les sources aux côtés de nos moyens propres - les radars - et nos partenariats avec des pays étrangers, c’est mieux surveiller." Autrement dit, aussi, mieux détecter les nouveaux venus, amis ou non, et les éventuelles anomalies.

Le marché intéresse également nombre d’opérateurs privés, soucieux de situer précisément leur outil, "par exemple pour comprendre pourquoi il y a des interférences, ainsi que pour optimiser l’utilisation de ses propulsions pour ses corrections d’orbite", cite Philippe Clar.

"À la taille d’ArianeGroup, cela restera un marché de niche, mais il est voué à beaucoup se développer", estime Martin Sion.

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