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Api redynamise les communes rurales avec ses supérettes en libre-service
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Api redynamise les communes rurales avec ses supérettes en libre-service

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La start-up charentaise Api Distribution déploie depuis fin 2022 des supérettes autonomes en libre-service dans des communes de 750 habitants ou plus. En forte croissance, elle entend lutter contre la désertification rurale et développer de nouveaux services de proximité autour de la quarantaine de magasins qu'elle doit ouvrir cette année.

Chaque supérette Api dispose de 700 références, dont 70% de marque distributeur (Carrefour) — Photo : Romain Béteille

Depuis novembre dernier, un nouveau panneau orne l’entrée de la commune de Claix (Charente). Quelques mètres plus loin, sur un parking, un mobile home en ossature bois surmonté d’un logo jaune attire l’œil. En pénétrant à l’intérieur à l’aide d’une application, on arrive dans une mini-supérette autonome proposant 700 références aux prix calqués sur ceux de la grande distribution. À côté, une prothésiste ongulaire vient de s’installer et un coiffeur va bientôt réoccuper les locaux abandonnés d’un ancien restaurant.

Modèle atypique

"Redynamiser" cette commune de 1 100 habitants et le monde rural en général, c’est tout le pari d’Api Distribution, start-up charentaise née de l’association de Julien Nau, dirigeant d’une distillerie familiale près de Cognac, et d'Alex Grammatico, ancien courtier en spiritueux, qui cherchaient une solution à la désertification rurale (62 % des communes n’ont aucun commerce). Inspirés par un concept suédois, il se sont adjoint les services du serial entrepreneur Jean-Luc Treillou (cofondateur de Treefrog Therapeutics) et de Marie-Laure Basset, directrice générale au fort bagage commercial dans l’agroalimentaire (Marie, Fleury Michon).

Pour déployer son modèle atypique et ouvrir sa première supérette à Claix, Api a dû lever plusieurs freins. Elle a passé un contrat de 5 ans avec le groupe Carrefour pour bénéficier de sa force de frappe logistique et de son catalogue de produits, garantissant ainsi un fournisseur unique pour ses supérettes, qui vendent à 70 % des marques distributeurs (et 5 à 10 % de produits locaux). Les supérettes, elles, sont fabriquées en France par le groupe mayennais Rapido (550 M€ de CA, plus de 2 000 salariés).

Émulation

Le déploiement repose sur un recensement interne des communes d’au moins 750 habitants qui disposent ou non d’épiceries et situées à plus de dix minutes en voiture d’un supermarché. "Nos supérettes sont implantées en grappes de cinq magasins avec un seul gestionnaire recruté localement. Certains magasins surperformeront, d’autres seront plus isolés et n’atteindront pas leur seuil de rentabilité, mais l’essentiel est que la grappe soit rentable", révèle ainsi Marie-Laure Basset.

Disposant pour l’heure de huit supérettes, la société prévoit d'en ouvrir une quarantaine en Nouvelle-Aquitaine d’ici à fin 2023 dont une à La Rochelle en mai et six par mois dès septembre. Au-delà de ce développement, "conçu dès le départ pour être rapide", cette entreprise à mission qui travaille à sa labellisation Bcorp espère une émulation. "Nous souhaitons adosser d’autres services à cette première brique", assure la porte-parole, évoquant des discussions avec La Poste ou un projet de courses à domicile pour les personnes isolées.

"Nous voulons lutter contre la fracture numérique, par exemple en aidant les habitants à se créer un compte sur l’application. Nous travaillons avec les producteurs locaux pour définir leurs prix, les supérettes qu’ils veulent livrer et optimiser leur logistique grâce à nos gestionnaires. En plus des AOT (autorisations d’occupation temporaire), nous signons avec les mairies des conventions pour acter notre engagement sur la durée", termine Marie-Laure Basset. Api table sur 140 magasins en France d’ici à fin 2024 et 600 d’ici cinq à six ans. Le choix des régions est encore à l’étude.

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