Qu'est-ce qu'un géant de la distribution, un spécialiste du gaz industriel et un producteur de carottes pouvaient bien fomenter pendant plusieurs mois à Cestas, en Gironde ? Le groupe Carrefour, Air Liquide et Planète Végétal ont inauguré une unité de production de biométhane, couplée à une station de biogaz naturel pour véhicules. Une collaboration fructueuse pour réduire l'impact environnemental du transport de marchandises indispensable au mastodonte de la grande distribution.
Planète Végétal, spécialisée dans les cultures de carottes et de poireaux, fournit une partie de ses légumes à Carrefour. En parallèle, via sa filiale dédiée Pot-au-pin Énergie, elle cultive des végétaux qui vont lui permettre d’alimenter l’unité de production de biométhane. Le gaz produit sera injecté dans le réseau de distribution et acheminé vers des stations dans toute la France.
Le chimiste Air Liquide est en charge de la station de biogaz naturel pour véhicules (GNV) située à trois kilomètres de là, directement reliée à l’unité de production. Un gros avantage pour Carrefour, et sa plateforme logistique située à proximité.
20 stations et 400 camions en France
Car, dès 2013, l'enseigne avait testé une solution issue de déchets provenant de ses magasins pour alimenter trois camions. « Il y avait alors un problème de puissance mais nous étions persuadés qu’il fallait persévérer, car cette solution représentait l’avenir et était un levier fort pour la réduction de nos émissions, à laquelle nous nous étions engagés. Nous avons donc travaillé avec les constructeurs pour rendre les véhicules plus performants et pour installer des stations », raconte Bertrand Swiderski, directeur du développement durable du groupe Carrefour.
À la fin de l’année, les stations seront au nombre de vingt et 400 camions aux couleurs de Carrefour rouleront au biométhane.
Objectif : 50 % de la flotte
Pour voir éclore le projet de Cestas, il fallait un engagement mutuel : « Nous garantissons que nous serons là au moins pour cinq ans. C'est ce qui a sécurisé Planète Végétal pour investir dans cette structure », détaille Bertrand Swiderski. Lequel ne verrait pas d’un mauvais œil que ses concurrents s’intéressent, eux aussi, au biométhane et sollicitent Pot-au-Pin Energie. « Au contraire, nous avons tout intérêt à les y intéresser, car plus ils se fourniront en biométhane, plus ce carburant deviendra standard et donc abordable. »
Une démarche qui a su retenir l'attention de la Région Nouvelle-Aquitaine. « Entrer en ville sans émettre de particules, cela les séduit forcément, puisque la réduction des émissions de CO2 fait partie de leurs priorités », relève Bertrand Swiderski.
Le groupe Carrefour devra, quant à lui, poursuivre ses efforts pour atteindre l'objectif qu'il s'est fixé : « ces 400 camions représentent un peu moins de 40 % de notre flotte de véhicules intra-urbains, c’est-à-dire ceux qui entrent dans les centres-villes. Lorsque nous serons arrivés à 50 %, nous considérerons que nous aurons réellement transformé le modèle », conclut Bertrand Swiderski.
