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Village de marques : Tous contre Douains
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Village de marques : Tous contre Douains

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DISTRIBUTION. Nouveau rebondissement dans le feuilleton du village de marques de Douains dans l'Eure, porté par le groupe McArthurGlen, avec un recours déposé auprès du Conseil d'Etat. Elus locaux et associations de commerçants se mobilisent contre.

Le futur centre McArthur Glen à Douains — Photo : © McArthur Glen

Promoteur du projet de village de marques à Douains dans l'Eure, McArthurGlen ne s'avoue pas vaincu et dépose un recours auprès du Conseil d'État. Un projet de zone d'activités commerciales de près de 15.000 m², à côté d'Evreux et à une trentaine de kilomètres de Rouen, déjà rejeté par deux fois par la commission nationale d'aménagement commercial (CNAC) mais auquel le promoteur s'accroche. Une attitude conspuée par les associations de commerçants de la région mais aussi par les élus, avec en tête, Yvon Robert le maire de Rouen qui rappelle les enjeux : « La démonstration a été faite que l'implantation d'une telle zone commerciale aurait de graves conséquences pour notre ville. La clientèle touristique ainsi que celle d'une vaste zone de chalandise englobant Rouen étant visée par ce projet, c'est toute la diversité du commerce rouennais qui serait fragilisée ».




Les associations de commerçants vent debout

Patrons de plusieurs magasins à Evreux et à la tête de la lutte contre le projet de McArthurGlen avec l'association D3V, Didier Bazin s'est récemment inquiété de la démobilisation des commerçants : « J'imaginais que tout le monde était bien informé mais ce n'était pas le cas. Tout le monde a pensé qu'après la seconde CNAC, il ne se passerait plus rien et nous avons fait peu de communication. De plus, McArthur s'est fait discret. On s'est remis à communiquer sur le sujet et depuis les adhésions reviennent : je suis rassuré car les frais d'avocat sont élevés et nos moyens ne sont pas comparables à ceux de McArthur. Peut-être que nos adversaires jouent l'épuisement financier ? Mais, qu'ils soient rassurés, nous avons maintenant les moyens d'aller jusqu'au bout ! ». En cas de victoire des commerçants en Conseil d'État, le promoteur aurait cependant encore la possibilité de déposer un nouveau dossier mais, précise Didier Bazin : « Ca deviendrait compliqué en terme de commercialisation dans la durée car les autres villages auraient démarré ». De fait, le village de marques de Honfleur qui a reçu toutes les autorisations nécessaires doit ouvrir ses portes en 2015. « Un village de marques plus compréhensible que celui de Douains puisqu'à Honfleur la clientèle arrive à destination alors qu'à Douains elle est de passage », souligne Didier Bazin. À Rouen, les associations de commerçants ne sont pas en reste. Adhérent de D3V, Les vitrines de Rouen et son président Matthieu de Montchalin mettent en avant les conséquences sur l'emploi : « Ce ne sera pas de l'emploi en plus mais à la place de : on prend des emplois pour les mettre ailleurs. La consommation se fera au détriment d'autres points de vente. Il est plus important de préserver les emplois existants que de croire au miroir aux alouettes des promoteurs et de leurs promesses de créations d'emplois. Le village de marques créera beaucoup moins d'emplois que ce qui est promis (environ 700 emplois selon les promoteurs, Ndlr) ». Mobilisé avec son association de commerçants 3CR à Rouen, Philippe Depreaux, également membre de la CCIT de Rouen, précise les rôles de chacun et sonne la charge : « Nous sommes mobilisés depuis le début du projet en 2011. Les CCI de Versailles et de Rouen se sont rassemblées pour lutter contre ce village de marques au contraire de celle de l'Eure qui y voit son intérêt mais pas celui de ses commerçants. Ce village qui ouvrirait aussi le dimanche aurait une attractivité très forte et serait dramatique pour Rouen. Il est faux de dire que cela nous ramènera de la clientèle. Au contraire, la clientèle des Yvelines qui vient à Rouen le week-end serait stoppée à Douains ! Nous n'avons pas besoin de ce nouvel handicap, alors que la ville de Rouen fait déjà beaucoup pour empêcher l'accès au centre-ville des voitures. Il y a un double discours : on veut protéger les commerçants et en même temps, les autorités municipales ne veulent plus de voitures en centre-ville ! On se bat car ce village de marques est très préjudiciable pour le commerce de centre-ville et à un moment où la consommation est en berne, nous n'avons pas besoin de cette concurrence ».



Sébastien Colle

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