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Sival : « Un financement participatif permet de garder le contrôle »
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Lionel Vicq PDG de Sival Sival : « Un financement participatif permet de garder le contrôle »

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Repreneur de Sival à Eu (Seine-Maritime) depuis janvier 2015, Lionel Vicq veut soutenir la croissance renaissante de sa fonderie spécialisée dans les pièces en aluminium de haute technicité, et continuer sa phase d’investissement avec l’achat de nouvelles machines. Pour y parvenir, il s’est lancé dans une opération de financement participatif, en actions négociables, afin de lever 500 000 euros.

« Nos contributeurs sont principalement des particuliers qui croient en l’industrie française », souligne Lionel Vicq, PDG de Sival Fonderie — Photo : © Sival

Le Journal des Entreprises : Quelle est la spécificité de la fonderie Sival, dont vous êtes le repreneur depuis janvier 2015 ?

Lionel Vicq : C’est une fonderie d’après-guerre, fondée en 1947 avec un site historique basé à Eu, en Seine-Maritime. Dans les années 1970, sous l’impulsion d’un nouveau dirigeant, elle entame sa diversification dans les pièces à forte résistance mécanique à destination de l’aéronautique. Toutes les pièces à base d’aluminium font partie des gênes de l’entreprise. Des pièces fabriquées en petites et moyennes séries sur mesure et sur plan. Avec notre bureau d’études, l’idée est d’offrir une prestation complète à nos clients, une démarche plébiscitée par le marché de la fonderie et de l’usinage.

Au total, Sival Fonderie réalise un chiffre d’affaires de 8 millions d’euros pour 119 salariés (dont 94 en France et 25 en Hongrie, NDLR), et compte trois entités complémentaires, sur plus de 8 000 m², dont deux en France avec la fonderie à Eu, l’usinage à Friville-Escarbotin, dans les Hauts-de-France (suite à la reprise de Dubus Industrie le 1er août 2018 avec 30 salariés et un chiffre d’affaires de 2,1 M€, NDLR) et une entité en Hongrie, au sud de Budapest.

Pourquoi avoir choisi une opération de financement participatif pour lever les 500 000 euros dont vous avez besoin pour poursuivre votre développement ?

L. V. : Sival est longtemps restée atone, sans investissement ni développement. Depuis ma reprise de l’entreprise en 2015, nous avons beaucoup investi et nous sommes allés chercher des normes stratégiques de type Nadcap (qualification des procédés spéciaux pour l’industrie aéronautique, NDLR). Il nous fallait continuer à investir dans des équipements spécifiques et soutenir la croissance élevée de +15 % chaque année depuis 2016. Et plutôt que de faire appel aux banques, nous avons décidé d’ouvrir le capital.

« Cette opération de crowdfunding redonne de la visibilité et de la modernité à l’entreprise. »

Je suis actionnaire de référence, mais nous sommes encore trop jeunes pour prétendre à des levées de fonds massives. Cette opération de financement participatif en actions négociables est ouverte à tous, professionnels et particuliers, et il n’y a pas de mise minimale ou maximale.

Comment se déroule cette opération plus courante dans le monde des start-up que dans celui de l’industrie traditionnelle ?

L. V. : Nous avions lancé l’opération de début décembre 2018 à fin janvier 2019, mais elle va finalement se poursuivre jusqu’à la fin du mois de mars, car il faut du temps pour convaincre les investisseurs. Contrairement aux start-up, nous ne sommes pas éligibles aux réductions d’impôts, car nous avons plus de cinq ans d’ancienneté, et cela, c’est un vrai frein à l’investissement dans notre pays.

Pour réussir cette opération, je tente de donner un maximum de chances à l’entreprise avec la mise en place d’opérations de communication auprès du public, l’organisation de journées portes ouvertes du site à Eu, ou encore des opérations de visibilité menées auprès d’investisseurs.

Votre démarche rencontre-t-elle le succès ?

L. V. : Les premiers retours sont plutôt bons. Les financements arrivent régulièrement avec plus d’une cinquantaine de participants pour des enveloppes qui vont de quelques dizaines d’actions à plusieurs milliers d’actions. Nos contributeurs sont principalement des particuliers, avec une localisation prononcée dans le nord de la France, des gens qui croient en l’industrie française et en notre projet d’entreprise.

Quels sont les avantages d’un financement participatif pour un chef d’entreprise ?

L. V. : Cela permet de garder le contrôle de la société, et comme nous sommes sur des évolutions lentes, de conserver également le cap stratégique, sans qu’un nouvel actionnaire vienne tout changer. Notre objectif est de pouvoir recentrer l’entreprise sur des activités à plus forte valeur ajoutée dans les domaines de l’aéronautique, mais aussi du militaire, avec une prestation globale intégrée.

Cette opération est aussi un élément de motivation pour les équipes. Certains salariés participent d’ailleurs à la levée de fonds, car elle enclenche une dynamique et permet de redonner une notoriété que Sival avait un peu perdue. Cela redonne de la visibilité et de la modernité à l’entreprise.

Seine-Maritime # Industrie # Capital # Levée de fonds