Quelle était votre motivation lorsque vous avez choisi de mettre en place une politique de redistribution auprès de vos salariés en 2013 ?
Nous avons mis en place cette politique de redistribution auprès des salariés à un moment où l’entreprise ne gagnait pas d’argent. Malgré tout, je voulais récompenser les salariés et les remercier pour leur engagement. Un accord d’intéressement a ainsi été mis en place. L’intéressement versé chaque année varie en fonction des résultats de l’entreprise. C’est un exercice qui oblige à la transparence avec les salariés, dans les périodes qui vont bien et celles qui vont moins bien, et qui permet d’expliquer la situation de l’entreprise avec des chiffres. C’est un bon moyen de donner du sens aux salariés sur le fonctionnement de leur entreprise.
Comment cela fonctionne-t-il ?
Nous avons des plans de développement sur trois ans signés avec les syndicats et les salariés. Des protocoles d’intéressement sont aujourd’hui proposés par les banques, ce qui présente l’avantage pour elles de pouvoir récupérer les futurs placements des salariés, et pour le chef d’entreprise de ne pas avoir à effectuer de travail administratif. L’intéressement est lié au ratio entre le résultat d’exploitation et le chiffre d’affaires qui donne un pourcentage variable. Ainsi, plus on a de bons résultats d’exploitation, plus on redistribue. De plus, nous avons fait le choix de redistribuer de façon égalitaire entre tous les salariés, donc chaque salarié perçoit le même montant d’intéressement, qu’il soit cadre ou femme de ménage. En moyenne aujourd’hui, je redistribue 15 % de la richesse de l’entreprise, ce qui représente plusieurs milliers d’euros pour chaque salarié.
Cette politique de redistribution est-elle un avantage en matière de gestion des ressources humaines ?
Oui, c’est un outil très favorable à la gestion des ressources humaines de l’entreprise. En effet, nous sommes 70 dans l’entreprise (plus de 20 millions d’euros de chiffre d’affaires, NDLR) et je n’ai pas besoin de service de ressources humaines. J’ai très peu de litiges avec mes employés et pratiquement pas de turnover. Mes salariés ne vont pas chez mes concurrents car ils ne proposent pas les mêmes conditions. C’est un outil que je mets en avant lors de mes recrutements, sur la fiche de salaire. C’est très incitatif car les montants sont intéressants, en hausse sur les dernières années avec le développement de notre activité, et c’est moins fiscalisé qu’une prime ou du salaire. Ce sont des sommes que l’on peut par exemple placer sur un plan épargne entreprise qui permet d’éviter l’imposition sur le revenu. C’est aussi un moyen de lutter contre la crise économique que nous rencontrons et de limiter les problèmes sociaux.
Votre démarche auprès des salariés change-t-elle le fonctionnement global de l’entreprise ?
Cet outil de l’intéressement est un levier de motivation des salariés, car ils se sentent plus investis pour l’entreprise. Ils savent que leur travail à un effet direct sur les résultats à venir de la société. C’est aussi un moyen de leur donner de l’autonomie et de l’auto-contrôle dans leurs fonctions pour que les choses fonctionnent le mieux possible dans l’objectif de faire les meilleurs résultats possibles. Cette politique de redistribution chez Unifer est devenue une culture d’entreprise car c’est un levier rémunérateur pour les salariés. Je pense que c’est une vraie force pour une PME, car cela permet de s’ouvrir aux salariés. C’est un outil qui devrait être mieux développé dans les PME. Car cette démarche d’intéressement c’est de la RSE (Responsabilité sociétale de l’entreprise, NDLR), c’est de l’avancée sociale.
