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Récréa : "Nous demandons un plafonnement des prix de l'électricité"
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Gilles Sergent président de Récréa "Nous demandons un plafonnement des prix de l'électricité"

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Face à la hausse des prix de l’électricité, Récréa (Saint-Contest), exploitant d’équipements sportifs et de loisirs dont de nombreuses piscines publiques très énergivores, doit gérer la crise contrat par contrat et s’attend à une année 2023 très difficile en matière de tarifs. Son président, Gilles Sergent, espère un plafonnement des prix de l’électricité pour amortir le choc.

"Nous redoutons sérieusement la facture énergétique 2023 si rien n'est fait en matière d'aides aux entreprises", s'inquiète Gilles Sergent, président de Récréa — Photo : Sébastien Colle

Quel est l’impact de la hausse des prix de l’énergie pour Récréa (2 300 salariés) ?

Sur une année normale, de type 2019, le montant de la facture énergétique pour Récréa en matière de chaleur et d’électricité est de 25 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires de 120 millions d’euros. Si les prix sont multipliés par cinq ou sept, comme c’est à présent le cas sur les marchés, alors potentiellement le coût représente l’ensemble de notre chiffre d’affaires en valeur ! Mais nous sommes sur des appels d’offres publics pour lesquels chaque contrat est différent, ce qui représente une grande complexité de gestion. Et si nous avons déjà enregistré un impact important en 2022, nous redoutons sérieusement 2023 si rien n’est fait en matière d’aides aux entreprises.

Pouvez-vous bénéficier d’aides ?

Jusqu’à présent, les aides du gouvernement n’ont été que peu efficientes. Le système est alambiqué et nous devons faire des déclarations société par société, ce qui représente 80 dossiers chez nous. Nous avons déjà enregistré de nombreux refus, notamment au niveau administratif. Pour 2022, nous n’avons pu bénéficier que de 5 % d’aides sur notre facture énergétique. Nous allons donc regarder les nouvelles aides avec attention.

Qu’attendez-vous du gouvernement ?

Ce que l’on réclame, c’est ce qui a été mis en place en matière de plafonnement des prix en Espagne et au Portugal. Une solution qui a déjà permis une baisse significative du prix de l’électricité dans ces pays.

Avez-vous préparé Récréa aux éventuelles restrictions énergétiques ?

Dans notre cas, nous n’avons pas fermé d’autorité des piscines (le groupe normand Vert Marine avait décidé de fermer une trentaine de piscines publiques du jour au lendemain début septembre face à la flambée des coûts énergétiques, NDLR). Nous avons proposé des solutions comme la baisse de température de 1 °C, ou encore des solutions de pilotage du traitement de l’air avec des systèmes de gestion automatisés. Nous travaillons également sur la mise en place d'un fonctionnement où tous les bassins d’un même équipement ne seraient pas ouverts en même temps, voire à la fermeture de bassins extérieurs pour l’hiver, en accord avec les collectivités, ainsi que sur des solutions techniques. Si nous arrivons à faire 10 % d’économies d’énergie avec ces mesures, nous serons très satisfaits. Mais ce n’est pas à la hauteur de l’envolée des tarifs de l’énergie.

Cette crise énergétique remet-elle en question votre stratégie de développement ?

La crise nous interpelle sur nos métiers et ce qui fonctionnait avant. Elle nous interpelle également sur les modèles d’ouvertures de piscines. Les projets à venir seront forcément pensés pour être plus économes en énergie, avec des solutions de type solaire, qui deviennent de fait rentables. Les solutions de géothermie et de chauffage au bois seront aussi privilégiées : chez Récréa, déjà un équipement sur deux fonctionne avec une chaufferie bois. C’est en ce sens que notre modèle va évoluer, avec des solutions techniques adaptées, en matière de récupération d’eau, de récupération d’énergie ou de production d’électricité.

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