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Philippe Cerrand (Borelec) : « L’armée m’a beaucoup apporté dans la gestion de mon entreprise »
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Philippe Cerrand (Borelec) : « L’armée m’a beaucoup apporté dans la gestion de mon entreprise »

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Philippe Cerrand, 61 ans, dirigeant de Borelec (17 salariés, 2 M€ de CA), spécialisée notamment dans la maintenance de machines, à Bretteville-sur-Odon (Calvados). Il est l’un des rares chefs d’entreprise officier de réserve de l’armée française en Normandie.

Philippe Cerrand, dirigeant de Borelec, est aussi chef d'escadron dans l'armée de réserve française — Photo : © Isabelle Evrard - Le Journal des Entreprises

Le Journal des Entreprises : Vous avez une double casquette, chef d’entreprise et chef d’escadron dans l’armée de réserve. Comment en êtes-vous arrivé là ?

Philippe Cerrand : Après mon service et ayant fait l’école des officiers de réserve, j’ai fait le choix de rester dans l’armée. J’ai passé le concours national des officiers de réserve du service d’état-major. En 1986, j’ai créé mon entreprise Borelec, spécialisée dans la maintenance des systèmes industriels et de machines électromécaniques, mais aussi dans la fabrication de sous-ensembles motorisés pour l’aéronautique spatiale.

En tant qu’officier de réserve de l’Etat-major, je dois 40 heures d’activité par an. Aujourd’hui, je suis responsable de la cellule logistique de la Délégation militaire du Calvados. En cas d’attentat par exemple, nous pouvons être sollicités pour l’organisation des troupes au sol. Mais le réserviste peut se trouver dans tous types d’activités : ressources humaines, marketing, bureau d’études…

Comment conciliez-vous le travail de dirigeant et celui de militaire réserviste ?

P.H. : L’armée est ma colonne vertébrale au niveau intellectuel et organisationnel. L’état d’esprit et le vocabulaire sont similaires avec celui de l’entreprise : on parle de « mort économique », de « combat », « d’aller arracher une commande » ou de « guerre » entre des concurrents.

« Esprit d’équipe, fidélité, gestion du stress, dépassement de soi… toutes ces qualités sont communes à l’armée et au monde économique. »

Pour ma part, j’effectue entre dix jours à quinze jours au service de l’armée par an : il suffit de s’organiser. J’estime que trois semaines de congés me suffisent largement, le reste du temps, je peux le consacrer à la Défense. Le plus dur, c’est entre 30 et 45 ans, car c’est le moment où professionnellement, on est le plus actif, et il faut donc savoir s’organiser. De même, si un salarié veut devenir réserviste – j’en ai eu moi-même deux au sein de la société, il doit avoir l’accord de son dirigeant.

Vous dirigez le groupe de travail Défense-Entreprises. Quels sont les avantages pour un dirigeant ou pour un salarié à devenir réserviste ?

Photo : © Isabelle Evrard - Le Journal des Entreprises

P.H. : La place du réserviste militaire ressemble étrangement au quotidien du monde de l’entreprise. On y parle d’esprit d’équipe, de fidélité à l’entreprise, de motivation, de fiabilité, intégrité, gestion du stress, motivation, dépassement de soi… Toutes ces qualités sont communes à l’armée et au monde économique. Pour ma part, les formations suivies dans l’armée m’ont aidé dans la création et la gestion de mon entreprise, surtout dans le processus de prise de décision. Une enquête a prouvé, en 2016, que la France comptait 38 000 réservistes en entreprises et que les gains de performance de ces entreprises s’élevaient en moyenne à 93 M€.

Par ailleurs, une entreprise qui signe une convention avec l’armée, bénéficie d’avantages fiscaux, notamment une réduction de l’impôt sur les sociétés. La convention a plusieurs objectifs : faciliter la disponibilité et la réactivité des salariés titulaires d’un engagement à servir dans la réserve ; maintenir, tout ou en partie, les conditions de rémunération des salariés-réservistes pendant leurs activités militaires et resserrer les liens entre l’entreprise et les forces armées. Se former avec l’armée apporte vraiment un épanouissement personnel mais aussi professionnel, en tout point bénéfique à l’entreprise.

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