Michael Dodds (Normandie Attractivité) : "Le marché britannique reste primordial pour la Normandie"
Interview # Tourisme # International

Michael Dodds directeur général de Normandie Attractivité "Le marché britannique reste primordial pour la Normandie"

S'abonner

Avec un Brexit acté, Michael Dodds, directeur général de Normandie Attractivité et directeur du Comité régional du tourisme de Normandie, se montre confiant dans les capacités de rebond touristique de la Normandie auprès des Britanniques.

Michael Dodds annonce des campagnes promotionnelles communes entre la Normandie et la Bretagne pour attirer les touristes britanniques — Photo : JDE

Après de longues et difficiles négociations le Brexit est enfin acté. Comment percevez-vous cet aboutissement ?

Michael Dodds : Le fait d’avoir abouti à un deal in extremis est un soulagement. Maintenant, il faut s’adapter. En Normandie, la Région a anticipé dans de nombreux domaines, avec notamment le maintien de la fluidité des échanges. La situation liée au Covid réduit les flux, ce qui est parfait pour une période d’adaptation, une période de rodage. À terme, des zones transmanche de l’ouest pourraient gagner en attractivité et nos ports bénéficier de cette nouvelle situation.

Quelles seront les conséquences pour l’activité touristique ?

Michael Dodds : Je reste confiant dans la pérennité du Royaume-Uni comme marché d’importance pour la Normandie. Le Brexit ne peut pas défaire l’histoire et la géographie, nous sommes des partenaires et des voisins. En revanche, s’il n’y avait pas eu d’accord, ou si la question de la pêche n’avait pas été réglée, cela aurait pu créer une ambiance « anglo-franco bashing », dont l’influence aurait été néfaste sur le tourisme. Mais, ce qui est à suivre avec attention, c’est la valeur de la Livre sterling, car s’il y a une dévaluation la destination Normandie deviendra plus chère.

Y aura-t-il des différences avec la situation d’avant Brexit ?

Michael Dodds : Il semble que le bon sens ait régné dans cet accord. Il faut éviter les complications de gestion de trafic et de fret. Sinon, il n’y a pas de grosses différences avec l'avant Brexit. Il n’y a, par exemple, pas besoin de visa en dessous de 90 jours, le permis de conduire international ne sera pas nécessaire pour voyager en France et il ne faudra pas souscrire une assurance particulière. Alors, si le bon sens règne et que le Covid le permet, les Britanniques auront hâte de revenir sur le continent, car ils en ont assez de devoir rester chez eux, et la Normandie va continuer de les intéresser.

Qu’allez-vous mettre en place pour faire revenir les touristes britanniques ?

Michael Dodds : Avec Atout France (Agence de développement touristique de la France, NDLR), nous sommes en train de concevoir des campagnes de communication ambitieuses et communes à la Normandie, la Bretagne et aussi les Pays de la Loire. Une collaboration qui s’inscrit dans la durée entre nos régions et nous allons continuer cet effort en maintenant nos campagnes promotionnelles envers le Royaume-Uni. Et puis, en juin 2021, ouvrira le Mémorial britannique de Ver-sur-Mer, un hommage aux soldats de 1944 tombés sous commandement britannique au cours de la Bataille de Normandie. Cet événement va créer un appel d’air car ce sera un lieu de recueillement fort et qui redonnera de la force à l’idée d’effectuer un séjour en Normandie.

Peut-on faire des campagnes promotionnelles similaires entre ces régions ?

Michael Dodds : En matière d’identité, il y a bien sûr des différences. La Bretagne peut jouer sur l’aspect nature et une dose de culture celte, quand la Normandie va mettre en valeur ses grands sites historiques qui font sa réputation à l’international, comme les plages du Débarquement ou la Tapisserie de Bayeux. On va jouer subtilement sur des registres différents, avec un poids de l’histoire plus fort en Normandie. En revanche, les deux régions sont très orientées sur le tourisme responsable, le "slow tourisme", avec des circuits itinérants, la découverte de choses insolites, ou encore les balades à vélo. Ce sont des aspects du tourisme que l’on peut arriver à transmettre dans des campagnes communes. On peut aussi y ajouter la qualité de l’accueil dans ces deux régions, qui reste un facteur attractif pour les Britanniques. Le défi en Normandie est aussi de renouveler notre offre et notre image auprès du public britannique jeune en offrant une image plus active de la région, comme nous l’avions fait en Bretagne (Michael Dodds a été près de dix ans le directeur de l’Office Régional du Tourisme de Bretagne avant de prendre les commandes de celui de Normandie en 2017, NDLR).

Le marché britannique va-t-il rester important pour la Normandie ?

Michael Dodds : Si on arrive à maîtriser le virus, nous avons de la matière ! Le marché du Royaume-Uni reste en tout cas primordial pour la Normandie et nous sommes confiants qu’il reste une source de clientèle importante dans l'avenir. Ce qui est rassurant c’est d’avoir constaté la présence des marchés européens de proximité cet été avec déjà les Britanniques mais aussi les Belges et les Allemands. On voit que la demande est là. Maîtriser l’épidémie est vital pour la population, l’économie et le tourisme. Et il faut convaincre les Normands d’être acteurs de la relance, ambassadeurs du territoire. Créer les conditions pour que les gens puissent faire partie d’un projet collectif de rebond, et ne pas tomber dans l’alarmisme.

# Tourisme # International # Conjoncture