Redonner vie à des véhicules jugés obsolètes, c’est le défi que souhaite relever Lormauto, une start-up implantée à Lisieux (Calvados). Une approche rendue possible par la loi LOM et l’arrêté du 20 avril 2020 permettant de convertir une voiture essence ou diesel en une voiture électrique. Mais alors que le marché du "retrofit" (transformation d’une voiture thermique en électrique, NDLR) concerne essentiellement tout type de véhicules, Lormauto va plus loin.
"Nous considérons qu’il faut cesser de jeter des voitures", explique Sébastien Rolo, président de la jeune entreprise. "Nous avons donc choisi de remettre en état l’intégralité des véhicules transformés. Cela signifie qu’on les démonte complètement, intérieur et extérieur, qu’on les nettoie de fond en comble et que l’on remplace tout ce qui doit l’être afin que le véhicule devienne durable. Finalement, on les requalifie au sens aéronautique du terme, pour qu’ils puissent encore parcourir des centaines de milliers de kilomètres".
Une phase d’homologation de plusieurs mois
Autre volonté de l’entreprise, la mise en place d’un processus industriel qui permette, à terme, de transformer des centaines de milliers de véhicules par an. Un premier véhicule a donc été confié pour transformation à un bureau d’études normand pour valider le concept général. Le résultat étant concluant, un second prototype a été réalisé afin d’entamer une phase d’homologation qui devrait s’achever à la fin du premier semestre 2022. Une homologation dont le coût s’élève à 200 000 ou 300 000 euros et qui porte donc, pour l’heure, sur un unique modèle : la Twingo 1 dans un premier temps. Dans l’attente du précieux sésame, Lormauto va rechercher un site industriel dans la région de Lisieux où elle pourra, dans un premier temps, transformer 10 à 15 véhicules afin de valider les process industriels de transformation et de qualité.
Un modèle économique fondé sur la location
Ces voitures vivront leur nouvelle vie sous forme d’un "service" de location auprès de particuliers, de professionnels ou de collectivités désireux de disposer d’une voiture permettant une utilisation urbaine, périurbaine ou rurbaine ne dépassant pas une centaine de kilomètres par jour en hiver et 150 kilomètres en été.
"Nous pensons proposer nos voitures en location à 300 euros par mois, sans premier loyer majoré, assurance, kilométrage illimité et entretien compris", poursuit Sébastien Rolo. "Outre l’accessibilité financière, cela nous permettra aussi de mettre en place un processus de modernisation continue en fonction des évolutions technologiques garantissant la durabilité de l’opération".
Pour financer ces travaux, la société, créée en juillet 2020, va investir environ un million d’euros jusqu’à l’homologation. De nouveaux investissements, non encore chiffrés, seront nécessaires durant les phases d’industrialisation et de promotion. Des investissements réalisés au travers de fonds propres, mais aussi grâce à l’aide de Bpifrance et d’un prêt à taux zéro de la Région Normandie. Lormauto espère pouvoir produire 200 à 500 véhicules au cours du second semestre 2022. La société devrait embaucher une dizaine de collaborateurs d’ici la fin d’année, mais elle envisage de monter rapidement en puissance et atteindre un effectif d’une centaine de collaborateurs à horizon de cinq ans.
