Principale conséquence du réchauffement climatique, l’élévation du niveau de la mer pourrait atteindre un mètre d’ici 2100 selon les dernières estimations du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Pour anticiper les besoins en matière de protection du littoral et adapter les infrastructures côtières, l’ESITC de Caen vient de se doter d’un canal à houle de taille intermédiaire, un dispositif unique en France. « Il existe une dizaine de canaux à houle de petite profondeur en France, dont un à l’université de Caen et des canaux à houle grande échelle en Allemagne, Angleterre et Pays-Bas, mais c’est le seul de taille intermédiaire », confirme Guillaume Carpentier, responsable du laboratoire d’hydraulique et l'ingenierie internationale ESITC Caen.
Le dispositif, d’une longueur de 40 mètres, d’un mètre de large et d’1,5 mètre de profondeur, abrite un générateur de houle – un batteur - capable de modéliser des états de mer réels jusqu’à des hauteurs de vagues de 15 mètres. « Grâce à divers capteurs, nous pouvons ensuite calculer l’effort que les vagues vont exercer sur les bâtiments et les infrastructures côtières ».
Convention de partenariat
L’installation conçue par une société écossaise Edinburgh Designs, est d’ores et déjà opérationnelle. Le budget global, équipements et bâtiment, s’élève à 300 000 euros cofinancés par l’Etat, la Région Normandie et l’ESITC Caen.
Le projet fait l’objet d’une convention de partenariat qui permettra au Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement) Eau, Mer et Fleuves (Etablissement public dépendant du Ministère de l’Ecologie), d’exploiter conjointement avec l’école, le canal à houle trois mois dans l’année, et ce, pendant quinze ans. « Nous allons par exemple, étudier les efforts qu’exercent les vagues sur les bâtiments et travailler sur les résistances des digues de protection », confirme Philippe Sergent, directeur scientifique de Cerema.
Le canal à houle pourra également être utilisé par des entreprises spécialisées dans la construction maritime, les collectivités locales, les ports et les élèves ingénieurs de l’école. Les demandes émanant des entreprises feront l’objet de prestations payantes : « Un devis sera élaboré en fonction des besoins de l’entreprise, car chaque essai nécessite une vraie mise en situation personnalisée avec intervention de nos ingénieurs : mise à l’échelle, installation de capteurs, programmation du générateur de houle », confirme Guillaume Carpentier.
