Performance énergétique, nouveaux équipements, digitalisation des outils de travail, données machines en temps réel, évolution des compétences… Le projet de transformation entamé en 2018 par le site Aptar Pharma du Vaudreuil (1 200 salariés, 300 M€ de chiffre d'affaires), dans l'Eure, vient de lui permettre d’obtenir la labellisation "Vitrine industrie du futur".
C’est le dixième site normand à obtenir cette distinction (ils sont 114 en France), synonyme de réussite de la transformation de l’Industrie, attribué par l'association Alliance Industrie du Futur aux entreprises ayant développé concrètement un projet novateur pour l’organisation de leur production, via le numérique le plus souvent, et en plaçant l’humain au cœur de la transformation engagée.
Marchés arrivés à maturité
Aptar Pharma (3 500 salariés) est l’une des trois branches d’activités de l'américain Aptargroup (13 000 employés, 3,2 Md$ de CA), devenu un fabricant d’envergure international des systèmes de distribution dans le domaine de l’emballage des produits de consommation avec des dispositifs d’administration de médicaments et services, des systèmes de pulvérisation et de distribution en parfumerie et soins du corps, ainsi que des systèmes de fermeture pour produits alimentaires et boissons.
Installé depuis trente ans au Vaudreuil, Aptar Pharma a vu ses marchés arriver à maturité (asthme, rhinite allergique…), mais aussi la concurrence s’accroître et une pression sur les prix sur les activités historiques de l’entreprise. À cela, se sont ajoutés la hausse de l’exigence client en matière de coût, de qualité et de délais, ainsi qu’une "absence de projets business significatifs". Autant d’indicateurs d’alerte pour la direction de l’entreprise, qui a ressenti un besoin de changement et d’évolution, explique Eric Goes, directeur du site du Vaudreuil : "Face à ces constats, nous nous sommes inquiétés d’un faible potentiel de croissance à moyen terme. Il y avait le risque d’une érosion de nos ventes, de notre rentabilité et de l’engagement de nos salariés."
Dix millions d’euros investis
Pour assurer la transformation du site, l’entreprise a investi plus de 10 millions d’euros, essentiellement dans les domaines de l’automatisation, du packaging et des outils numériques. Mise en place de tableaux de bord permettant de récupérer des données machines en temps réel, développement d’une plateforme digitale de suivi de projets, évolution de l’outil industriel avec l’achat de robots six axes, mise en place d’un contrôle visuel par intelligence artificielle, automatisation de la partie packaging… Autant de nouveaux outils qui ont permis au site du Vaudreuil d’améliorer sa performance industrielle et de maintenir sa rentabilité, avec une hausse du chiffre d’affaires de +82 millions d’euros entre 2018 et 2020, +8 points de marge brute, ou encore 97 % de commandes livrées à temps, 30 % d’économies d’énergie et 60 nouvelles embauches.
Amélioration des conditions de travail
La transformation du site s’est aussi focalisée sur les conditions de travail des salariés, en travaillant sur l’évolution des compétences via des reconversions ou montées en compétences, ou encore la réduction de la pénibilité, avec à l’arrivée une baisse de 50 % des accidents de travail et la volonté de renforcer l’engagement des salariés, souligne Eric Goes : "La transformation du site a été plus facile à faire accepter aux salariés que ce que l’on imaginait avec l’arrivée de robots et de l’intelligence artificielle. Au bout du compte, ces changements simplifient la vie des salariés et améliorent les conditions de travail. Pour réussir une telle transformation, il faut de l’agilité et de la prise de risques, car certaines choses marchent et d’autres moins bien. Et surtout, cette démarche doit se faire avec les salariés, il faut les associer pour arriver au succès, qu’ils comprennent le sens et l’enjeu de tout cela. L’accompagnement au changement est un enjeu important pour réussir cette transformation".
La direction d’Aptar Pharma Le Vaudreuil ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, puisqu’elle travaille à un programme pour réduire son empreinte carbone de 90 % d’ici 2030 et souhaite intégrer le club des Vitrines industrie du futur premium (entreprises choisies pour incarner le fer de lance de l'industrie française), au sein duquel seules 23 entreprises sont pour l’instant labellisées.
