Le P-dg de la chocolaterie Monbana joue au "Patron Incognito" sur M6
Témoignage

Le P-dg de la chocolaterie Monbana joue au "Patron Incognito" sur M6

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Yves Guattari, le P-dg de l’entreprise de fabrication de chocolats Monbana, a joué le "Patron Incognito" pour l’émission de M6 diffusée ce mardi 14 mars. Il voulait connaître les éventuelles difficultés de ses salariés. Il a travaillé à la chaîne à Colmar et Fougères, et à la caisse d’un franchisé à Brétigny-sur-Orge. Témoignage.

— Photo : Le Journal des Entreprises

« J’avais pris conscience que le développement de Monbana devait passer pour beaucoup par de la notoriété, raconte Yves Guattari, petit-fils du fondateur de l’entreprise de fabrication de chocolat basée à Ernée. Alors quand M6 est venue me voir pour me proposer de participer à l’émission Patron Incognito, je me suis dit que cela pouvait nous permettre de faire de la com’! Mais c’est très risqué, car très impliquant, ce qui m’a d’abord fait peur. J’ai rencontré l’équipe de production lors du salon de la franchise l’année dernière, et ils sont revenus me voir cette année, intéressés par le côté industriel, et la saga familiale puisque Monbana a plus de 80 ans. »

Découvrir les défauts

« En amont du tournage, j’ai rencontré Nicolas de Tavernost, le président du directoire de la chaîne de télévision. La production voulait savoir qui j’étais ! De mon côté, les objectifs étaient multiples. Je voulais savoir si les salariés s’approprient bien les valeurs de l’entreprise, comme la créativité, la culture du client, le respect, la joie de vivre. À priori pas facile quand on est à la chaîne. Ensuite, je voulais trouver les défauts et les facteurs d’amélioration pour nos trois unités de productions (Ernée, Saint-Sauveur-des-Landes et Sainte-Croix-en-Plaine) et nos 29 magasins franchisés.

Pour découvrir tout cela, on m’a transformé en un employé d’une chocolaterie belge, qui participait à un échange sur le savoir-faire franco-belge. Les caméras étaient justifiées par la réalisation d’un reportage sur ce sujet d’échange ! On m’a donc transformé physiquement : j’ai laissé pousser ma barbe pour la première fois, on m’a teint en blond, mis un faux ventre, un piercing, des lunettes… Et je me faisais appeler Jean-Philippe Wilkens... »

Salariés très impliqués

« La sensation est étrange, presque schizophrène ! Alors qu’en tant que chef d’entreprise on réfléchit sans arrêt à des perspectives de deux ans minimum, là on est dans l’instant, il faut réfléchir à ce que l’on dit au moment, sans se compromettre. D’autant plus que je sais des choses que je ne suis pas censé savoir en tant que "salarié extérieur"… Pendant trois semaines de tournage sur l’entreprise (dont je n’avais pas le droit de dire le nom…), la production m’a suivi, jusque tard le soir, pour recueillir mes impressions. Ils en tirent un reportage d’1h30. On m’y voit donc travailler à la chaîne. Sur le site d’Ernée, je suis trop connu, donc on a tourné d’abord à Sainte-Croix-en-Plaine, une usine que nous avons reprise il y a trois ans. J’ai été étonné de la spontanéité des salariés à me parler, et surtout très impressionné par la dextérité des opératrices (33 salariés). Elles m’ont dit adorer leur travail, être fières de fabriquer des produits de qualité. Cela m’a beaucoup touché, d’autant plus que nous essayons de remettre d’aplomb cette unité. J’allais y chercher des anomalies et j’en ai détecté plein. Mais les salariés sont très courageux, ils font avec… Nous allons par exemple mettre en place une ligne pour guider le sens de positionnement des moulages, pour leur faciliter la tâche.

À Saint-Sauveur-des-Landes, j’ai observé que l’un des containers d’approvisionnement de la ligne fuit, alors qu’il est neuf. Mais le responsable fait avec. Je lui ai dit de se plaindre ! En fait, cela est dû à un manque de containers dans cette nouvelle usine. »

Objectifs : export et franchises

Nos partenaires bancaires n’ont pas joué le jeu comme prévu, arrêtant de nous financer aux deux-tiers. Ils attendent que je gagne de l’argent pour m’en prêter d’autre, mais nous avons besoin maintenant de productivité! D’ici à 2020, nous allons notamment nous appuyer sur le développement de la production de poudres pour accélérer à l’export (Asie et États-Unis), et passer de 18% à 25% du chiffre d'affaires à l’international. Objectif: augmenter notre chiffre d’affaires de 40%, soit 60 millions d'euros. Nous mettons aussi des forces en marketing et commercial, en nous structurant davantage. Et le développement de Monbana va aussi passer par la notoriété et l’ouverture de magasins franchisés. Le dernier jour de tournage était d’ailleurs effectué dans le magasin de Brétigny-sur-Orge (Essonne) ce qui m’a permis de voir l’implication dans la promotion de la marque.

J’ai pris une bonne leçon personnelle aussi, de lâcher prise et suis reconnaissant envers mes salariés. Dans l’entreprise, nous allons remédier aux améliorations à apporter. Et nous allons mettre à profit cette expérience pour, par exemple, faire des «Vis ma vie» entre les différents services.»