Quel est le rapport entre la mercerie et le métavers, cet écosystème virtuel immersif venu du monde des jeux vidéo ? A priori aucun, sauf pour Bohin France, dernier fabricant français d’aiguilles à coudre, basé à Saint-Sulpice-sur-Risle, dans l’Orne, qui souhaite être une des premières entreprises normandes à intégrer l’univers virtuel du métavers.
La PME de 40 salariés (4,2 M€ de chiffre d’affaires) a démarré son odyssée immersive en achetant des parcelles de terrains virtuelles (investissement non communiqué) chez The Sandbox, entreprise phare de l’univers du métavers qui propose plusieurs outils pour créer des objets et expériences virtuelles en 3D sans avoir besoin de savoir coder. "Dans cet univers, on pourra se balader directement chez Bohin, passer d’une salle à une autre et découvrir toutes les expositions réalisées dans l’entreprise, ou même créer des expositions et avoir un vrai show-room de tous nos savoir-faire et de tous nos produits", détaille Fabien Régnier, directeur commercial en charge du projet, passionné par le sujet du métavers.
Internet du futur
Véritable phénomène, le métavers est présenté comme le futur de l'Internet. Concept issu des jeux vidéo, il s’est diversifié pour concevoir de véritables écosystèmes avec leur propre économie basée sur les cryptomonnaies. Des mondes ouverts indépendants, immersifs, en trois dimensions, dans lesquels on peut se mouvoir, interagir, acheter ou vendre des produits virtuels. "C’est le futur. À plus ou moins long terme, le métavers deviendra la règle et il nous paraissait important de commencer à mettre un pied dedans et de suivre son évolution au plus près", explique Fabien Régnier. "Quand le métavers commencera à devenir la norme, les places seront chères et les premiers arrivés seront les premiers servis", assure-t-il.
Devancer la concurrence
Spécialisée dans la fabrication d’aiguilles à coudre depuis 190 ans, Bohin a été reprise en 2018 par Audrey et Fabien Régnier. Dès leur arrivée, les jeunes dirigeants avaient voulu aller plus loin que la simple fabrication des aiguilles à coudre : ils se sont lancés dans le tourisme industriel, le développement de la stratégie digitale et la labellisation Entreprise du Patrimoine Vivant. Nouveau challenge pour 2022 donc : le métavers. "Comment une aiguille à coudre qui n’a pas changé de forme depuis 20 000 ans peut-elle s’adapter à ces nouveaux enjeux d’Internet ? C’est le défi que nous nous sommes lancé", confirme Audrey Régnier, directrice générale de l’entreprise.
En tablant aujourd’hui sur ces nouveaux modes de consommation, les dirigeants de Bohin espèrent toucher les jeunes générations. Même si, selon Fabien Régnier, "les retombées ne seront pas immédiates pour l’entreprise", l’univers immersif et virtuel du métavers permettra à Bohin France d’avoir "une longueur d’avance sur la concurrence."
