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Le "couturier du bois" Acibois se reconstruit
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Le "couturier du bois" Acibois se reconstruit

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Après un passage difficile, l’entreprise Acibois, installée à Mouen (Calvados), fleuron de la menuiserie industrielle depuis 1930, revit et se prépare à se développer sur le territoire normand.

Le PDG Harold Stettler (2e en partant de la gauche) avec son équipe : « Nous avons poussé un ouf de soulagement quand on nous a annoncé que l’on sortait de la période d’observation et que l’on retrouvait notre autonomie ».
— Photo : © Isabelle Evrard - Le Journal des Entreprises

Basée à Mouen, près de Caen la menuiserie industrielle Acibois, surnommée « le couturier du bois sur mesure » depuis qu'elle a réalisé la datcha de Pierre Berger et d’Yves Saint-Laurent à Deauville, vient de vivre deux années particulièrement stressantes. Placée en redressement judiciaire en 2016, suite à une baisse brutale de son chiffre d’affaires de presque 2 millions d’euros en un an, l’entreprise, qui tourne aujourd’hui à 4,2 M€ de CA, attendait avec angoisse le résultat de l’audience du tribunal du 19 décembre dernier. « Nous avons poussé un ouf de soulagement quand on nous a annoncé que l’on sortait de la période d’observation et que l’on retrouvait notre autonomie », reconnaît le PDG Harold Stettler qui a pris la succession de son père en 2008. L’entreprise prend donc un nouveau départ et, pour le dirigeant, il s'agit d'investir dans des machines plus modernes, de multiplier les relations sur les salons professionnels pour toucher directement le consommateur et de se développer en Normandie plutôt qu'à Paris.

Perte brutale de chiffre d'affaires

Née à Caen en 1930 sous le marteau d’un jeune couvreur de 22 ans, Roland Lemasle, l’entreprise participe activement à la reconstruction des villes détruites pendant la guerre. « Dès la fin de la guerre, Roland Lemasle a eu l’idée de fabriquer et de livrer pour Paris. On est resté sur cette idée-là exclusivement jusqu’en 2010, avec près de 75% de notre chiffre d’affaires réalisé sur Paris », raconte l’actuel PDG Harold Stettler.

Au plus haut de l’activité de l’entreprise, dans les années 60-70, l’effectif tournait jusqu’à 110 personnes. Il fallait pousser les murs et le quartier ne s’y prêtait pas. En 2006, le dirigeant décide donc de déménager à Mouen et investit 3,6 M€ (dont 2,7 M€ en crédit-bail) dans un terrain de 23 500 m2 : « Les plans de l’usine ont été réalisés par les salariés eux-mêmes. On a construit l’usine en cinq mois ! »

Mais la crise du bâtiment survient en 2008 et l’entreprise commence à perdre des clients sur Paris: « On tournait à plus de 5,8 millions de chiffre d’affaires en 2011, et en un an, nous sommes passés à 4,2 millions », commente le dirigeant. Une chute qu’il explique en partie, par la baisse des dotations de l’Etat aux collectivités qui se contentent de produits « standards » et délaissent le « sur-mesure ». La banque refuse de renégocier le crédit-bail et l'entreprise finit par être placée en redressement judiciaire.

De fabricant à poseur

Acibois ne s’avoue pas vaincue pour autant, et pour accroître son développement et sortir de l’ornière, elle décide d’élargir son activité à la pose, en plus de la fabrication : « Notre spécialité à l'origine, c’est le mouton à cinq pattes de la menuiserie, comme les portes cochères sur mesure. Puis, nous nous sommes recentrés sur les fermetures, portes fenêtres et portails. Nous avons arrêté les parquets et les escaliers pour ajouter la pose à notre activité ». Avec un objectif supplémentaire, recentrer son activité sur le territoire normand. Une stratégie payante puisque le redressement judiciaire n’est plus aujourd’hui qu’un mauvais souvenir pour l’entreprise et ses 45 salariés.

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