La région à l'heure de l'énergie solaire
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La région à l'heure de l'énergie solaire

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Chaque département normand comptera bientôt sa centrale solaire. Après Benoistville (Manche), Veules-les-Roses (Seine-Maritime), et trois projets en cours de finalisation dans le Calvados, l’Eure et la Manche, c’est un autre parc photovoltaïque qui se profile à l’horizon : dans la petite commune de Le Dézert à quelques kilomètres d’Avranches. Mais les dossiers restent longs à voir le jour et relèvent souvent du parcours du combattant.

— Photo : Pixabay

Un parc solaire dans le désert normand ? Pas du tout à fait, mais presque. En effet, le conseil municipal de la petite ville de Le Dézert dans la Manche, suivi par le Conseil communautaire de Saint-Lô Agglo, ont donné leur feu vert pour l’implantation d’une centrale solaire sur le parc d’activités du Fleurion.

Le projet a été développé en partenariat par trois sociétés : Locogen, société écossaise de développement, construction et exploitation de projets photovoltaïques, éoliens, hydro-électrique et de méthanisation qui a créé une filiale française en 2016 ; West Energies, Société d’Economie Mixte installée à Saint-Lô ; Set Up Environnement, bureau de conseils, d’études et de maîtrise d’oeuvre dans les domaines de l’aménagement du territoire et des énergies renouvelables basé à Caen.

930 foyers alimentés en électricité

A l’origine dédié aux énergies, le parc d’activités du Fleurion abrite six hectares commercialisés à 77 % : « Il reste deux parcelles commercialisables représentant 7529 m2 mais une partie de ces terrains est difficilement vendable en raison d’une servitude de gaz à haute pression empêchant l’installation de bureaux accueillant du public », explique Cédric Gerbier, président de Logogen. Faute de bureaux, ce sera donc une centrale solaire qui élira domicile sur une parcelle d’environ 10,5 hectares. Avec une puissance de 4 360 MWh par an, la centrale pourra alimenter 930 foyers en électricité.

Le projet nécessitera un investissement d’environ 3 M€ financés à 80 % par emprunt bancaire. Une fois toutes les étapes de développement du projet finalisées, la centrale pourrait être opérationnelle d’ici 2020 pour une durée d’exploitation de trente ans.

Trois projets « CRE » en Normandie

Trois projets de centrales photovoltaïques au sol en Normandie ont récemment remporté l'appel d'offres national de la CRE — Photo : Pixabay

Au 31 mars 2017, la Normandie totalisait 13 465 installations raccordées pour une puissance totale de 125 mégawatts-crête (MWc): 38 MWc en Seine-Maritime, 34 MWc dans la Manche, 21 MWc dans l’Eure, 17 MWc dans l’Orne, 14 MWc dans le Calvados.

Du soleil en Normandie ? « Certes, les gisements solaires sont plus importants dans le sud de la France, mais cela ne veut pas dire que les régions du nord de la Loire ne peuvent pas accueillir de parcs solaires », tient à souligner Alexis de Beaurepaire, Directeur général de West Energies. « Mais il reste qu’aujourd’hui un projet solaire en Normandie est deux fois moins rentable qu’en Occitanie où il y a 30 à 40 % de plus de gisement solaire. Sur un business plan, cela a un impact non négligeable. »

Signe encourageant, trois projets de centrales photovoltaïques au sol ont récemment remporté l’appel d’offres national de la Commission de Régulation de l’Energie (CRE): la ferme solaire du Plateau à Colombelles) (10 MWc) et la ferme solaire de Surdon au Château d’Almenêches (6 MWc) dont la mise en service est prévue au cours du mois de février 2018 et la ferme solaire des Terres Neuves à Saint-Etienne-sous-Bailleul (15 MWc) qui devrait être opérationnelle à la fin du premier semestre 2019.

Alternative écologique

« C’est très compliqué de faire des parcs solaires en Normandie », reconnaît Eric Pain, animateur du Cluster solaire normand et directeur commercial de Team Sun à Evreux, « la même centrale dans le sud produira 30 % de plus qu’en Normandie, mais le prix du mégawatts-crête sera le même. Si l’on veut encourager le développement du photovoltaïque sur tout le territoire national, il devient urgent d’opter pour la régionalisation des tarifs. »

Frein non négligeable à la concrétisation des projets, la lenteur des procédures administratives : « Les délais de constitution des dossiers sont plus longs en France que chez nos voisins. En particulier, en raison des études environnementales très poussées », admet Gérard Allot, PDG de Team Sun. Mais les centrales photovoltaïques ont un atout non négligeable : leur étiquette verte. Aucune pollution à déplorer au terme de leur exploitation.

Le solaire certes, mais pas seulement. Le mix énergétique s’avère indispensable selon Alexis de Beaurepaire : « Nos centrales nucléaires fournissent 75 à 80 % % de l’énergie, mais leur durée de vie n’est pas éternelle. Toutes les énergies renouvelables apparaissent aujourd’hui comme une nécessité et une alternative écologique aux énergies fossiles. Autant d’arguments qui jouent faveur des parcs solaires, de l’éolien et de la méthanisation ! »

Un Cluster solaire made in Normandie

La société Team Sun, dirigée par Gérard Allot (photo), est membre du Cluster solaire normand — Photo : Team Sun

Créé en septembre 2016 par Energies Normandie, le Cluster solaire rassemble près de cinquante acteurs représentant l’ensemble de la chaîne de valeur du solaire : des industriels (SNA Solar, France Watts, Team Sun…), des développeurs (Valorem, Terre Solaire…), des conseils et assistants à maîtrise d’ouvrage (Enolya, Actions et Territoires…), des installateurs et exploitants (Clarlight…), la Région Normandie, l’Agence locale de l’énergie 27, l’ADEME, DREAL, DIRECCTE, le Groupement des Métiers du photovoltaïque de la FFB… Le Cluster se décompose en trois collèges : Entreprises ; Formation – Recherche ; Institutionnels et autres partenaires.

« L’objectif de notre réseau est de mettre autour de la table tous les acteurs qui manifestent un intérêt par rapport au solaire », explique Eric Pain, animateur du Cluster. « Certes, un parc solaire est plus performant en région PACA que chez nous, mais compte tenu de la baisse des coûts, le photovoltaïque devient compétitif en Normandie comme ailleurs. » Point fort à mettre en avant : l’autoconsommation. En clair, produire et consommer au même endroit. Un procédé encouragé par la loi relative à l’autoconsommation du 30 avril 2017 et l’arrêté du 10 mai dernier qui fixe les tarifs d’achat de l’électricité photovoltaïque et instaure une prime à l’investissement pour les installations en autoconsommation. « C’est un vrai coup de boost pour le solaire », se félicite Eric Pain, « à nous maintenant de travailler sur une pédagogie pour amener tous les acteurs concernés à se diriger vers le solaire, en complément des autres énergies renouvelables. »

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