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La menuiserie industrielle Acibois sauvée in extremis par le conseil régional de Normandie
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La menuiserie industrielle Acibois sauvée in extremis par le conseil régional de Normandie

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Placée en liquidation judiciaire, l’entreprise de menuiserie industrielle Acibois, basée à Mouen, près de Caen, est passée tout près de la fin de parcours. Elle a été sauvée in extremis par la Région Normandie.

Le dirigeant d'Acibois, Harold Stettler (à gauche), entouré d’une partie de son équipe, à nouveau à pied d'oeuvre dans l'entreprise — Photo : © Isabelle Evrard - Le Journal des Entreprises

Prête à fermer ses portes définitivement, pour cause de liquidation judiciaire, Acibois a reçu le soutien in extremis de la Région Normandie et a pu redémarrer son activité dans la journée ! C’est l’incroyable aventure qu’ont vécu les quarante salariés de la menuiserie industrielle normande âgée de 90 ans et basée à Mouen, dans le Calvados. « Nous avions fait le pot de départ, averti nos clients et fournisseurs que l’entreprise fermait et les lettres de licenciement étaient parties. Le lendemain, alors que je me préparais à l’audience de liquidation dans la salle des pas perdus du tribunal de Caen, la Région m’a appelé pour me dire qu’ils avaient trouvé une solution », raconte le PDG Harold Stettler, stupéfait d’un tel revirement de situation.

La fin de non-recevoir de Bpifrance

Le dirigeant peut à présent revenir sur les mésaventures de son entreprise, qui démarre avec l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire en 2016 : « Après une période d’observation de 27 mois, nous pensions être sortis de l’ornière et avions réussi à remonter notre chiffre d’affaires à 4,1 millions d’euros en juin 2019. » Mais l’entreprise enchaîne les écueils pendant l’été : sept salariés quittent la chaîne de fabrication pour des raisons diverses (arrêt maladie, accident, déménagement…). La direction d’Acibois n’arrive pas à trouver des menuisiers pour les remplacer. « En plus de ce manque de collaborateurs, certaines de nos machines étaient obsolètes et nous devions investir 500 000 euros dans de nouveaux outils pour pouvoir travailler sur nos commandes. Mais les banques ont refusé de nous aider », ajoute le PDG qui se met alors en quête d’un investisseur dès le mois de septembre. Aucun ne se manifeste et le dirigeant compte alors de nouveau placer l’entreprise en redressement judiciaire pour « éviter de mettre en péril l’avenir de la boîte ». Sauf que l’entreprise est mise directement en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Caen, avec une période de continuation de trois mois. « N’ayant donc plus de passif à rembourser, j’étais confiant dans la reprise de l’entreprise », se souvient-il.

Suite à la mise en liquidation, deux offres de reprise sont déposées le 13 décembre : le groupe Millet, basé dans les Deux-Sèvres et spécialisé dans la menuiserie industrielle, ainsi qu’un investisseur local. Mais le dossier présente un écueil : « Les deux offres imposaient comme condition d’être propriétaire du bâtiment. Or, le terrain appartenait à Bpifrance qui ne voulait pas le céder à moins de 1,9 million d’euros. » Les négociations battent leur plein, Bpifrance accepte de baisser son prix à 1,6 million d’euros, puis à 1,5 million d'euros. « Une heure avant de passer au tribunal le 5 février suivant, le groupe Millet propose de racheter le bâtiment 1,25 million. Bpifrance refuse ! », se désole Harold Stettler.

Un sauvetage in extremis

Le tribunal n’a d’autre solution que de statuer sur la fermeture de l’entreprise. « On s’est résigné, on croyait que c’était fini pour nous. » Le lendemain de la décision du tribunal, les quarante salariés sont au travail pour terminer leurs commandes en cours. Devant cette mobilisation, le PDG ne s’avoue pas vaincu : « Quelle injustice ! L’entreprise était viable : un savoir-faire vieux de 90 ans allait disparaître parce qu’un accord n’avait pu être trouvé pour 250 000 euros… » Harold Stettler va alors solliciter le soutien de plusieurs politiques (maires, députés…), reçoit les encouragements d’autres chefs d’entreprise, comme le dirigeant de Riou Glass, à Honfleur, et lance un appel à l’aide, en catastrophe, à la Région Normandie. Mais le chronomètre n’arrête pas de tourner pour autant, et le dernier camion de commandes part le 11 février au soir. Le PDG se prépare à rendre les clés le lendemain… « Le 12 février, alors que l’on avait déjà fermé l’entreprise, j’ai eu un appel de la Région Normandie qui me confirmait qu’elle allait, via la Shema, sa société d’économie mixte, racheter le bâtiment pour 1,5 million d'euros. Le groupe Millet s’est aussitôt repositionné comme acquéreur et l’entreprise a été sauvée ! ».

Au final, 36 postes sur les 40 sont conservés. Acibois, qui a d’ores et déjà récupéré plus de 100 000 euros de contrats, peut entamer une nouvelle vie.

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