La filière de recyclage de filets de pêche se tisse avec Fil & Fab
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La filière de recyclage de filets de pêche se tisse avec Fil & Fab

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La jeune entreprise bretonne Fil & Fab lance la première filière de valorisation des engins de pêche usagés et notamment les filets de pêche en polyamide. Première étape du projet, la collecte et le tri des filets de pêche, à Fécamp, en Normandie.

Chaque année, plus de 800 tonnes de filets de pêche sont abandonnées dans les ports français — Photo : Pixabay

Les créateurs

La start-up Fil & Fab est née à Plougonvelin dans le Finistère. À l’origine, un projet de fin d’études mené, en 2015, par trois étudiants bretons, Théo Desprez, Yann Louboutin et Thibault Uguen. "Chaque année, plus de 800 tonnes de filets de pêche sont abandonnées dans les ports français. C’est une véritable ressource oubliée", explique Théo Desprez. Les trois étudiants créent d’abord une association et nouent des partenariats avec plusieurs laboratoires spécialisés en plasturgie pour mener une étude sur les possibilités de recyclage des filets de pêche. En 2019, les fondateurs veulent pérenniser leur projet et créent l’entreprise Fil & Fab, une SAS au capital de 30 000 euros, pour lancer leur filière industrielle.

Le projet

La start-up passe à la vitesse supérieure et élargit, en 2021, son champ d’action à la Normandie, notamment au territoire seino-marin de Fécamp où le gisement de filets de pêche est très important. Un groupe de travail comprenant le syndicat mixte Synergie Mer et Littoral (SMEL), Fécamp Agglo et le port de Fécamp, l’association SynerZIP-LH, Caux Seine Développement, la coopération maritime Pechpropre, la fédération des entreprises d’insertion en Normandie et la société Fil & Fab, a été constitué à l’initiative de l’agence Le Havre Seine Développement. "Il y a une vraie volonté en Normandie de voir la filière se développer", confirme Théo Desprez, "l’idée étant de quantifier le potentiel du gisement normand en matière de filets de pêche." Dans le cadre du projet baptisé FIRENOR (Recyclage des engins de pêche usagés en Normandie), les partenaires testent donc pendant six mois, la collecte et le tri des filets usagers : "un tri d’abord par couleurs pour offrir un nuancier varié, puis séparés de leurs flotteurs et cordage, pour garantir un plastique 100 % polyamide 6 (thermoplastique blanc) régénéré". L’étape industrielle se déroule, à Plougonvelin, où les filets sont réduits en fibres puis passent dans la ligne d’extrusion de l’entreprise, où ils sont fondus et mélangés aux additifs. En résulte un granulé à la qualité contrôlée nommé Nylo. Le granulé de polyamide est ensuite revendu à des plasturgistes, tels que Natureplast à Ifs (Calvados) qui les mettent à leurs catalogues. "Nos granulés ont déjà servi à faire des montures de lunettes, des planches de skate et de surf", souligne le fondateur.

Les perspectives

La start-up souhaite élargir sa collecte aux ports de Dieppe, du Havre, mais aussi à ceux du Calvados et d’ici deux ou trois ans, ouvrir un site de broyage sur place, à Fécamp. Depuis sa création, Fil & Fab a déjà collecté une cinquantaine de tonnes de filets et revalorisé une vingtaine de tonnes. " Nos objectifs sont de collecter sur tous les ports français", assure Théo Desprez. L’entreprise bretonne a bénéficié de plusieurs financements d’aide au développement, dont plus de 70 000 euros du fonds DLAL FEAMP Pays de Brest. Elle prépare une levée de fonds de 300 000 euros au premier semestre 2022 pour étoffer son équipe (7 salariés) et, en 2023, une deuxième levée de fonds de 700 000 euros pour lancer l’industrialisation de la filière.

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