Après être passée tout près de la fermeture définitive, la Biscuiterie Jeannette, repart à la conquête de nouveaux marchés. Placée en liquidation judiciaire en 2013, la biscuiterie Jeannette, l’un des fleurons industriels caennais depuis 1850, a bien failli disparaître. C’était sans compter la lutte sans relâche des salariés et le pari d’un entrepreneur parisien, Georges Viana. « Les salariés occupaient l’usine et avaient décidé de relancer eux-mêmes la production pour attirer d’éventuels repreneurs. J’ai trouvé la démarche formidable », se souvient l'actuel PDG. « J’avais le sentiment d’être coupable de non-assistance à entreprise en danger. Je ne pouvais rester sans rien faire. »
Sauvetage participatif
Mais la situation est catastrophique : « Le bâtiment était vétuste, le matériel mal entretenu. Il fallait repartir de zéro. » Alors que les 27 repreneurs potentiels se retirent un à un, Georges Viana reste bientôt seul face au refus de financement systématique des banques.
En désespoir de cause, le repreneur lance un financement participatif sur la plateforme Bulb in Town et fixe un objectif de 50 000 €. « On m’a ri au nez. Le record jamais atteint était de 12 000 € ». Le repreneur persiste et signe : en une semaine, il récolte 10 000 € et atteint les 50 000 en moins d’un mois. Un mois après, il double le chiffre. « Toute la population était derrière nous. Je n’avais jamais vu cela. »
Fort de cette base financière, Georges Viana vend sa maison et mise toutes ses économies dans le projet. Il trouve un bâtiment à Démouville et relance une ligne de production, d’abord seul puis avec une salariée de la biscuiterie, Marie-Claire Marie, arrivée en 1974 à l’âge de 16 ans.
Ruptures de stock
Les premières madeleines qui sortent de l’usine relèvent de l’exploit : « On n’avait même pas d’eau chaude, on faisait chauffer l’eau dans une bouilloire », se remémore le dirigeant. Avec huit salariées, l’équipe arrive à produire 300 à 400 kg de madeleines par jour. « On a vendu nos premières madeleines le 19 septembre 2015. » Le succès est immédiat. Les embauches se poursuivent et l’usine, régulièrement en rupture de stock, doit refuser des commandes. « A partir de là, ce sont les banques qui sont venues me trouver pour me proposer de financer une deuxième usine ! ».
Avec un chiffre d’affaires en croissance régulière (400 000 € en 2015, 1,6 M€ en 2016, 2,2 M€ en 2017 et un objectif de 3 M€ en 2018) et forte aujourd’hui de 32 salariés, la biscuiterie Jeannette envisage d’élargir son réseau dans toute la France et à l’international. « Pour l’instant, nous faisons zéro à l’export mais nous avons beaucoup de demandes de l’Asie. C’est un marché qu’il nous faut développer. » L'entreprise vient d'investir 6,5 millions d’euros dans une seconde usine de 3 200 m2 à Colombelles (Calvados).
La nouvelle unité développe une capacité de production de 2 à 3 tonnes de madeleines par jour. « Notre objectif est d’atteindre les 5 tonnes par jour et de doubler les effectifs d’ici deux à trois ans », confirme le PDG. L'usine de Démouville se spécialisera dans les madeleines sans gluten.