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Filt investit 2 millions d'euros dans une nouvelle usine
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Filt investit 2 millions d'euros dans une nouvelle usine

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Filt, le dernier fabricant français de filets et de cordons, va investir près de deux millions d’euros pour déménager son site de production dans une nouvelle usine à Mondeville. Il prévoit l’embauche de seize personnes dans les cinq ans à venir.

Les ateliers situés à Caen-Venoix seront délocalisés dans une nouvelle usine à Mondeville dès l’an prochain
— Photo : Isabelle Evrard - Le Journal des Entreprises

Dernier fabricant français de filets et de cordons, Filt, née dans la campagne caennaise en 1860, consolide sa longue histoire avec un nouvel agrandissement prévu sur la zone de Mondeville sud. Et le couple de dirigeants, Jean-Philippe et Catherine Cousin, cherche à se positionner sur de nouveaux marchés. Et les idées de développement ne manquent pas, c’est même leur carburant quotidien. « C’est un instinct de survie. Si l’on veut faire du textile en France, pas question de rester sur des acquis, sinon on meurt », confirme Catherine Cousin.

Une politique d’investissements régulière

Dirigée par trois générations de la famille L’Honneur depuis 1903, elle est rachetée début 1990 par Philippe Brotons et en 2000, Jean-Philippe Cousin est embauché comme directeur salarié : « M. Brotons m’a donné les clés et m’a dit simplement : débrouille-toi pour faire tourner l’entreprise ! On se serait cru en plein roman de Zola : tout était vieux, trois néons se battaient en duel au plafond, il n’y avait pas d’eau chaude… » Du matériel ancien certes, mais en revanche le savoir-faire était là. Intact.

Jean-Philippe Cousin lance un grand plan d’investissement dès 2003: « Depuis, on ne s’est jamais arrêté. En moyenne, chaque année, on investit 100 000 € dans des machines neuves. En 2017, 150 000 €. »

Chaque année, l'entreprise investit en moyenne 100 000 € dans des machines neuves — Photo : Isabelle Evrard - Le Journal des Entreprises

Rachetant le dernier fabricant de mèches à bougies rouennais, Filt ajoute une corde à son arc en 2006 : c’est aussi l’époque où son épouse intègre l’entreprise « parce qu’elle était la seule à savoir faire fonctionner les automates de couture programmables ». Jean-Philippe Cousin prend la présidence de la société en 2016.

Avec des machines toujours plus rapides, la production gagne en importance et il faut bientôt pousser les murs pour développer l’activité. Notamment sur les marchés de l’agroalimentaire « impossibles à investir dans l’état actuel des locaux basés à Venoix. D’où la « délocalisation » à quelques kilomètres, qui nécessitera un investissement de près de 2 M€, matériels compris : « La nouvelle usine occupera 2 400 m2 et on pourra l’étendre jusqu’à 3 200 m2. Nous prévoyons l’embauche de 16 personnes dans les cinq ans à venir », annonce Jean-Philippe Cousin.

Marchés avec la Russie et l’Australie

Avec un chiffre d’affaires en croissance (+ 17 % en 2016 et + 9 % en 2017), l’entreprise met l’accent sur l’export. « On a un succès fou auprès des Asiatiques, notamment le Japon et la Corée. Cela fait 28 ans que nous travaillons avec le même client japonais ! Le « Made in France », le « so frenchy », plaisent beaucoup. » Filt développe également des marchés avec la Russie et l’Australie, et vient de signer un partenariat avec le distributeur américain « Kiss that frog ».

Pour Jean-Philippe et Catherine Cousin, « l’important sont les relations humaines, bien plus que le chiffre d’affaires »
— Photo : Isabelle Evrard - Le Journal des Entreprises

Sur les 1,65 M€ de CA en 2017, 45 % proviennent des ventes à l’export. Presque un exploit sans commercial. « Nous sommes des décomplexés de l’export ! On n’a pas de réseau commercial, pas les moyens d’aller démarcher à l’autre bout du monde. Mais on a des idées ! Le truc, c’est de transformer nos difficultés en atouts », avoue Jean-Philippe Cousin, « notre approche de l’export est finalement assez sommaire. Il s’agit d’envoyer des colis au-delà de nos frontières. Point final. L’important, c’est plus d’installer une relation humaine que de faire du chiffre à tout prix. On s’intéresse à la personnalité du client en lui proposant des produits bien ciblés qui lui correspondent. » Et le réseau de Filt se tisse ainsi tout naturellement : « Ce sont nos clients qui nous trouvent d’autres clients… »

L'éthique jusque chez les fournisseurs

Le couple affiche d’ailleurs une farouche volonté de ne pas intégrer la grande distribution : « Je ne veux pas être reçu dans un box impersonnel. Il n’y pas de place pour les relations humaines. Ce n’est pas notre façon de travailler. » Une éthique qu’ils appliquent également dans le choix de leurs fournisseurs : la matière première vient d’Egypte, d’Inde et du Pakistan dans des filatures « au bout du champ », là où on est sûr qu’ils n’emploient pas de main d’œuvre exploitée » ; le coton est filé dans les Vosges et teint en Belgique « où il y a une station d’épuration en bout de chaîne ».

Et parce qu’il faut toujours avancer, Filt envisage de se lancer dans le marché du recyclage plastique en partenariat avec Recyouest, une entreprise caennaise, et dans le marché des préfiltres de stations d’épuration.

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