Seine-Maritime
Elise Hauters : « Pour favoriser l'entrepreneuriat féminin, faisons tomber les barrières socio-culturelles »
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Elise Hauters cogérante de l’entreprise CPM Industries Elise Hauters : « Pour favoriser l'entrepreneuriat féminin, faisons tomber les barrières socio-culturelles »

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Cogérante de l’entreprise CPM Industries, spécialisée dans la chaudronnerie fine à Saint-Romain de Colbosc (Seine-Maritime), Elise Hauters promeut l’entrepreneuriat au féminin au sein de son entreprise et dans les réseaux.

« Ma question était de savoir si j’arriverais à être légitime dans une activité très masculine », explique Elise Hauters, cogérante de l’entreprise CPM Industries, spécialisée dans la chaudronnerie fine en Normandie — Photo : Sébastien Colle

Vous êtes l’une des 23 fondatrices du réseau Femmes & Challenges, qui vise à favoriser l’entrepreneuriat au féminin en Normandie. Quelles sont les raisons de votre engagement ?

Elise Hauters : Nous sommes dans un territoire sinistré en matière d’entrepreneuriat au féminin, qui pointe seulement à la 8e position du classement des régions en la matière, et nous souhaitons le faire progresser à la 5e place (selon une étude INSEE sur le taux d'entrepreneuriat féminin en région, avec un taux de 2,2 % en Normandie contre 5 % pour la Corse, 1er région. La 5e place est occupée par la Nouvelle Aquitaine avec 3 %). Notre ambition est de transformer les projets des femmes en création d'entreprise. Si l’on regarde les chiffres, 80% des projets portés par des hommes se transforment en création, là ou moins de 20% des projets des femmes aboutissent. De plus, les femmes lancent surtout des activités de services, ou encore de consulting, car elles sont en recherche de flexibilité, afin d’harmoniser leur vie personnelle et professionnelle. L’objectif du réseau est d’accompagner les femmes vers un schéma moins typique, plus indépendant des enfants et du foyer.

En un peu plus d’un an, Femmes & Challenges compte déjà plus de 500 adhérentes. Comment expliquer un tel phénomène ?

E. H. : Avoir un tel nombre d’adhérentes en si peu de temps montre le manque de réponses adéquates aux problématiques des femmes dans les réseaux classiques. Les femmes rencontrent des difficultés à être prises au sérieux, car il faut respecter un certain formalisme dans le monde de l’entreprise, notamment face à un banquier. Mais, la femme a tendance à présenter les choses de manière plus affective et à attendre la même chose en retour. Sauf qu'un banquier n’est pas dans l’affect. Il faut donc arriver à structurer une démarche. Quand aux réseaux existants, ils s’adressent avant tout aux femmes qui ont déjà créé une entreprise. Alors, bien sûr, c’est toujours intéressant d’y participer car on partage sur les mêmes problématiques, mais cela n’aide pas à entreprendre. Femmes & Challenges veut aider les femmes à s’affranchir du risque lié au projet. C’est aussi un réseau business, mais il est surtout destiné à accompagner les femmes dans l’entrepreneuriat.

Quelles solutions pour donner confiance aux femmes dans l’entrepreneuriat ?

E. H. : Les femmes ont souvent de bonnes idées mais manquent de confiance en elles. Ce manque de confiance est ancré en nous, avec la peur de s’engager financièrement et d’exposer la famille à des risques. Il y a aussi souvent, au départ, un manque de connaissances dans le domaine de la gestion d’entreprise. C’est pourquoi nous avons lancé l’Academy Femmes & Challenges, avec deux promotions par an. Un dispositif innovant qui associe workshops, mentoring, coaching collectif et individuel et serious game, et s'adresse à toutes celles qui ont un projet de création ou de reprise d'entreprise avec un intérêt économique pour le territoire (hors micro-entreprise et activités de consulting, NDLR). L’académie est là pour donner des outils aux chefs d’entreprise qui démarrent, avec un système de marraines. Mais plus encore que de conseils, c’est d’écoute dont les femmes chefs d’entreprises qui démarrent ont besoin, et aussi de capitaliser sur les bonnes pratiques de leurs devancières.

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