Seine-Maritime
EDF : "Le chantier de l’EPR 2 va créer 7 500 emplois en Normandie"
Interview Seine-Maritime # Nucléaire # Politique économique

Gabriel Oblin directeur du projet EPR 2 chez EDF "Le chantier de l’EPR 2 va créer 7 500 emplois en Normandie"

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Le projet EPR 2 d’EDF prévoit la construction de trois paires de réacteurs nucléaires nouvelle génération en France, dont le premier doit prendre place sur le site de Penly, en Normandie. Directeur du projet EPR 2 chez EDF, Gabriel Oblin explique ce chantier titanesque offre de belles opportunités pour les entreprises du territoire.

Pour Gabriel Oblin, directeur du projet EPR 2 chez EDF, de nombreuses PME normandes peuvent décrocher des marchés à Penly — Photo : DR

Qu’est-ce que le projet EPR 2 ?

C’est la proposition qu’a fait EDF en mai 2021, en lien avec le Groupement des industriels français de l’énergie nucléaire (Gifen, NDLR), en réponse à la demande du gouvernement dans la dernière programmation pluriannuelle sur l’énergie. Le projet consiste à construire trois paires de réacteur EPR 2, d’une puissance unitaire de 1 670 MW, la première sur le site normand de Penly, près de Dieppe, la seconde à Gravelines, et la troisième sur un site à choisir entre Budget et Tricastin en Rhône-Alpes. L’EPR 2 est un réacteur de forte puissance construit à Flamanville. Deux autres EPR sont en service Chine, un est en cours de démarrage en Finlande et deux sont en construction en Grande-Bretagne, en phase de génie civil. Avec l’EPR 2, nous avons cherché à conserver ce qui fonctionne bien en termes de performance de sûreté, tout en améliorant la construction grâce au retour d’expérience des EPR précédents. Au total, c’est un projet chiffré à 51,7 milliards d’euros, avec une mise en service du premier réacteur de Penly d’ici 2035.

Pourquoi le projet EPR 2 démarre-t-il à Penly ?

Il y a plusieurs raisons pour démarrer à Penly. Nous avons choisi les sites d’accueil des EPR 2 en fonction de critères techniques tels que le foncier, la proximité d’une source froide de qualité, la possibilité d’évacuer l’électricité par RTE (gestionnaire du réseau de transport d’électricité, NDLR), ou encore les risques sismiques. Historiquement, le site de Penly était prévu pour quatre réacteurs, et seuls deux ont été construits. Il y a donc de la place pour deux réacteurs supplémentaires, et Penly est le site qui remplit le mieux nos critères techniques. Mais il y a aussi un autre critère déterminant pour mener un projet comme celui-ci, c’est l’appétence du territoire pour le projet. Et sur le territoire de Penly, et normand en général, les acteurs économiques et politiques se sont mobilisés. Il y a donc sur ce site des conditions d’installation extrêmement favorables.

Les PME du territoire pourront-elles travailler sur un chantier d’une telle envergure ?

Aujourd’hui, pour les entreprises du territoire dieppois et de Seine-Maritime, et plus globalement de la région Normandie, il y a plusieurs façons d’entrer dans le dispositif. Un certain nombre de nos marchés sont notamment réservés aux entreprises locales. Cela va des études au transport, en passant par la voirie, la logistique, ou encore la sécurité et le gardiennage. Ce sont des marchés que nous considérons comme accessibles et réservés aux entreprises du territoire. Pour cela, nous travaillons activement avec le cluster Dieppe Meca Énergies qui rassemble plus de 150 entreprises du territoire dieppois dans les domaines de la mécanique ou de la métallurgie, la CCI Rouen Normandie et le groupement des industriels prestataires du Nord-ouest (Gipno) spécialisés dans l’intervention du sein des Centres nucléaires de production d‘électricité (CNPE). L’objectif est de donner une visibilité et d’anticiper ces marchés à venir. Nous participons également aux salons professionnels du territoire afin que les entreprises puissent prendre connaissance de ces marchés.

Il y a ensuite une seconde typologie de participation pour les entreprises locales, en tant que sous-traitantes de rang 2, et pour lesquelles nous cherchons à créer du lien avec les grands donneurs d’ordres de rang 1. Ce qui se traduit par la mise en place d’événements que nous appelons les "Makers days". Il faut savoir que pour les marchés de réalisation de grands travaux, EDF distribue des bonus aux grands donneurs d’ordres en fonction de la charge qu’ils donnent aux sous-traitants locaux.

Comment les entreprises du territoire peuvent-elles candidater et à quelles conditions ?

Nous travaillons notamment avec Dieppe Meca Énergies sur ce sujet. Pour être sous-traitant sur des équipements contribuant à la sûreté de l’installation, il faut des qualifications en matière de sûreté, par exemple être certifié ISO 19 443. L’avantage en Normandie, c’est qu’il y a déjà des acteurs qui ont de la pratique sur les chantiers nucléaires. Mais il y a également des marchés plus simples d’accès, ceux qui sont réservés au territoire évoqués précédemment.

La concertation publique sur le projet EPR 2 a démarré le 27 octobre pour une durée de 4 mois. Parmi les nombreux rendez-vous, celui qui se tiendra le 12 janvier prochain au Tréport sur le travail et l’emploi. Qu’est-ce que les entreprises peuvent en attendre ?

Parmi les différents rendez-vous du débat public - tous accessibles en ligne -, ce rendez-vous du 12 janvier abordera les conditions et conséquences du projet de Penly et du programme EPR 2 sur le travail et l’emploi. C’est un rendez-vous qui s’adresse particulièrement aux entreprises du territoire, car c’est à la fois l’opportunité pour elles d’exprimer un enthousiasme pour le projet, montrer qu’elles se préparent, mais aussi l’opportunité pour elles d’exprimer leurs besoins et de poser des questions. C’est le bon moment pour débattre de comment on fait pour que le projet soit un succès pour les entreprises.

Quel bénéfice en matière d’emploi le territoire normand peut-il attendre de ce futur chantier ?

Le projet EPR 2 représente globalement un impact de 30 000 emplois en France sur les 20 années de construction des trois paires d’EPR, auxquels il faut rajouter 10 000 emplois pour l’exploitation prévue sur 60 ans. Pour Penly, le chantier qui doit démarrer en 2024, avec une mise en service du premier réacteur prévue en 2035, représentera à son pic d’activité en 2029 environ 7 500 emplois. Et on estime que si on active tous les leviers du territoire on pourrait recruter la moitié de cet effectif localement. Mais pour cela, il faut bien anticiper en amont en matière de compétences.

Si le chantier de l’EPR 2 constitue incontestablement un vecteur d’attractivité et de développement pour le territoire normand, se pose-t-il aussi comme une réponse à la crise énergétique ?

Oui, le projet EPR 2 est une réponse majeure à la question du changement climatique et de la souveraineté énergétique de la France, à moyen terme notamment en contribuant à l’ambition de décarbonation de l’énergie d’ici 2050, et avec une énergie compétitive.

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