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Dernière ligne droite pour le contournement Est de Rouen
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Dernière ligne droite pour le contournement Est de Rouen

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Alors que la Métropole Rouen Normandie doit procéder à un vote sur le sort du projet de contournement Est de Rouen le 8 février prochain, la communauté économique se mobilise pour porter ce projet jugé " indispensable " au développement du territoire.

Vincent Laudat Président de la CCI Rouen Métropole, a réuni les acteurs économiques de la Métropole Rouen Normandie pour soutenir le projet de contournement Est de Rouen — Photo : DR

Le Conseil de la Métropole Rouen Normandie va-t-il se prononcer pour ou contre le projet de contournement Est de Rouen (liaison A28-A13), lors du vote du 8 février prochain ? Le vote pourrait être décisif pour l’avenir d’un ouvrage attendu depuis plus de cinquante ans par les décideurs économiques rouennais et normands, ainsi que par la population excédée par les embouteillages incessants de l’agglomération rouennaise. Mais alors qu’il avait soutenu le projet lorsqu’il était président de Région, ainsi que son prédécesseur à la Métropole Frédéric Sanchez, Nicolas-Mayer Rossignol, récemment élu à la mairie de Rouen et à la tête de la Métropole Rouen Normandie, a remis en cause le bien-fondé du projet lors de la campagne municipale avec sa majorité composée d’élus PS et écologistes. Un revirement d’autant plus inquiétant pour la réalisation du contournement que l’État a menacé de se désengager du dossier sans le soutien des élus locaux, et alors que les financements publics sont arrêtés. Le préfet de Normandie, Pierre-André Durand, avait d’ailleurs rappelé, en décembre, aux trois collectivités associées (Région, Département, Métropole) au projet de " confirmer d’ici à février 2021 leur engagement financier " (datant de 2017), pour que l’État puisse lancer la procédure de désignation du futur concessionnaire. Le contournement Est de Rouen ayant été identifié comme prioritaire par la loi d’orientation des mobilités.

La communauté économique mobilisée

Après une déclaration d’utilité publique en 2017, le Conseil d’État a confirmé, le 20 novembre dernier l’intérêt général, local et national du projet et établit formellement son utilité en rejetant tous les recours. De quoi réjouir alors les milieux économiques : "La décision du Conseil d’État est une étape décisive. Plus rien ne doit désormais s’opposer à la réalisation du contournement Est de Rouen. À l’heure ou notre économie a besoin d’un signe fort, le monde économique se mobilise pour la réalisation de cet équipement indispensable", expliquait en décembre 2020 Vincent Laudat, président de la CCI Rouen Métropole. Mais, face à la menace d’un vote couperet, la communauté économique régionale se mobilise et met la pression sur les élus pour qu’ils tiennent leurs engagements. Elle s’appuie pour cela sur une récente étude d’adhésion au projet de contournement, réalisée par l’Ifop pour la CCI Rouen Métropole. Un document qui montre que plus de 80 % de la population est favorable à la réalisation du projet (80 % pour les départements 76 et 27 et 83 % pour la population de la métropole). Des résultats qui prouvent pour Vincent Laudat que :" C’est un projet d’avenir. Les résultats sont dans la ligne de la précédente étude de 2018 ". Pour le président de la CCI de Rouen, le projet est incontournable : " Notre desserte routière est sous-dimensionnée et la métropole a perdu de nombreux sièges sociaux au profit d’autres territoires comme Lille et Nantes, plus attractifs. Et alors que nous devons être la locomotive de la Normandie. J’ai le sentiment que la nouvelle majorité de Rouen doit respecter l’accord de financement (accord de financement voté par la précédente équipe à la tête de la métropole, NDLR)". Un sentiment partagé par Xavier Prevost, président de la CPME Normandie qui rappelle les élus à leurs engagements : " Le projet de contournement Est, est un projet du 21e siècle pour notre économie, soutenu par l’ensemble du tissu économique local, la population dans sa grande majorité et confirmé d’utilité publique par le Conseil d’État. Il reste la voix de nos élus qui se sont engagés et qui doivent renouveler leur engagement ".

Enjeux de compétitivité

Avec un budget estimé à près de 900 millions d’euros et un financement mixte privé-public (dont 400 M€ financés par le concessionnaire, 240 M€ par l’État, 170 M€ par la Région Normandie, 66 M€ par la Métropole Rouen Normandie et 22 M€ par le Département), le contournement Est de Rouen devrait permettre de régler de nombreuses difficultés dans l’agglomération et faciliter la vie économique. La nouvelle liaison autoroutière, d’une longueur de 41,5 km, aura notamment pour effet de fluidifier les trafics vers le centre-ville, mais aussi les zones d’activité (de la Plaine de la Ronce à Seine-Sud) et le port, et également de faciliter la mobilité des salariés des entreprises. Un enjeu de compétitivité pour Gilles Treuil, président de CCI Normandie : " Nous manquons de compétitivité face à d’autres territoires. Rouen est un goulet d’étranglement. Il serait déraisonnable d’imaginer que ce contournement Est ne puisse pas se réaliser ". Pour Pierre-Jean Leduc, président du Medef Normandie, c’est l’ambition du territoire qui est en jeu : " Il y a une ambition pour la Normandie de devenir une région monde et la Métropole de Rouen revendique d’en être la capitale, alors même qu’elle est la seule métropole de France à ne pas avoir de périphérique ! Ce n’est pas normal. Ne laissons pas passer cette opportunité indispensable pour le rayonnement de la Normandie et nos entreprises ". De son côté, le président du Département 76, Bertrand Bellanger (LR) voit dans le contournement Est " une opération fondamentale pour le territoire qui contribuera à sécuriser les déplacements ". Et même Normandie AeroEspace (NAE), la filière aéronautique, spatiale et défense de la région, peu habituée à prendre position sur ce type de dossier, a tenu à s’exprimer par la voix de son président Philippe Eudeline : " Les territoires sont en compétition et quand les entreprises veulent s’implanter, les infrastructures de transport sont analysées dans la prise de décision et si elles ne sont pas efficaces, les entreprises ne viennent pas. Le contournement Est représente un enjeu majeur pour une infrastructure routière digne de ce nom ".

Une attente forte des dirigeants

Un enjeu de compétitivité essentiel pour les chefs d’entreprise, comme le souligne Thomas Labrunye, à la tête d’un groupe de blanchisserie dont le siège est à Rouen (Bulle de Linge) : " Tout l’enjeu est celui de la performance d’un siège social basé à Rouen, car la concurrence est réelle avec des métropoles comme Rennes ou Lille. Les enjeux de mobilité sont essentiels, nous avons déplacé notre siège à Isneauville en prévision de ce contournement ", prévient le dirigeant. L’enjeu de l’emploi est aussi au cœur du sujet, avec une complexité du recrutement pour cause de difficultés de déplacements dans la métropole. Pour Pascal Roussel, dirigeant d’Auditech Innovations, implanté à Boos : " Avec le contournement, notre entreprise bénéficiera d’un bassin d’emploi plus large qu’uniquement le plateau Est, afin de permettre sa croissance avec le doublement des embauches en production dans les prochaines années ". Des entreprises qui ont " leur mot à dire ", souligne Vincent Laudat qui rappelle qu’elles représentent, via la fiscalité des entreprises, un tiers du budget de la Métropole.

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