CPME Normandie : « Les clusters de contamination ne se développent pas dans les entreprises »
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Xavier Prévost président de la CPME Normandie CPME Normandie : « Les clusters de contamination ne se développent pas dans les entreprises »

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Pour Xavier Prévost, président de la CPME Normandie, si la priorité doit rester au sanitaire, la fermeture des commerces dits « non essentiels » est difficilement compréhensible alors que les gestes barrière et l’organisation des flux ont largement été mis en place par les commerçants.

"Les commerces sont capables de gérer les flux de personnes et maintenir les gestes barrière", assure Xavier Prévost, président de la CPME Normandie — Photo : CPME

Comment avez-vous reçu l’annonce du nouveau confinement ?

Xavier Prévost : La première chose, c’est que cela n’a pas été une surprise, mais une insatisfaction. Pour autant, la priorité doit rester au sanitaire et à la santé de tous. Mais ce que nous ne comprenons pas, ni n’admettons, c’est que nous avons démontré que l’on savait mettre en place les gestes barrières, organiser les flux, aérer les locaux, et au final que les gestes barrières fonctionnent. La semaine dernière, vous alliez chez les commerçants en centre-ville et les règles sanitaires permettaient de limiter le nombre de personnes à l’intérieur d’une boutique, de proposer du gel hydroalcoolique et les articles étaient nettoyés. Donc, pourquoi les commerces dits « non essentiels » sont-ils obligés de fermer ? Et la preuve que cela marche, c’est que certaines activités sont arrêtées et pas d’autres. C’est donc punir des entreprises qui avaient su faire tous les efforts nécessaires.

La fermeture de ces commerces pose-t-elle la question de l’efficacité des gestes barrière ?

X.P : Soit on admet que les gestes barrières mis en place dans les entreprises sont efficaces, soit ce n’est pas le cas et alors il faut en imaginer d’autres. Il n’y a pas de problème à partir du moment où on est capable de gérer les flux de personnes et de maintenir les gestes barrières. Et ce n’est certainement pas dans les entreprises que se sont développés les clusters de contamination. Moi, j’ai envie que l’on se batte tous ensemble contre le virus. À la CPME, nous ne voulons pas que l’on ferme les rayons chaussures chez Carrefour mais qu’on ouvre les commerces, car les gestes barrières et les flux y sont respectés !

Comment percevez-vous l’impact psychologique de ce nouveau confinement sur les chefs d’entreprise ?

X.P : Le chef d’entreprise est un être humain et, comme pour beaucoup de nos concitoyens, ce second confinement est moins bien compris et perçu que le premier. On sent plus de morosité. Nous n’imaginions pas que nous serions reconfinés. Les entreprises sont fragilisées d’une manière générale et le second confinement va accentuer les difficultés. L’entreprise doit être associée à l’entrepreneur, car à la tête des entreprises il y a des hommes et des femmes qui ne sont rémunérés que s’il y a de l’activité.

Il faut prendre la mesure de cette dimension humaine, car pour certains cela va être très compliqué. La dimension psychologique est forte quand on engage tout ce que l’on a dans son affaire, en étant caution sur les prêts et sans bénéficier d’assurance chômage. Il ne faut pas oublier que 98 % des TPE/PME sont pour la plupart des entreprises patrimoniales. Et dans cette crise, les chefs d’entreprise doivent faire face à des conditions exceptionnelles dont ils ne sont pas responsables. La question importante à présent c’est de respecter au mieux les gestes barrières et le confinement pour faire en sorte que, dès le 12 novembre, nos commerces puissent rouvrir. Se pose aussi la question de l’équité, face aux ventes en ligne, et j’engage chacun à différer ses achats et à attendre la réouverture de nos commerces de proximité.

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