La question de la sécurité a fait l’objet d’un congrès spécifique, en juin, pour les membres de la filière cosmétique. Pourquoi est-elle un enjeu stratégique pour vos entreprises ?
Christophe Masson : Le marché de la cosmétique est en forte croissance, de 6 à 7 % chaque année dans le monde. La France se pose comme le leader et le premier exportateur mondial de ce secteur d’activité, c’est un fleuron économique important. La filière parfumerie-cosmétique en Normandie compte 250 entreprises qui représentent un chiffre d’affaires de 7 milliards d’euros. Mais, nous sommes challengés par les Japonais, les Coréens, ou encore les Chinois. Ce sont des pays qui investissent fortement et rognent nos parts de marché. Il faut donc pousser nos entreprises à monter en compétence. D’où la sécurité ! Une valeur forte de la marque France. Un produit cosmétique se doit d’être sûr, et la France dispose d’un savoir-faire reconnu en matière de sécurité. C’est un levier pour vendre car nous proposons les produits les plus sûrs du monde. Et la sécurité est une spécificité du territoire normand avec de nombreux acteurs spécialisés tels que Cosmetomics@Normandie, plateforme dédiée à la mesure de la sécurité sanitaire et de l’innocuité des produits cosmétiques, ou encore Cosmetolab, premier pilote industriel de traitement et de conditionnement de cosmétiques sans conservateur, ainsi que de nombreuses entreprises expertes en matière de test et mesures. C’est un élément de marketing territorial.
Quels sont les domaines les plus sensibles en matière de sécurité ?
C.M. : Ce qui garantit la sécurité du produit, c’est notamment le packaging, essentiel lors de la phase de transport. Le rôle du packaging est également à prendre en compte dans la conservation du produit, ainsi que les exigences de recyclabilité qui pose des problématiques de sécurité. La Normandie concentre de nombreux acteurs du packaging primaire et secondaire. C’est pourquoi, en partenariat avec la communauté d’agglomération Seine Eure, nous avons organisé le congrès Beauté & Packaging pour parler des innovations technologiques dans ces domaines.
Nous travaillons également sur la sécurité des flux logistiques car 80 % des produits cosmétiques fabriqués en France sont exportés, et la plupart transitent par la Vallée de la Seine et le port du Havre ! La performance logistique est donc un facteur clé de succès pour les acteurs de la filière parfumerie-cosmétique. Et pour poursuivre l’amélioration des performances de la supply chain, nous avons lancé, avec l’Institut de recherche en transport et logistique innovante de Neoma business school, le projet collaboratif Lipaco-Seine (logistique intelligente pour la parfumerie-cosmétique).
Comment rassurer les consommateurs ?
C.M. : Le consommateur est de plus en plus défiant face aux industriels, et il peut parfois plus facilement accorder sa confiance à des applications qui lui donnent l’impression d’avoir toutes les informations, mais qui au final donnent une fausse image de ce que nous sommes. Nous souhaitons aller vers davantage de transparence et, pour cela, nous allons ouvrir, d’ici à deux ans, la Maison de la cosmétique à Chartres (siège du pôle de compétitivité Cosmetic Valley, NDLR). Un lieu de compréhension de notre industrie, et de décryptage de nos métiers. Et l’occasion de lever les tabous.
