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Coronavirus : comment CPM Industries s'est organisé pour continuer à faire tourner son usine
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Coronavirus : comment CPM Industries s'est organisé pour continuer à faire tourner son usine

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À la tête de l’entreprise familiale normande CPM Industries, spécialisée dans la transformation du métal, Élise Hauters a réussi à conserver une activité soutenue en réussissant rapidement à organiser son entreprise en fonction des contraintes de la crise provoquée par l'épidémie de coronavirus.

— Photo : Sébastien Colle

Entreprise familiale de transformation du métal basée à Saint-Romain-de-Colbosc, en Seine-Maritime, la chaudronnerie CPM Industries se démarque, en ces temps de crise sanitaire, par une activité qui reste soutenue avec 90 % du chiffre d’affaires prévu réalisé en mars. « Nous n’avons eu aucune annulation de commande. Tous nos clients, quasiment, sont ouverts, ainsi que nos fournisseurs qui ont mis en place des horaires de livraison fixes pour nos chauffeurs. Une organisation s’est montée pour que les chauffeurs des diverses entreprises ne se croisent pas. Notre activité qui était déjà bonne avant la crise a perduré », se félicite Élise Hauters, cogérante de CPM Industries.

Repas dans les voitures, portes toujours ouvertes...

Pour atteindre ce résultat, la dirigeante a pu compter sur l’engagement de ses salariés, dont 23 (sur une trentaine) font tourner le site industriel au quotidien : « Nous avons rapidement mis en place les gestes de distanciation sociale au sein de l’entreprise, en nous référant au fascicule du gouvernement, ce qui n’était pas difficile pour 23 personnes sur un site de 2 500 mètres carrés », souligne la chef d’entreprise. Collaborateurs qui arrivent sur site en différé, ouverture totale de l’ensemble des portes de l’entreprise pour faciliter la circulation humaine en réduisant au maximum les contacts, réglementation des espaces collectifs, obligation de nettoyer les toilettes après chaque passage, masques et gel hydroalcoolique à tous les postes… : la direction de CPM Industries n’a pas lésiné sur les mesures de distanciation sociale et de sécurité sanitaire pour préserver son personnel. « Même si nos ouvriers avaient déjà une culture sanitaire bien ancrée puisque nous faisons un métier salissant qui nous oblige à nous laver souvent les mains », souligne Élise Hauters. Et pour aller plus loin dans la prévention et éviter les regroupements à l’heure de la pause déjeuner, chaque collaborateur prend son repas à l’intérieur de son véhicule.

Gérer le climat social

Pourtant, la mise en place de cette organisation ne s'est pas faite sans craintes. Les annonces d'Emmanuel Macron sur les mesures de protection et de distanciation sociale provoquent un choc chez les salariés de CPM Industries. Ce qui complique la poursuite de l’activité de l’entreprise dans un premier temps. « Le lendemain de l’annonce des mesures de protection annoncées par le président de la République, le climat s’est très vite tendu avec les salariés. Ils ne comprenaient pas que l’on poursuive le travail après ces déclarations, car le message, c’était : restez chez vous ! », explique la dirigeante qui va trouver du soutien grâce à un courrier du préfet, envoyé dans la foulée des annonces présidentielles, pour expliquer aux entreprises la nécessité de la poursuite du travail et de la mise en place des mesures de protection.

« J’ai affiché cette lettre préfectorale pour montrer aux salariés cette demande du préfet, et je leur ai expliqué que nous réunissions les conditions de la poursuite de nos activités grâce au matériel de protection dont nous disposions. Au final, j’ai passé beaucoup de temps avec les salariés pour rassurer sur notre situation et beaucoup ont compris la nécessité de continuer à travailler pour assurer la pérennité de l’entreprise. Nous sommes une entreprise familiale et connaissons bien nos salariés, avec un management de proximité. Il y a donc du respect pour nos décisions et les informations que l’on délivre. Je pense que nous sortirons grandi ensemble de cette situation exceptionnelle ».

Une prime pour les salariés actifs

L’idée d’une prime pour récompenser les salariés au travail en temps de crise a fait son chemin dans l’esprit de la cogérante de CPM Industries, qui y voit un geste normal : « J’envisage de verser une prime à ceux qui travaillent, si nous arrivons à payer toutes les charges en avril, et qui pourrait être proche des 1 000 euros. Elle sera calculée au prorata des heures de travail. Et je trouverais normal que tous les soignants touchent cette prime au vu de l’effort qu’ils fournissent au cœur de cette crise sanitaire ». Pour les autres salariés, confinés chez eux avec arrêt maladie, la dirigeante a, là aussi, un avis bien tranché sur la question : « Je ne trouve pas normal que l’entreprise prenne tout à sa charge ! J’estime qu’un effort devrait être fait par ceux qui restent confinés en matière de salaire ».

Une partie de la production réorientée

Équipements mécaniques, pièces spéciales, sur-mesure pour l’industrie… : CPM Industries (2,4 M€ de CA) est habituée à adapter sa production à la demande, dès lors que celle-ci introduit le travail du métal. Une flexibilité qui lui a permis de répondre rapidement à la demande de fabrication de protections en plexiglass pour les caissières de l’hypermarché local. « Nous avons développé une solution à base de polycarbonate et de profilés en inox que nous avons pu installer deux jours après la commande, pour un total d’une vingtaine de protections ». L’entreprise a également répondu à la demande de la maison de santé locale pour un linéaire de protection de cinq mètres de longueur à destination du comptoir d’accueil.

D’autres sollicitations sont aussi venues de commerçants pour des protections de caisse, mais qui ont parfois pensé que la prestation serait gratuite, pour cause de crise. Des demandes de prestations gratuites dont la société ne peut s’offrir le luxe, même si à l’instar de nombreuses autres entreprises engagées pour réorienter une partie de leur production à des fabrications utiles à la lutte contre le virus, CPM Industries ne cherche pas à faire de marge sur ces produits. « Nous les vendons sans marge, à un prix coûtant, mais on ne peut pas les donner. Nous le faisons dans une démarche plus altruiste qu’économique ».

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