"C'est le moment de s'affirmer pour la Normandie"
Interview # Attractivité

Michael Dodds Michael Dodds "C'est le moment de s'affirmer pour la Normandie"

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Après avoir officié près de dix ans pour le CRT de Bretagne, Michael Dodds a débarqué en Normandie avec la ferme intention de l’aider à rayonner et affirmer son identité.

— Photo : JDE

Le Journal des Entreprises : Après dix ans à la tête du CRT de Bretagne pourquoi choisir le territoire normand ?

Michael Dodds : J’ai défendu les couleurs de la Bretagne pendant plus de neuf ans et à mon arrivée, lors de mon entretien avec Jean-Yves Le Drian, nous avions en ligne de mire la LGV pour 2017. Un effort structurant et collectif, essentiel pour l’attractivité de la Bretagne. Mais, j’aime les challenges, un cap se terminait avec la LGV. J’ai été flatté que la Normandie vienne me chercher avec Philippe Augier (maire de Deauville et président de Normandie attractivité, Ndlr). J’ai compris la nature du projet quand la nouvelle carte des régions a été dessinée, je me suis dit qu’il y avait un gagnant : la Normandie. Cela donnait une perspective intéressante, c’était le moment de s’affirmer et de rayonner pour la Normandie. J’ai aussi été séduit par le choix de défendre ce territoire comme une région monde et mettre en avant la région comme étant la plus anglo-saxonne de France. Moi qui suis d’origine anglo-irlandaise, ça me parle ! Et avec mon expérience, je pense pouvoir être utile.

Les recettes que vous avez mises en œuvre en Bretagne peuvent-elles s’appliquer à la Normandie ?

M.D. : Le contexte est différent. Il y a dix ans en Bretagne, la question était de moderniser l’image de la région, il n’y avait pas de problème de fierté ni d’action collective, il y avait déjà les réflexes d’identité. Mais surtout, il fallait moderniser l’image d’une région associée à la tradition. Et les entreprises innovantes, de télécommunications ou encore des énergies renouvelables ne revendiquaient par une appartenance bretonne. Il fallait aussi rajeunir la clientèle touristique car l’image n’apparaissait pas comme branchée. Et toute cela alors même que ce territoire dispose d’une énorme richesse en matière d’offre touristique. Ce diagnostic a fait naître l’ambition d’une marque Bretagne destinée à valoriser une identité. A contrario en Normandie, il y a besoin de réveiller la fierté normande, d’affirmer une identité, puis d’aller au-delà.

Comment aller plus loin ?

M.D. : Nous avons besoin de rendre les Normands ambassadeurs de leur région. Il y a besoin de faire rayonner la Normandie en France et à l’étranger mais pour porter cette ambition il faut fédérer les Normands, en France et à l’étranger. L’objectif est de créer un réseau d’ambassadeurs capable de promouvoir la Normandie. Et je suis heureux de dire que 1.600 personnes ont déjà répondu à notre appel ! Les gens ont été conditionnés à penser en fonction de deux territoires normands ce qui n’a pas forcément amené de culture partagée. Mais pour moi, cela est artificiel et je vois la Seine comme une épine dorsale plutôt qu’une frontière. Au fur et à mesure nous allons faire bouger les Normands et les Normandes. La Normandie était un géant endormi que l’on est en train de réveiller.

Quelle stratégie allez-vous mettre en place ?

M.D. : Notre objectif est de constituer un réseau de partenaires vraiment engagés, un socle solide qui partage nos ambitions. L’attractivité ce n’est pas simplement un logo, les valeurs sont importantes. Et nous sommes concentrés sur l’idée d’instaurer la marque Normandie et sa boîte à outils. Nous recherchons des adhérents du secteur privé et du secteur public car nous avons besoin de fonds pour mener une campagne de communication ambitieuse. Nous avons un budget de fonctionnement de 1,3 million d’euros alloué par la Région pour animer la démarche mais cela ne suffit pas pour mener une communication d’envergure. C’est pourquoi il faut solliciter les collectivités et des partenaires privés. Nous avons déjà une centaine d’adhérents arrivés de manière spontanée depuis notre lancement. A présent, nous entamons une phase proactive pour trouver des partenaires qui ont la capacité d’en entraîner d’autres

Le Brexit est-il une source d’inquiétude pour votre nouvelle mission ?

M.D. : Sur le plan personnel je suis affolé du résultat du référendum, mais comme la plupart des résidents du Royaume-Uni en Europe. J’ai été élevé avec le sentiment d’appartenance à l’Europe. C’est un pas de géant en arrière de sortir de l’Union européenne, et une illusion de penser que c’est une bonne idée. Cependant, il y a incertitude sur la situation. Le Brexit va-t-il vraiment se faire ? Est-ce qu’il peut y avoir un autre référendum avec un résultat différent ? Ce qui est sûr, c’est que la Normandie a une histoire partagée avec le Royaume-Uni et qu’il faut maintenir ces liens fortement et les réaffirmer.

Vous prendrez également la direction du CRT Normandie en avril 2018…

M.D. : Oui, c’est l’une des raisons pour lesquelles je suis venu, une double mission avec des synergies évidentes. Les gens connaissent la Normandie pour des raisons d’histoire et de destination touristique, des vecteurs de communication majeurs en terme d’image.

Parcours

- Naissance le 7 juin 1964 à Londres

- Titulaire d’une licence d’Histoire et d’un Master en management et marketing touristique

- 1987 : Entre au cabinet L&R consulting

- 1992 : Création de l’antenne France de L&R consulting

- 2002 : Création de Dodds conseil

- 2008 : Devient directeur du CRT de Bretagne

- Septembre 2017 : Nommé directeur général de Normandie attractivité

- Avril 2018 : Directeur du CRT Normandie

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