Brittany Ferries s’inquiète du poids des contrôles douaniers pour sa compétitivité
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Brittany Ferries s’inquiète du poids des contrôles douaniers pour sa compétitivité

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Après deux années de crise sanitaire, Brittany Ferries reprend son activité à temps plein mais s’inquiète des conséquences de contrôles jugés "excessifs" des douanes dans les ports normands. Pour Jean-Marc Roué, président de Brittany Ferries, cette situation pourrait mettre en péril l’activité de la compagnie maritime.

Depuis l’arrivée du Brexit, le fret a enregistré un recul de 15 % de l’activité de la Brittany Ferries sur la façade Manche — Photo : © Albert Pennec

Après deux années "d’effet dormant" selon les termes de son président Jean-Marc Roué, la Brittany Ferries redémarre ses traversées à plein régime. Pour autant, la compagnie maritime bretonne - son siège social est basé dans le Finistère, à Roscoff - s’inquiète des conséquences directes et indirectes engendrées par le Brexit. "Nous devons intégrer de nouveaux modes de fonctionnement que l’on n’avait pas forcément vus pendant ces 24 mois de quasi-arrêt dus à la crise sanitaire. Le Brexit est effectif depuis une année et il est encore difficile de savoir quelle sera la part du Brexit et celle du Covid dans la baisse du trafic vers la Grande-Bretagne", estime Jean-Marc Roué, suite à sa visite le 5 avril dernier, sur le port de Caen-Ouistreham avec Sophie Gaugain, vice-présidente de la Région Normandie en charge du développement économique et Philippe Deiss, directeur de Ports de Normandie.
Premier constat : "Depuis l’arrivée du Brexit, le fret a enregistré un recul de 15 % de notre activité sur la façade Manche", confirme le président de la compagnie maritime. Mais pas seulement, car il apparaît des disparités de traitement lors du contrôle des douanes dans les ports, notamment entre celui de Ouistreham et celui du Pas-de-Calais. Une situation que dénonce fortement le président de la Brittany Ferries : "Il y a plus de contrôles en pourcentage sur le port de Ouistreham que dans les Hauts-de-France, ce qui entraîne une baisse de la fluidité de notre trafic et une forte pression sur les clients. De même, pour les passagers contrôlés à l’embarquement et au débarquement. Pourquoi cette différence de traitement ? Ce n’est pas supportable et cette situation nous est très défavorable en termes de compétitivité et de concurrence", dénonce Jean-Marc Roué.

Ces inquiétudes ont été rapportées à Jean-François Rapin, président de la Commission des affaires européennes du Sénat ainsi qu’à Pascal Allizard, sénateur du Calvados, présents à la visite du port de Ouistreham. Les deux élus, suivis par Sophie Gaugain, demandent à l’État, de faire "la clarté sur cette asymétrie de moyens et de traitement dans les ports normands et calaisiens".

Un trafic Transmanche malmené depuis deux ans

Par ailleurs, l’entrée en vigueur, en octobre prochain, du dispositif européen EES (Entry Exit System), soit l’établissement d’un passeport biométrique, ajoute à l’inquiétude de la compagnie maritime. "Notre chance est d’avoir une façade française nord très privilégiée pour ce qui concerne le tourisme et le commerce avec la Grande-Bretagne. Mais si on ne fait rien pour corriger le tir concernant ces difficultés de traitement avec les Hauts-de-France, c’est toute notre filière portuaire connectée au Transmanche, que ce soient les manutentionnaires, les transporteurs routiers ou les hôteliers, qui sera touchée. Cela entraînera encore des pertes en volumes et mettra en péril, non seulement l’attractivité d’un territoire, mais aussi l’avenir de la Brittany Ferries", assure Jean-Marc Roué.

Depuis la crise sanitaire et le Brexit, la Brittany Ferries (2 474 salariés dont 1 600 navigants) a enregistré un chiffre d’affaires de 202,4 millions d’euros (contre 469 M€ en 2019). Elle a accueilli 752 102 passagers en 2020 (contre 2 498 354 en 2019) et 160 377 véhicules de fret en 2020 (201 554 en 2019). Des résultats en baisse que la compagnie maritime souhaite vivement remonter, notamment en renforçant son engagement en faveur du tourisme en Irlande. Elle vient d’ailleurs d’annoncer une traversée hebdomadaire supplémentaire entre Roscoff en Bretagne et Cork en Irlande dès cette année.

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