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Bohin France se pique d’une nouvelle jeunesse
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Bohin France se pique d’une nouvelle jeunesse

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Bohin France, dernier fabricant tricolore d’aiguilles à coudre, vient de changer de mains. Audrey et Fabien Régnier ont racheté l’entreprise de l’Orne à Didier Vrac, et se sont fixé trois objectifs : développer l’attachement à la marque, réactiver l’export et augmenter la productivité du site.

La fabrication d’une aiguille à coudre nécessite 27 étapes et deux mois de production
— Photo : © Romain Chocart

« Le pari était risqué mais l’entreprise en valait la peine et je ne regrette rien. » Lorsqu’Audrey Régnier est nommée en 2011 comme chef de projet avec pour mission de mettre en avant l’histoire de Bohin France, dernier fabricant tricolore d’aiguilles à coudre, d’épingles de sûreté à boule et d’épingles à tête de verre, elle ne se doute pas que sept ans plus tard, elle serait à la tête de l’entreprise. Pourtant, Bohin France, qui fête ses 185 ans cette année, dernière survivante d’un savoir-faire français unique, se pique d’une nouvelle jeunesse.

Audrey Régnier: "« Nous avons eu un vrai coup de cœur pour cette entreprise qui fonctionne comme une grande famille," — Photo : Isabelle Evrard - Le Journal des Entreprises

Didier Vrac, président depuis 1997, a fait valoir ses droits à la retraite et passé le relais aux époux Régnier, le 1er janvier dernier. « Nous avons eu un vrai coup de cœur pour cette entreprise qui fonctionne comme une grande famille, mêlant production industrielle et cadence artisanale », reconnaît Audrey Régnier, directrice générale de l’entreprise. Auparavant directrice du musée La Manufacture Bohin, qu’elle a contribué à créer en 2014, la jeune femme baignait déjà au quotidien dans l’entreprise. Mais cette fois, elle n’est plus seule : son mari, Fabien, a embarqué dans l’aventure et s’est vu confier les directions technique, financière et commerciale.

Ouverture au public

Installée à Saint-Sulpice-sur-Risle, dans l’Orne, dans un bâtiment inscrit au titre des Monuments historiques, Bohin France emploie une quarantaine de salariés et a enregistré 4,2 M€ de chiffre d’affaires en 2017, en hausse de 5 %, dont 20 % à l’export. « La passation de pouvoirs avec Didier Vrac s’est fait dans la continuité, mais nous nous sommes fixés plusieurs objectifs pour anticiper le futur », annonce Audrey Régnier.

« L’usine repose sur l’utilisation de machines anciennes, certaines datant du XIXe siècle. La plus jeune a cinquante ans ! »

Développement de nouvelles lignes de production et de nouvelles gammes d’ici deux à cinq ans, mais aussi un vrai travail de fond sur le développement de la marque et sur le packaging. L’entreprise compte embaucher une dizaine de salariés supplémentaires dont un régleur machines : « une compétence très rare, très difficile à trouver, car l’usine repose sur l’utilisation de machines anciennes, certaines datant même du XIXe siècle. La plus jeune machine a cinquante ans ! Nous avons essayé de les moderniser mais, au final, nous avons perdu en qualité et en efficacité. Donc nous fonctionnons avec nos machines à l’ancienne, beaucoup plus qualitatives pour nos produits. »

L'usine Bohin utilise des machines très anciennes — Photo : © Isabelle Evrard - Le Journal des Entreprises

L’entreprise s'est aussi engouffrée dans le créneau du tourisme industriel, en ouvrant ses portes six jours sur sept au public. « Les visiteurs peuvent découvrir le travail de l’atelier de production. Nous avons deux personnes dédiées aux visites et qui expliquent le parcours de fabrication d'une aiguille à coudre. Un travail qui nécessite 27 étapes et deux mois de production, depuis le choix du fil d’acier carbone jusqu’à la mise en pochettes », explique la directrice. « Le parcours a été conçu pour que les visiteurs puissent explorer la partie production et poser directement des questions à nos salariés. » Une réussite, puisque l’usine accueille entre 15 000 et 20 000 visiteurs chaque année.

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