Elles sont au nombre de six : AMG Industries, Ressort Masselin, Arelis, Dedienne Multiplasturgy, Correge et Ingeliance. Six PME « matures » que l'association Normandie AéroEspace (NAE) a identifiées comme de potentielles ETI (entreprises de taille intermédiaire). Leur principal point commun : elles emploient toutes cent salariés et plus. Cent sept pour AMG Industrie (lire notre édition de mars 2013) et près de quatre cent cinquante pour le groupement Ingeliance. Un élément fondateur de ce « club » restreint mais pas fermé dont l'objectif est de favoriser dans les années qui viennent la croissance de ses membres.
Séduire durablement les donneurs d'ordre
En filigrane, c'est un statut « de partenaire incontournable et pérenne » des grands donneurs d'ordres de l'aéronautique et de la défense que NAE veut aider ces pépites régionales à consolider. « Ce sont toutes des entreprises qui ont un projet stratégique écrit et partagé par les équipes », précise Fabienne Foliot, la directrice de NAE. Des entreprises déjà performantes en terme de qualité et de respect des délais qui devront à l'avenir « être capable de prendre en charge des gros sous-ensembles et pas uniquement des pièces en série dont elles sont chacune spécialistes dans leur domaine ». Pour les promoteurs de cette action collective, il apparaît donc clairement que les entreprises participantes ont vocation à travailler ensemble, même si cet objectif est aujourd'hui plus symbolique que prioritaire. « Nous avons beaucoup de chance car elles ne sont pas en concurrence les unes avec les autres », note Fabienne Foliot. Elles affichent au contraire « une belle complémentarité ». « Dedienne Multipasturgy et Ingeliance ont déjà travaillé ensemble sur une offre commune pour Aircelle », rappelle la directrice de NAE qui ne perd pas de vue l'essentiel : que ces entreprises se donnent les moyens de grandir, « individuellement ou collectivement ». Après une première réunion de calage en début d'année, les choses sérieuses se dessinent véritablement à compter d'avril. « Nous entrons dans une phase d'autoévaluation des performances ; les entreprises se « scorent » elles-mêmes et identifient leurs points forts pour en faire profiter les autres ». Fabienne Foliot cite en exemple le Rouennais Ressort Masselin qui a créé en 2012 une joint-venture en Inde et qui bénéficie aujourd'hui d'une réelle expérience sur ce marché spécifique : « on sait que si le groupe Dassault aboutit sur le marché du Rafale dans les mois qui viennent, il recherchera des partenaires, éventuellement français, avec une implantation locale. Et nous regardons ça de très près », confirme Fabienne Foliot. « De la même manière, nous avons identifié que l'entreprise Ingeliance bénéficiait d'un taux de pénétration élevé chez Aircelle », au point d'être en attente d'un agrément fournisseur pour le compte du groupe Safran.
Rencontre avec un responsable achats de Safran
Techniquement, les membres du groupe prévoient de se consacrer une journée tous les deux mois pour apprendre, en premier lieu, à mieux se connaître : « on sent que la clé de la réussite c'est la confiance que ces entreprises ont les unes envers les autres ». Le quatre avril une rencontre était organisée avec un responsable des achats du groupe Safran (Aircelle, Snecma, Sagem, Morpho...) « dans le but de lui présenter les points forts du groupe, toute l'énergie qu'il y a dans tout cela », mais aussi et surtout de recueillir des informations sur la stratégie d'achat du groupe. « Dans l'esprit il s'agit d'une réunion informelle qui vise à faciliter l'échange et aussi à lui demander son avis sur notre démarche », explique la représentante de NAE. Une rencontre du même type est d'ores et déjà programmée en juin avec Thales à l'occasion du Salon du Bourget. Une édition sur laquelle NAE viendra en force avec un pavillon qui doublera de taille pour accueillir vingt-sept entreprises normandes dans le prestigieux Hall2 où sont présents tous les grands noms de l'aéronautique.
Guillaume Ducable
La filière aéronautique normande initie à compter d'avril un programme (« Devenez des champions ») destiné à faire monter en puissance six PME identifiées comme de futurs champions industriels.
