OVH, l'hébergeur roubaisien dont on ne présente plus le nom dans le monde du cloud et des serveurs informatiques affiche dorénavant son nom aux États-Unis et en Asie. L'ETI française se donne les moyens de devenir un grand groupe international. Premier hébergeur Internet en Europe et troisième dans le monde, en nombre de serveurs, le Roubaisien se verrait bien atteindre le milliard d'euros d'ici à 2020, voire même avant. Pour accélérer sa croissance et construire une dizaine de data centers à travers le monde, le leader OVH a finalisé, le mois dernier, une levée de 250 millions d'euros auprès des fonds KKR et Towerbrook Capital Partners. La famille Klaba conserve une participation majoritaire et le contrôle de la stratégie et des opérations de l'entreprise, conjointement avec la direction d'OVH.
Première ouverture de capital
C'est la première fois qu'OVH Group ouvre son capital à des organismes extérieurs. Le Roubaisien avait déjà levé 267 millions d'euros fin 2014, après une opération de 140 millions d'euros en mars 2013, mais il s'agissait à l'époque de crédits syndiqués auprès du pool bancaire historique du groupe et d'un emprunt obligataire sous forme de placement privé (Euro PP). L'expansion américaine était déjà à l'ordre du jour de ces deux opérations financières. Avec cette levé e de 250 M?, OVH vise l'installation de nouvelles infrastructures cloud, et notamment sur les continents américain et asiatique. À l'heure où nous bouclons cette édition, les villes de Varsovie, Sydney et Singapour ont été dotées de datacenters OVH. « D'ici octobre 2017, sept autres destinations sont sur la feuille de route, aux États-Unis, en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Angleterre et aux Pays-Bas. Dès fin 2016, le centre de données de Virginie sur la côte Est des États-Unis sera en production. Pour la côte Ouest, il faudra attendre début 2017 », explique Laurent Allard, directeur général d'OVH Group qui possédait jusqu'ici 17 data centers. « Cette levée de fonds entre dans notre plan de développement 2015-2020 estimé à 1,5 milliard d'euros. Nous fonctionnons avec des feuilles de route définies tous les cinq ans. L'implantation des nouveaux datacenters répond à une demande de nos clients. Ils nous demandent toujours plus de services innovants et un accompagnement pour héberger leurs données en local. Les clients attendent de nous un positionnement à la fois global et local. C'est pour ça que nous avons opté pour ce vaste plan de déploiement de nouveaux centres de données », précise Laurent Allard.
Coup d'accélérateur
Avec un chiffre d'affaires de 320 millions d'euros - en croissance organique de 30 % - et des forces commerciales déployées dans 16 pays, OVH compte 1 million de clients dans plus de 130 pays pour plus de 250.000 serveurs dans le monde. Le groupe prévoit déjà l'installation de 80.000 nouveaux serveurs informatiques pour l'année à venir, selon les dires de son directeur général. La participation des fonds KKR et TowerBrook, minoritaire dans le capital de l'ETI, apporte au groupe un sacré coup d'accélération dans son déploiement international. « Nous aurions pu construire 10 datacenters de plus, en autofinancement, en 4 ans. Là, nous le ferons en 12 mois », ajoute Laurent Allard qui s'attend à des perspectives de croissance record avec ces nouveaux moyens mis en place. Dans son plan de développement 2015-2020, un nouvel accent est également mis sur la démarche commerciale.
« Acteur du cloud mondial »
« Nous avons trois potentiels de croissance. L'axe historique, celui de l'innovation technologique, nous garantit une croissance des ventes avec les nouveaux produits. Les 10 nouveaux datacenters nous offrent une augmentation de capacité et de nos perspectives globales. Et puis, il y a tout un travail sur l'organisation des canaux : bien que les demandes online soient majoritaires, la part des grands comptes et du réseau des partenaires intégrateurs se développe », fait s avoir Laurent Allard. Et puis il y a les bonnes surprises, le déploiement international des nouveaux datacenters apporte des opportunités de business inattendues. « C'est le cas de LVMH, par exemple, puisque le business en France est conditionné, pour eux, par une présence en Asie Pacifique, le déploiement nous ouvre donc d'autres portes d'entrée. Ou bien l'exemple de clients, comme Villeroy & Boch, qui nous confie la gestion du site mais pas le back-office puisque nous ne sommes pas présents chez eux, en Allemagne. Ça sera désormais possible », conclut Laurent Allard.
