Lipofabrik a vu le jour fin 2012, à l’initiative de Philippe Jacques et François Coutte, deux chercheurs de l’institut Charles Violette de l’Université de Lille 1. S’appuyant sur 20 années de recherche, ils sont devenus entrepreneurs avec une ambition forte : remplacer les pesticides chimiques par des formulations à base de lipopeptides.
Une efficacité similaire aux produits chimiques
Produites à partir de bactéries, les lipopeptides sont des molécules aux propriétés antifongiques. Elles sont par ailleurs peu toxiques et biodégradables. Lipofabrik a démarré son activité en déposant un brevet sur une molécule de ce type : « C’est la première fois qu’une molécule biologique est aussi efficace que les molécules chimiques », déclare Arnaud Delecroix, président de Lipofabrik. D’autant que quatre années de tests en serres et en champs sont là pour le prouver : la molécule en question a montré une protection des cultures contre les champignons – comme le mildiou pour la tomate par exemple – aussi efficace que la protection offerte par les produits chimiques. « Et cette molécule permet en plus un meilleur rendement, avec 10 à 15 % de croissance supplémentaire de la plante », poursuit le dirigeant. Ce brevet est aujourd’hui en cours de délivrance internationale. Lipofabrik produit à présent six autres molécules de ce type. « Le traitement des cultures restera le premier marché visé, mais les lipopeptides trouveront également des débouchés dans le domaine des cosmétiques », indique Arnaud Delecroix.
Une levée de fonds en cours
A terme, Lipofabrik commercialisera donc des formulations à base de lipopeptides, qui entreront dans la composition de produits finaux phytosanitaires et cosmétiques. Pour accélérer son développement, la société finalise une levée de fonds, « dont le montant sera supérieur à 1 M€ », précise le dirigeant. Il s’agit de la deuxième opération de ce type pour Lipofabrik, qui avait déjà levé 630 000 €, consacrés à son lancement et à son développement. Cette nouvelle enveloppe va lui permettre d’investir dans une cuve de production de lipopeptides, dix fois plus grande que la précédente, en vue d’assurer une production pour le 2e semestre 2018. « Lipofabrik avait déjà installé en 2017 le premier pilote industriel de production de lipopeptides en Europe », note Arnaud Delecroix.
Un marché à 13 milliards de dollars
Côté concurrence, « une production de lipopeptides existe déjà au Japon et l’on trouve ailleurs quelques acteurs en mode expérimental. Notre domaine d’activité est tellement pointu que ce n’est pas évident pour un nouvel entrant d’arriver sur ce marché. » Le marché des traitements de cultures antifongiques est d’ailleurs évalué à 13 Md$. Lipofabrik a déjà noué des partenariats industriels et commerciaux avec des acteurs majeurs du secteur phytosanitaire, ce qui lui offre de belles perspectives. L’équipe dirigeante vise un chiffre d’affaires prévisionnel de 90 M€ en 2027. La société compte pour le moment 9 salariés, dont 6 ingénieurs de niveau docteur. Et de nouvelles embauches sont prévues en 2018 et 2019.
