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Le Relais : La fibre pour construire durablement s'affirme avec Métisse
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Le Relais : La fibre pour construire durablement s'affirme avec Métisse

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Acteur social et solidaire de la collecte textile, Le Relais est leader français. Née à Bruay-la-Buissière (Pas-de-Calais), l'entreprise vient d'ouvrir une usine dédiée à la fabrication de son isolant thermique Métisse.

— Photo : Le Journal des Entreprises

La dixième Scop de France en termes de chiffre d'affaires abrite sa croissance au vert à Bruay-la-Buissière, dans le Pas-de-Calais. Connu ou presque de tous avec ses containers où l'on dépose ses vêtements, Le Relais, membre d'Emmaüs France, se veut, en coulisses, humble et discret. Et pourtant avec 1 800 salariés et la création d'un emploi par semaine depuis 1984, ouvert à des personnes en difficulté, cette entreprise sociale et solidaire « prouve qu'elle peut être performante économiquement et socialement », comme le résume Pierre Duponchel, son PDG. Avec 54 M€ de chiffre d'affaires pour l'ensemble de ses activités, l'entreprise s'affirme comme le leader français de la collecte du tri et de la valorisation des textiles et du réemploi via les boutiques Ding Fring.

Métisse pourrait être dupliqué

Le Relais va aussi plus loin et prouve que l'innovation est au coeur de sa stratégie d'avenir. Preuve en est Métisse. Cet isolant thermique et acoustique est aujourd'hui sous les feux de l'actualité. « Nous venons d'ouvrir une usine à Douvrin pour initier des volumes de production significatifs. L'investissement est proche des trois millions d'euros et cinq emplois ont déjà été créés », dévoile Pierre Duponchel.

Après sept ans de R&D, Métisse porte beaucoup d'espoirs de développement. D'un rythme initial de 200 000 m² produits chaque année, l'unité pourrait monter jusqu'à 600 à 800 000 m² par an. « Nos clients sont en BtoB mais aussi en BtoC via des revendeurs ou des distributeurs. » D'ores et déjà, Métisse se décline au sein d'entreprise comme ïdLog, l'entrepôt d'Okaïdi à Roubaix - Leers. Dans la stratégie de croissance de ce matériau, Pierre Duponchel n'imagine pas de grosses unités de production: « Mieux vaut dix sites Métisse situés à proximité des utilisateurs finaux qu'un seul important. » Issu de fibres cotons à qui il donne désormais une valeur ajoutée, Métisse pourrait judicieusement s'adosser à la douzaine de centres de tri que Le Relais possède en France.

Maillage du tri en France

Dans le courant de l'année, Le Relais va justement étendre son maillage et ouvrir deux centres de tri supplémentaires: l'un dans le Gers et l'autre dans La Loire, à Pélussin. Mais la spécificité de la Scop est de s'être déployée à l'international. Elle est implantée en Afrique, au Burkina-Faso, Sénégal et Madagascar. Outre des friperies où sont revendus des vêtements « où l'on peut s'habiller bien et pas cher, mais sans concurrencer les vêtements traditionnels africains qui sont plus onéreux », précise le responsable du Relais.

Ces entités africaines génèrent 350 emplois directs et 3 500 emplois indirects. Elles ont aussi permis le lancement d'autres activités comme une coopérative agricole, un centre de formation pour orphelins et plus surprenant une usine d'assemblage et de conception de voitures adaptées au marché local.

Essor en Afrique

Pour les années à venir, le réseau d'entreprises sociales ne devrait pas manquer de projets en Afrique comme en Europe. « Avoir trois ou quatre nouveaux Relais en Côte d'Ivoire ou au Congo ne serait pas étonnant. » Pierre Duponchel confie également recevoir des sollicitations pour être présent dans certains pays de l'Est, comme la Moldavie ou la Roumanie.

Un oeil sur le textile en France et à l'international, le PDG en a aussi un autre sur le groupement d'entreprises d'insertion que Le Relais rassemble sous sa bannière. Les horizons sont divers. Cela va de Lyd France, le fabricant de peintures, qui lui aussi innove. « Notre peinture Nérée est fabriquée à partir de matières recyclées notamment régionales. Elle est en phase de développement commercial. »

«La responsabilité de conforter d'autres publics»

Il y a aussi Espérance, avec ses compétences en conditionnement et Façon Relais qui propose du travail à façon en assemblage, contrôle qualité, logistique, etc. Deux autres champs d'actions complètent la palette d'activités: Les Toits de l'Espoir qui réhabilitent quelque 150 habitations insalubres par an. Enfin la Scop est aussi à l'origine d'Interinser, une agence d'intérim spécialisée dans l'insertion des chômeurs de longue durée.

Au final, dans toutes ces initiatives actuelles et futures, il y a un fil conducteur. « Nous aurions pu nous contenter de renforcer nos positions sur la filière textile et vivre sur nous-mêmes, mais non. Il est de notre responsabilité de conforter d'autres publics », conclut Pierre Duponchel.

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