Le groupe Ecophos compte parmi les investisseurs belges qui se sont laissé séduire par les Hauts-de-France. Ce producteur de phosphates pour l'alimentation animale fait le pari d'investir une centaine de millions d'euros dans deux usines à Dunkerque.
Un premier site à 85 M€
Une première usine, Aliphos Dunkerque, est opérationnelle depuis juin. Représentant un investissement de 85 M€, ce site a la particularité de produire un phosphate nouvelle génération, baptisé Dical +. Celui-ci présente une digestibilité de 82 % « unique au monde ». « Nos concurrents ne sont pas en mesure de le faire », affirme Mohammed Takhim, président du groupe Ecophos.
L'investissement a été financé à hauteur de 45 M€ sur fonds propres et de 40 M€ par emprunt bancaire. « Ecophos réalise de beaux revenus », sourit le dirigeant. Passionné de chimie, l'entrepreneur Mohammed Takhim a fondé Ecophos en 1996, alors qu'il n'avait que 20 ans. Il est aujourd'hui à la tête d'un groupe qui affiche un CA de 150 M€ et un Ebitda de 20 M€. Celui-ci emploie 300 personnes et possède trois sites de production (Pays-Bas, France et Bulgarie), en plus de son siège situé à Louvain-La-Neuve, en Belgique.
90 emplois générés
L'usine dunkerquoise affiche une capacité de 220 000 tonnes de phosphates par an. 30 % seront distribués sur le marché français et le reste partira vers l'Europe. « C'est pour cette raison que nous avons retenu le port de Dunkerque : les exportations se feront par là », explique le dirigeant. Il ajoute : « Nous comptons aussi en profiter pour importer des matières premières depuis l'Afrique du Nord ou l'Europe. »
Dès la fin de l'année, l'usine atteindra 70 à 80 % de sa capacité totale, et entre 80 et 100 % dès 2019. Ce site devrait générer en vitesse de croisière « un chiffre d'affaires compris entre 60 et 100 M€, en fonction des variations de prix sur le marché », indique le dirigeant. Cet investissement a généré près de 90 emplois à Dunkerque, dont 49 directs, sachant que « 50 de plus sont prévus à terme », note le dirigeant.
Une deuxième usine
Séduit par le Dunkerquois, Mohammed Takhim envisage déjà la création d'une deuxième usine. « Les études sont en cours, la recherche de partenaires aussi », indique-t-il. Le site devrait voir le jour d'ici deux ou trois ans. Il aura la particularité de produire des phosphates à partir de cendres volantes, issues de l'incinération des boues de station d'épuration.
En plein dans l'économie circulaire, cette usine représente un investissement de 35 M€. Selon le dirigeant, elle devrait permettre de multiplier par deux ou trois le nombre de collaborateurs du groupe à Dunkerque. Au démarrage, ce site traitera 100 000 tonnes de cendres volantes mais l'idée est « d'en faire la plus grosse usine de ce type au monde, si ce n'est la seule », s'enthousiasme le dirigeant. Il tempère ensuite : « Mais mon premier défi est de renforcer la rentabilité et la compétitivité de l'usine actuelle. »