Créée en 1983 par des passionnés d'agriculture, le groupe Isagri a grandi autour d'une ambition : révolutionner le marché agricole français en rendant l'informatique accessible au plus grand nombre. Il représente dorénavant un chiffre d'affaires global de 150 millions d'euros.
Les experts-comptables, première diversification
Historiquement tourné vers le marché agricole, pour lequel il est devenu un acteur de l'agriculture numérique, « Isagri aide les agriculteurs et les experts-comptables à gérer plus finement leurs entreprises avec des logiciels de gestion et de comptabilité (suivi de parcelles, conduite de troupeaux, pilotage de la vinification...). Cela fait 30 ans que nous équipons les agriculteurs, les experts-comptables qui travaillaient dans le milieu étaient attentifs à l'expérience de leurs clients et ont, finalement, provoqué une première diversification d'activités en nous demandant de modifier nos outils pour eux », explique le président fondateur, Jean-Marie Savalle.
Progressivement, l'entreprise picarde a adapté une partie des services informatiques et logiciels à destination des experts-comptables. « Nous avons saturé le parc des comptables spécialisés dans l'agriculture, pour ce qui est du reste de la profession : c'est un marché qui croît fortement sur une base de 15 à 20 % d'augmentation par an », poursuit Jean-Marie Savalle avant de continuer : « Sur les logiciels, nous sommes le troisième acteur français avec 20 % du marché et espérons bien passer 2e avec de nouveaux logiciels de production, sur la partie conseils notre filiale EIC équipe les deux-tiers des cabinets français, ce qui fait de nous le numéro 1 ». L'objectif : doubler sa présence sur ce segment à l'horizon 2025. En dehors de ces deux pans d'activité, le groupe Isagri vient de finaliser deux acquisitions, lui offrant de nouvelles opportunités de diversification.
Acquisition d'Irium Software
Le spécialiste du numérique agricole ajoute une corde à son arc avec l'acquisition d'Irium Software, un éditeur intégrateur de progiciels de gestion pour le secteur des distributeurs, loueurs et importateurs de matériels et véhicules. Une croissance externe qui permet également « des opportunités sur un portefeuille de grands clients (coopératives agricoles, négoces et agro-fournisseurs) et de grands fournisseurs », explique le président fondateur. Un marché qui en ouvre un autre, par effet domino : celui des machines du BTP, de la location, du transport, etc. « Irium effectuait l'essentiel de son chiffre d'affaires dans le machinisme agricole mais obtenait, tout de même, 40 % de CA diversifié », précise Jean-Marie Savalle avant d'ajouter qu'Irium « vivra sa vie en tant que structure et continuera à se diversifier. Notre démarche est de consolider cette entreprise, d'y investir en technologies et partager nos compétences », fait savoir le dirigeant qui pourra compter sur le data center du groupe, Hexanet, d'une capacité de 45 000 serveurs hébergés, à Reims.
Multiplier par quatre l'international
Parmi les leviers de croissance du groupe, Isagri compte sur de nouvelles parts de marché à prendre en France dans le monde agricole, via des nouveaux produits encore sous le sceau du secret. Le groupe qui a racheté, en 2015, Landmark Systems, leader anglais du secteur, pour un montant non communiqué, a annoncé l'année dernière vouloir investir 50 millions d'euros, dans les quatre ans, pour créer une nouvelle gamme de produits. L'export, sachant que le président a pour ambition de multiplier par 4 sa présence à l'international dans les dix années à venir, sera l'autre grand axe de développement. L'entreprise picarde est présente dans 11 filiales étrangères qui emploient 160 personnes, sur les 1.450 salariés que compte le groupe. « Aujourd'hui, Isagri affiche 15 millions d'euros de chiffre d'affaires à l'international. Pour multiplier l'export, nous allons privilégier les croissances externes ». Le dirigeant avoue avoir des vues sur la Chine, où le marché du porc, par exemple, est mirobolant ou encore les gros élevages des pays de l'Est. L'Afrique aussi, mais dans un second temps.
Médias
Autre activité moins soumise à forte croissance, mais non moins notable puisqu'elle représente 40 millions d'euros de chiffres d'affaires : une vingtaine de titres de presse spécialisés dans l'agriculture, la viticulture, l'agro-fourniture et l'agro-alimentaire. « Dont le média ténor, connu de tous les agriculteurs, "La France Agricole", mais le potentiel de croissance est beaucoup plus faible », conclut Jean-Marie Savalle qui vient de reprendre le groupe de presse CIP, en décembre 2016, propriétaire notamment du titre " Matériel agricole ".
