Nord
Indelec investit dans un centre de recherche sur la foudre
Nord # Production et distribution d'énergie # Investissement

Indelec investit dans un centre de recherche sur la foudre

S'abonner

À Douai (Nord), le fabricant de paratonnerres Indelec s'est doté d'un laboratoire d'essais haute tension. Un centre de recherche privé sur la foudre unique en son genre, fruit d'un investissement de 2 millions d'euros pour la PME familiale.

Fondée il y a 60 ans, la PME Indelec compte 130 000 paratonnerres installés dans le monde. Elle travaille avec 80 pays partenaires et possède trois implantations en Inde, au Vietnam et au Brésil — Photo : Indelec

Reproduire la foudre en modèle réduit et au beau milieu des locaux d’une entreprise : cela relèverait presque de la science-fiction. Pourtant, la PME Indelec (200 salariés, 30 M€ de CA), basée à Douai (Nord), est en mesure de le faire.

Ce fabricant de paratonnerres vient de se doter d’un centre de recherche dédié à la foudre, sur 1 400 m². Au cœur de celui-ci, un laboratoire d’essais haute tension renferme un immense générateur, qui permet de recréer le phénomène de foudre. La puissance est toutefois inférieure, le générateur allant jusqu’à 1,6 million de volts, mais le comportement est similaire.

« À ma connaissance, nous sommes en France les seuls acteurs du secteur privé à avoir ce genre d’équipement. Il en existe deux ou trois autres, mais dans le cadre de la recherche universitaire », souligne Arnaud Lefort, qui codirige cette société depuis 30 ans avec son frère, Bertrand Lefort.

Des paratonnerres connectés

L’investissement consenti est d’environ 2 M€, dont 1,7 M€ pour le bâtiment, qui a été subventionné à hauteur de 10 % par la communauté d’agglomération du Douaisis. Les équipements ont quant à eux nécessité 150 000 euros.

« L’objectif est de booster notre innovation, notre compétitivité et de donner une nouvelle impulsion au développement de l’activité », explique Arnaud Lefort. Indelec emploie 200 salariés et réalise un chiffre d’affaires de près de 30 M€, stable ces trois dernières années. La société consacre actuellement 5 % de ce CA à la R&D. Le nouveau centre doit servir à l’amélioration et à la certification de la performance des produits, puisque le laboratoire permet une évaluation à la micro-seconde du temps de réaction des paratonnerres.

Il doit aussi permettre de connecter les paratonnerres produits par Indelec. « Ce n’est pas simple car les courants de foudre génèrent des problèmes dans l’électronique », explique Arnaud Lefort. Il ajoute : « Nous pourrions être opérationnels dans un an et demi. Cela va faciliter la gestion de la maintenance, que nous assurons pour les clients ».

Croître en France et à l’international

20 % des paratonnerres produits par Indelec à Douai sont vendus en France, pour protéger des sites industriels ou logistiques (60 % des débouchés), des bâtiments de collectivités (20 %) et des bâtiments historiques (20 %). « En France, nous sommes leader en chiffre d’affaires, ainsi qu’en nombre de salariés et d’implantations, sur un marché qui représente 100 M€. C’est un marché de niche sur lequel on trouve une dizaine d’acteurs », explique Arnaud Lefort.

Sur ce marché, Indelec est « deux fois plus gros » que son principal concurrent. « Dès les années 90, nous avons fait le pari d’être présents sur l’ensemble du territoire », commente le dirigeant. Même s’il est restreint, « le marché français reste intéressant ». Pour continuer à s'y développer, Indelec améliore la performance de ses produits et développe les services liés.

« Au Brésil, il nous a fallu six mois rien que pour ouvrir un compte bancaire... Ce sont les surprises de l’export. »

Indelec est également présent depuis les années 70 à l’international. « C’est différent », note le dirigeant, « la clientèle est plus variée ». Les gros marchés d’Indelec sont situés en Amérique latine, en Afrique centrale et de manière générale, dans toutes les zones tropicales.

La PME noue généralement des partenariats durables avec des distributeurs locaux, avec toutefois trois exceptions. En Inde, au Brésil et au Vietnam, Indelec a choisi d’ouvrir ses propres locaux : « ce sont des marchés importants, c’était donc tentant d’y aller nous-mêmes. S’implanter reste moins cher que de racheter un acteur local : c’est davantage dans la démarche d’une PME », explique Arnaud Lefort. Cette démarche, Indelec ne s’interdit pas de la reproduire, mais pas avant d’avoir transformé l’essai au Brésil, où la PME est arrivée en 2017. « Il nous a fallu six mois rien que pour ouvrir un compte bancaire là-bas : toutes les deux semaines, il fallait renvoyer des tas de documents... Ce sont les surprises de l’export ».

Se lancer dans la formation

Le centre de recherche comporte aussi un campus et un espace de coworking. La PME veut s’ouvrir à un public extérieur et accueillir des ingénieurs, chercheurs, porteurs de projet, partenaires ou acteurs du marché de l’énergie et du bâtiment, le tout dans une démarche d’open innovation.

Quant au campus, il va permettre de former en interne, au rythme d’une cinquantaine de salariés par an. Un point crucial dans la mesure où « on ne trouve pas sur le marché des personnes spécialisées dans la protection foudre. Nous devons former nos salariés nous-mêmes », explique le dirigeant. Et d’ajouter : « Je voudrais en faire un vrai centre de formation, recevant aussi des personnes de l’extérieur ». Une diversification qui constituera une source de revenus supplémentaires pour la PME.

Nord # Production et distribution d'énergie # Investissement # Innovation