Lille
Herbeau se lance à la reconquête des États-Unis
Lille # Industrie # International

Herbeau se lance à la reconquête des États-Unis

S'abonner

Après des difficultés financières puis règlementaires, le fabricant lillois de sanitaires haut de gamme Herbeau s’apprête à renouer avec son marché le plus important : les États-Unis.

Entre ses ateliers de Desvres (Pas-de-Calais) et de Lomme (Lille), Herbeau fabrique ses lavabos, toilettes et baignoires haut de gamme en petites séries. La majeure partie de sa production est destinée à l'export — Photo : Jeanne Magnien - Le JDE

Depuis sa création en 1857 à Lille, la PME familiale Herbeau n’aura pas coulé que des jours paisibles. Repris en 1997 par Lionel Herbeau, le fabricant de sanitaires haut de gamme a connu une période faste, avant de nombreux déboires. Réorganisée et remise sur pieds, l’entreprise est désormais prête à opérer son grand retour aux États-Unis, l’un de ses principaux marchés, dont elle a dû se détourner ces dernières années.

Crise et problème réglementaire

« Historiquement, nous avons toujours été forts à l’export - en Allemagne, en Belgique et en Angleterre. À mon arrivée dans l’entreprise, j’ai vite misé sur les États-Unis, avec succès, au point que nous avons créé une structure sur place. Entre 2003 et 2009 nous avons connu une croissance de plus de 100 % par an sur le marché américain. Nous avons même figuré dans un classement des 500 entreprises américaines les plus performantes », retrace Lionel Herbeau. « Le problème, c’est que nous avons créé un colosse aux pieds d’argile, avec une entreprise qui, en France, n’était pas assez structurée. Tout reposait sur une croissance non-rentable, et quand le rythme s’est tassé, on a bu la tasse. En 2005, on s’est retrouvé en redressement. Nous avons pu retourner la situation en 2007… juste avant la crise. Après 2008, nous avons perdu la moitié de notre chiffre d’affaires. »

« Mon objectif aujourd'hui, c’est : "make Herbeau great again" ! »

S’ensuivent quatre années difficiles, jusqu’au coup de grâce, en 2012. « La réglementation américaine sur les taux de plomb dans les alliages en contact avec l’eau potable a changé. Pour exporter notre robinetterie aux États-Unis, il fallait tout revoir et donc, investir. J’ai été très tenté de tout arrêter, mais j’ai trouvé un actionnaire qui a cru en nous, et avec qui les synergies sont évidentes. » Fin 2012, Herbeau devient une filiale à 100 % de Winckelmans, fabricant lillois de carreaux de grès cérame. Herbeau travaille d’arrache-pied pour obtenir les agréments américains, décrochés finalement en 2017.

Un passeport pour la reconquête

Passée de 5 à 1M€ de CA et de 52 à 14 salariés en une dizaine d'années, la PME veut reconquérir le terrain perdu. « L’objectif, c’est "make Herbeau great again" », sourit Lionel Herbeau, qui rentre d’une tournée américaine. « Nous avons conservé notre structure et des contacts là-bas, mais il faut tout réactiver. L’avantage, c’est que nous avons un gros capital sympathie. Les Américains adorent nos produits et notre histoire familiale. En tant que dirigeant de la cinquième génération, je suis un outil marketing à moi tout seul ! »

Pour Herbeau, les planètes semblent enfin alignées. « L’entreprise est bien structurée ici, et là-bas, beaucoup de nos concurrents européens n’ont pas obtenu la fameuse norme. Notre principal concurrent américain est en perte de vitesse, et l’économie américaine décolle. Nos clients sont ravis de nous voir revenir, et nous sommes avides de croissance. Nous sommes en position de doubler le chiffre d'affaires sans sourciller. » De nouveau rentable, Herbeau, qui table sur une croissance de 30 % en 2019, compte à terme réaliser plus de 50 % de son activité outre-Atlantique.

Lille # Industrie # International