Officialisé fin juin 2016, le Brexit a d'abord fait l'objet d'une vague de stupeur dans les milieux économiques. Mais avec le temps, l'idée a fait son chemin dans les esprits et la stupeur a peu à peu fait place au questionnement, voire à l'inquiétude. Il faut dire que cette sortie du Royaume-Uni comporte son lot d'incertitudes pour les entreprises. D'autant que la Première Ministre britannique Theresa May a fait le choix en janvier dernier d'un "hard Brexit", déclarant à cette occasion : « Ce que je propose ne peut signifier une appartenance au marché unique ». Elle n'a d'ailleurs pas hésité à préciser que : « pas d'accord vaut mieux qu'un mauvais accord ».
Un club pour rassurer
C'est de ces incertitudes, qui vont durer près de deux ans, qu'est né début février le club d'entreprises franco-britanniques Channel Hub, à l'initiative de la Région Hauts-de-France. Celle-ci a d'ailleurs ouvert un bureau de représentation à Londres courant février, pour se positionner en termes d'attractivité mais aussi pour faire valoir sa position de voisin auprès des investisseurs britanniques. Ce Channel Hub est porté officiellement par CCI International et le World Trade Center Lille. Son objectif ? Dédramatiser le Brexit et apporter un éclairage aux entreprises françaises qui exportent au Royaume-Uni ou encore aux entreprises britanniques implantées dans les Hauts-de-France.
Une inquiétude palpable
Ce nouveau club s'est réuni pour la toute première fois à Lille début février dernier, sur le thème : « Point sur le Brexit et les premières étapes » avec, pour y répondre, l'intervention de deux experts d'Entreprise Europe Network Hauts-de-France et de la Société Générale. Cette première édition a compté 70 inscrits, au lieu des 50 attendus. Ces derniers avaient d'ailleurs la possibilité de faire parvenir leurs questions en amont de la réunion mais aussi d'en poser d'autres au cours de celle-ci. Des premières questions qui n'ont pas manqué de mettre en lumière les inquiétudes des dirigeants, en particulier autour de la volatilité de la Livre Sterling et des moyens de s'y adapter, ou encore la façon de se couvrir lors de la mise en place de contrats d'achat avec des entreprises anglaises, etc. Présent à cette première réunion, le dirigeant de la société VetaFrance (Verquigneul, CA 2015 : 4 millions d'euros), qui fabrique des produits pour la rénovation et l'isolation de façades, a témoigné de sa situation : « Nous n'exportons pas encore en Grande-Bretagne mais nous espérons le faire prochainement. Mon banquier me dit que j'ai bien choisi le moment... Le distributeur insiste très fortement pour m'acheter en euros, avec une couverture de 9 %, et mon banquier m'a conseillé autre chose... Moi je vais vouloir couvrir mon risque, et là, il y a donc une tension commerciale avérée... ». Face à ces questionnements autour de la Livre Sterling, qui a perdu près de 15 % de sa valeur ces derniers mois, un des deux experts, Christophe Dubec, responsable salle des marchés de Lille pour la Société Générale a répondu : « Le coût d'importation pour les entreprises britanniques va augmenter. Soit cela jouera sur la compétitivité, soit sur notre capacité à exporter à prix constant. Face au risque de marché, il y a une stratégie simple pour les entreprises françaises : l'achat et la vente à terme. Il s'agit de fixer aujourd'hui les conditions d'une vente future. Il faut exporter vers la Grande-Bretagne en livre, et non en euros et figer son contrat pour la période sur laquelle courent les délais de paiement, pour éviter de perdre en marge. »
Quatre réunions par an
Le Channel Hub se réunira quatre fois par an. La participation est gratuite et sans engagement pour les entreprises françaises et britanniques intéressées. Une newsletter sera envoyée aux participants entre les réunions, pour les tenir informer de l'actualité autour du Brexit. La prochaine réunion est prévue en mai et Michel Barnier, le négociateur en chef de l'Union européenne sur le Brexit, a accepté d'y intervenir et de répondre aux questions des entrepreneurs.
