Benoît Rousseau : Le phénix des Flandres régale le monde
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Benoît Rousseau : Le phénix des Flandres régale le monde

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Il y a un an, le feu détruisait son entreprise, La Pâtisserie des Flandres, quelques jours avant son inauguration à Erquinghem-Lys. Tel un phénix, Benoît Rousseau a tout reconstruit. À 54ans, cet entrepreneur battant, homme de réseaux et de défis, se lance dans une nouvelle aventure mondiale.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Les Flandres avaient leur emblème: le lion. Désormais, le territoire a aussi son phénix, incarné par Benoît Rousseau. Il y a un an, ce chef d'entreprise de 54ans a tout perdu quelques jours avant l'inauguration de son nouvel atelier, détruit par le feu. Moins d'un an après, Benoît Rousseau a tout reconstruit à Erquinghem-Lys. La Pâtisserie des Flandres renaît de ses cendres. Mais qui est cet homme de réseaux capable de rassembler autour de lui plus de 400personnes, le 9septembre dernier, pour une nouvelle vie?




Du chocolat dans les veines Benoît Rousseau est né dans la capitale des Flandres en 1955, issu d'une famille de l'agroalimentaire. «Je suis né dans le chocolat», lance-t-il avec un air malicieux. Il ne sait pas vraiment s'il est tombé dans la marmite mais il n'en a «jamais été privé». Son père Léon Rousseau dirigeait jusqu'en 1979 la société Bouquet d'Or, à Villeneuve-d'Ascq, célèbre pour son ourson guimauve. La chocolaterie familiale fondée en 1851 appartient aujourd'hui au groupe Cémoi. Benoît Rousseau y a travaillé pendant 13ans, à un poste taillé spécialement pour lui, à l'export. C'est en 1983 qu'il entre chez Bouquet d'Or, après des études à l'ESC Lille et 6ans d'expériences diverses comme chef de rayon chez Castorama ou responsable de l'agence UCPA de Lille. Dans l'entreprise familiale, il développe la part internationale au point de lui faire atteindre 10% d'un chiffre d'affaires de 200M€. Lorsqu'en 1996, on lui propose de quitter le Nord pour rejoindre Blois, il hésite. À 41ans, Benoît Rousseau «l'indépendant» a envie de tester ses capacités à entreprendre.

Une odeur de succès Licencié économique, il ne cherche pas de travail mais une entreprise à reprendre. Il met un an à trouver finalement «le contraire» de ce qu'il cherchait. C'est une TPE en bien mauvaise posture qu'il reprend à la barre du tribunal. L'entreprise deviendra la Pâtisserie des Flandres. Le coup de coeur s'est fait à l'odeur, confie-t-il. Une odeur de vanille qui lui a rappelé son enfance... Cette même odeur qui envahit aujourd'hui son bureau, alléchant ainsi le visiteur.

D'échecs en succès Benoît Rousseau a redonné de la saveur à cette PME d'une vingtaine de salariés. Après deux premières années difficiles, l'activité redémarre. En 10ans, il multiplie son chiffre d'affaires par sept, passant de 1,7million de francs la première année à 1,7million d'euros en 2008. L'effectif, tombé à 6personnes, atteint 29salariés. La production artisanale grimpe à 300tonnes. Benoît Rousseau prouve qu'on peut encore innover dans la gaufre. D'un monoproduit, il en fait une gamme variée multipliant les parfums. Lors d'un salon, lassé de manger ses gaufres sucrées à la pause déjeuner, Benoît Rousseau a envie de salé. Il invente alors de nouveaux biscuits apéritifs, les gaufrettes Petits Écus.

«Réagir» Pour asseoir cette croissance, une nouvelle usine sort de terre l'an dernier. Tout semble réussir à Benoît Rousseau jusqu'à ce 26septembre noir de l'année 2008. En quelques minutes, dans la nuit, le feu anéantit son outil de travail; 1.200m² partent en fumée. Le dirigeant et son équipe, eux, sont toujours debout. «Il fallait réagir.» Loin de se résigner, Benoît Rousseau bâtit un plan: Cap9 pour «création d'atelier de pâtisserie en 2009». Homme de l'art, battant, il gère lui-même sa communication de crise, occupe le terrain, trouve un atelier provisoire et redémarre sa production en à peine 2mois. Ses commerciaux pensaient recevoir une lettre de licenciement; ils repartent finalement avec une lettre de mission pour le Brésil. L'export gagne Benoît Rousseau en Belgique, en Allemagne et au Royaume-Uni. Après des essais concluants aux États-Unis, sa destination favorite, il s'est rendu en Russie le mois dernier. La Pâtisserie des Flandres se lance aussi dans le e-commerce, tandis qu'un magasin d'usine ouvrira ses portes fin octobre sur le nouveau site de 3.000m² qui a mobilisé 4M€.

Géry Bertrande

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