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Aurélie Vermesse : « Je me suis créé un comité de bienveillance 100 % féminin »
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Aurélie Vermesse : « Je me suis créé un comité de bienveillance 100 % féminin »

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Lorsqu'elle s'est lancée dans l'entrepreunariat en créant son hôtel-restaurant Le Clarance à Lille, Aurélie Vermesse a reçu nombre de remarques et réactions sexistes d'investisseurs ou encore de banquiers. En réponse à cette méfiance injustifiée, la dirigeante a décidé de mettre en place un « conseil de bienveillance » constitué de douze femmes aux profils très différents.

Membre de plusieurs réseaux, c’est auprès de son comité de bienveillance qu’Aurélie Vermesse trouve le plus de conseils et de vision pour la gouvernance de son hôtel de luxe.

— Photo : Clarance Hôtel

« J’étais directrice générale dans une entreprise quand j’ai eu une illumination : j’allais plaquer mon job pour acheter un hôtel particulier dans le Vieux Lille, et ouvrir un hôtel-restaurant. J’ai mis plus de deux ans à monter Le Clarance, ouvert en avril 2015. Aujourd’hui, j’ai 30 salariés, un restaurant étoilé, et je réalise 2,7 millions d'euros de chiffre d’affaires. Mais dès le début de mes démarches, j’ai mesuré que j’étais une femme dans un milieu entrepreneurial qui en compte très peu. En face, les investisseurs, les banquiers, c’étaient des hommes. Bien sûr rien n’est explicite, et je ne pense même pas que ce soit intellectualisé ou volontaire de leur part, mais on reçoit quantité de remarques et de signaux sexistes, qui sont difficiles à vivre.

Diriger et se sentir soutenue

C’est pour ça que m’est venue l’idée de créer un « comité de bienveillance », comme un pied de nez aux « conseils de surveillance ». Il est constitué d’une douzaine de femmes, de tous les horizons, des amies proches ou des connaissances professionnelles, actionnaires de l’entreprise. On se réunit tous les deux ou trois mois, pour faire un point sur le business. Elles apportent chacune leur regard, et j’entends mieux leurs remarques parce je sais qu’elles ne sont là que pour mon bien et celui de l’entreprise, qu’il n’y a rien d’autre derrière. C’est aussi une façon de faire contrepoids dans un milieu très masculin, où j’entends souvent « ah c’est vous la patronne ? », « c’est votre mari le chef ? », ou encore récemment « en général, ce genre d’entreprise est gérée par un couple ». Bien sûr, créer est difficile pour tout le monde, mais je n’aurais pas entendu tout ça si j’étais un homme. Mes « bienveillantes » m’aident beaucoup. Elles sont là quand j’en ai besoin, c’est comme du coaching en fait ! Elles me donnent une vision claire de ce qui se passe dans l’entreprise, et m’aident à maintenir le cap. Savoir s’entourer, écouter, et ne pas considérer qu’on est un dirigeant de droit divin, c’est à mon avis une qualité assez féminine… d’ailleurs une de mes « bienveillantes », elle aussi dirigeante, va mettre la même chose en place dans son entreprise. »

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