La décision du jury est tombée fin février, générant une nouvelle déconvenue pour les universités et écoles lilloises. Le label initiative d'excellence Idex ne leur sera pas accordé à l'issue de leur quatrième candidature, déposée en 2016. C'est Lyon qui l'a emporté. À la place, le projet d'Université de Lille Nord Europe (issue de la fusion des universités Lille 1, Lille 2 et Lille 3 d'ici à 2019) s'est vu attribuer un label I-Site (Initiative-Science-Innovation-Territoires-Économie), à l'image de Montpellier, Nantes, la Lorraine ou encore Clermont-Ferrand, Besançon...
Même si l'évaluation du jury a été globalement bonne, le projet lillois a été retoqué sur deux aspects. D'abord, une insuffisance de hubs d'excellence : trois ont été mis en avant (santé, digital et planète) quand les autres projets labélisés Idex en affichent sept à huit. Ensuite, seuls 34 % des chercheurs travaillent dans ces domaines d'excellence, ce qui est insuffisant au regard des exigences de l'Idex.
Le projet reste inchangé
Donnant une conférence sur le sujet le 27 février, les porteurs de cette candidature ont caché leur déception. À les écouter, la requalification en I-Site ne changerait quasiment rien pour les universités et écoles lilloises. « Nous avons reçu ce lundi l'évaluation du jury et celle-ci est bonne. Notre projet est donc validé dans son périmètre. Nous avons même eu des A, là où nous avions eu des B lors de la précédente candidature », a commenté Fabienne Blaise, présidente de l'Université Sciences Humaines et Sociales - Lille 3 et coordinatrice du projet. Elle ajoutait alors : « Il nous faut maintenant une dotation à la hauteur de nos ambitions, sans quoi on ne pourra pas la réaliser ». Avec l'Idex, 15 millions d'euros auraient été attribués chaque année à l'équipe projet lilloise pour réaliser ses ambitions. Mais avec le label I-Site, ce montant était remis en cause : quand les plus petites dotations Idex sont de l'ordre de 15 millions d'euros, les plus petites pour l'I-Site sont en effet de 5 millions d'euros par an.
De son côté, Emmanuel Duflos, directeur de Centrale Lille, renchérissait : « Ce n'est pas la labellisation Idex ou I-Site qui va changer la donne. Si nous avons une dotation proche de celle demandée initialement, le projet restera ce qu'il est et sera réalisable. Dans les dix ans, l'Université de Lille Nord Europe sera dans les 50 premières universités européennes ». En attendant, il est prévu qu'elle intègre les 200 premières dans quatre ans, un délai durant lequel il sera demandé aux porteurs de projet de mettre en place de premières réalisations significatives.
Une dotation de 500 millions d'euros
Après un suspens de 15 jours, l'État a finalement donné sa réponse le 13 mars dernier : le projet Université Lille Nord Europe vient de se voir allouer une dotation de 500 millions d'euros. Les porteurs du projet lillois précisent tout de même que « cette dotation est dite "non consommable", c'est-à-dire que cet argent est placé et seuls les intérêts produits par ce placement peuvent être utilisés pour la réalisation du projet. Avec un taux de 2,49 %, l'I-SITE de Lille bénéficiera alors d'un financement annuel de 15 millions d'euros pendant dix ans ». La somme de 500 millions d'euros promise ne sera toutefois pas versée dans la foulée, puisqu'une période probatoire de quatre ans doit garantir au jury la possibilité de vérifier la bonne tenue de la feuille de route.
Le projet lillois touchera prochainement les 15 millions d'euros annuels d'intérêts. De quoi soulager sans doute Fabienne Blaise qui soulignait, avant l'annonce de cette enveloppe : « Nous ne pourrons pas avoir 15 millions par an car c'est la dotation des plus petits Idex, mais j'aimerais en revanche que notre dotation annuelle soit plus proche de 14 millions d'euros que de 10 millions... »
Un démarrage en fin d'année
Enfin, à la question de savoir si l'I-Site entraînera le même effet de levier que celui attendu par l'Idex (à savoir 1 milliard d'euros), là encore, les porteurs du projet se veulent optimistes. Selon eux, la somme sera bel et bien obtenue grâce au PIA, à différentes dotations et aux partenaires. Présents lors de la conférence de fin février, certains partenaires comme Decathlon ou la Région Hauts-de-France ont d'ailleurs confirmé leur engagement. La Région Hauts-de-France et la Métropole Européenne de Lille consacreront respectivement 254 millions d'euros et 60,7 millions d'euros pour les quatre premières années. Quant aux premières actions, elles doivent démarrer dès la fin de cette année avec un appel à projets sur le thème de l'innovation pour la transformation pédagogique ou encore avec un incubateur doctoral qui permettra aux étudiants de se familiariser à la recherche.
