Mettre au point un traitement contre Alzheimer et d'autres maladies neurodégénératives... Tel est le but poursuivi par la start-up AlzProtect, fondée en 2007 à l'initiative du professeur André Delacourte (un des pionniers de la recherche sur cette maladie) et du professeur Patricia Melnyk (expert en chimie médicinale). Pour financer la poursuite des tests, cette société basée à Eurasanté, à Lille, vient de lever 14 millions d'euros auprès de la société de gestion Xerys. Cette dernière devient ainsi l'investisseur financier principal d'AlzProtect.
Une première arrivée sur le marché en 2021
Cette opération financière va permettre à AlzProtect de lancer la phase II d'études de son candidat médicament, l'AZP2006, destiné à soigner dans un premier temps la Paralysie Supranucléaire Progressive (PSP). Celle-ci fait partie d'un groupe de maladies neurodégénératives, incluant notamment Alzheimer et Parkinson. La PSP étant une maladie orpheline, les médicaments destinés à la traiter bénéficient de dispositions leur facilitant l'accès au marché, comme une aide scientifique pour le développement, une exemption de taxes ou une exclusivité commerciale.
Président d'AlzProtect, Philippe Verwaerde explique : "L'AZP2006 a reçu la désignation de médicament orphelin en Europe et aux États-Unis, où nous allons bénéficier respectivement de 10 et 7 ans d'exclusivité. C'est pourquoi nous travaillons d'abord sur cette maladie et notre but est d'obtenir une autorisation temporaire d'utilisation (ATU) sur le marché en 2021. Pour l'autorisation de mise sur le marché (AMM), il nous faudra cinq ans de plus". Le marché mondial de la PSP est estimé à 700 millions de dollars.
Vers un traitement contre Alzheimer
Une fois les preuves de concept obtenues pour l'AZP2006 chez des patients atteints de PSP, AlzProtect pourra signer un partenariat avec un industriel pharmaceutique pour poursuivre les essais de phase II sur Alzheimer cette fois. "Ce partenariat interviendra certainement dans les 3 ans", indique le dirigeant. Il ajoute : "Pour la mise sur le marché d'un traitement contre cette maladie, il nous faudra encore au moins 10 ans". Le marché d'Alzheimer représente quant à lui 13 milliards de dollars dans le monde. Et comme pour la PSP, il n'existe à l'heure actuelle aucun traitement capable de stopper ou de ralentir la maladie. Jusqu'à présent, les tests menés sur l'AZP2006 ont montré "une excellente tolérabilité, sans effets indésirables". Le candidat médicament s'attaque directement aux toxines responsables de cette maladie. Il stoppe la disparition des neurones et maintient leur fonction physiologique.
Une possible entrée en bourse
Avec cette opération, AlzProtect aura levé au total 20,5 millions d'euros depuis sa création. Et tandis que le dirigeant envisageait en 2017 une entrée en bourse ou une vente de la société, ces options sont désormais remises en question : " Nous sommes financés pour au moins 4 ans. Nous ne mettons pas totalement de côté une entrée en bourse dans les trois ou quatre prochaines années, mais la vente de la société n'est pas forcément prévue." AlzProtect emploie actuellement 8 salariés et Philippe Verwaerde a souhaité rester discret sur les perspectives de recrutement.