Morbihan
The Sea Cleaners : "Notre bateau dépollueur ne pourra pas être construit en France"
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The Sea Cleaners : "Notre bateau dépollueur ne pourra pas être construit en France"

En partenariat avec Vannes Morbihan Business Club

Avec 63 victoires et 18 records au compteur, le navigateur Yvan Bourgnon s’est construit un palmarès peu commun. La mer a amené ce skipper à s’emparer du sujet de la pollution plastique. Fondateur de l’ONG The Sea Cleaners, il tente de boucler le financement du Manta, le premier bateau usine dépollueur. Il était l’invité du Vannes Morbihan Business Club, en partenariat avec Le Journal des Entreprises Morbihan.

Yann Plantard, animateur du Vannes Morbihan Business Club, et Yvan Bourgnon, navigateur et président de l’ONG The Sea Cleaners et invité du réseau vannetais — Photo : Hélène Baron

Votre histoire avec le monde entrepreneurial a commencé quand vous êtes devenu skipper. Que vous apporte cette expérience en tant que président de l’ONG The Sea Cleaners ?

Oui, c’est une longue histoire. En tant que navigateur, j’ai passé 25 ans à aller chercher des sponsors afin de prendre part aux plus belles courses. Depuis que j’ai fondé l’ONG The Sea Cleaners il y a sept ans, je recherche des entreprises mécènes. Ma connaissance du tissu entrepreneurial français et de son mode de fonctionnement est un avantage pour les embarquer dans notre aventure qui vise à collecter et valoriser les déchets plastiques qui sont en mer.

Les entreprises sont-elles faciles à convaincre ?

Ce n’est jamais simple, ni gagné. Mais les entreprises ont évolué. On est passé d’un prisme où la quête du profit était majeure à des entreprises plus responsables, tout en ayant bien sûr des enjeux financiers. La responsabilité sociétale des entreprises gagne du terrain, mais il faut faire plus. Il y a urgence : chaque minute, 17 tonnes de plastique sont déversées dans les océans. C’est là toute la mission de The Sea Cleaners.

Pouvez-vous nous décrire The Sea Cleaners en quelques mots ?

The Sea Cleaners est l’une des plus grosses ONG au monde. Basée à La Trinité-sur-Mer, elle compte 2 000 bénévoles et est présente dans plusieurs pays européens mais aussi en Indonésie.

The Sea Cleaners a imaginé le Manta, un bateau nettoyeur des mers. Où en est le projet ?

Le Manta est un bateau usine qui va permettre de collecter et de valoriser 5 000 à 10 000 tonnes de déchets par an. Il interviendra surtout en Asie, Afrique et en Amérique du Sud. Il pourra travailler jusqu’à 20 heures par jour et 7 jours sur 7. 90 % des déchets collectés vont être utilisés à bord. Ces déchets vont être transformés en électricité, ce qui permettra l’alimentation du matériel électrique du bateau mais aussi sa propulsion, le tout associé aux voiles, à des éoliennes, des panneaux solaires, etc. Nous avons lancé l’appel à propositions auprès de chantiers navals, six chantiers européens ont répondu. Malheureusement, le Manta ne pourra être construit en France, faute de chantiers capables de le faire.

Quel est le budget pour faire construire le Manta et avez-vous réuni les fonds nécessaires ?

Le Manta, c’est 42 millions d’euros de budget. Nous avons déjà levé 25 millions d’euros et dépensé 7 millions d’euros pour les études et avancer dans le projet. Cela peut sembler beaucoup mais les Mantas sont des bateaux qui vont durer au moins 40 ans. Un million d’euros par an pour nettoyer les océans, ce n’est finalement pas beaucoup ! À date, 72 entreprises nous soutiennent financièrement et 50 % d’entre elles sont françaises. Nous avons aussi 10 000 donateurs. Le budget n’est donc pas encore totalement bouclé. Il faut accélérer. L’objectif est que le premier Manta soit opérationnel en 2025.

Outre les Mantas, vous imaginez aussi des Mobulas, des bateaux plus petits et votre start-up Manta Innovation travaille sur des kits de collecte depuis sa base vannetaise. Comment cela s’orchestre-t-il ?

Effectivement, le Manta fera presque 60 mètres de long et 26 mètres de large. Il ne peut pas évoluer partout. Il sera rejoint par une flottille de bateaux plus petits, les Modulas, qui pourront intervenir dans beaucoup plus d’endroits. Nous comptons aussi une start-up, Manta Innovation, qui est basée à Vannes. Il s’agit d’un bureau d’études, qui nous permet de peaufiner le projet Manta. Cette start-up travaille aussi sur des kits de collecte qui pourront être adaptés sur différents types de bateaux ou équiper des plongeurs pour collecter des plastiques.

Prochain invité du Morbihan Vannes Business Club, le 4 mai 2023 : Jean-Michel Fauvergue, ancien patron du Raid.

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