Le directeur "business developpment" de la filiale Engie-Cofely en est convaincu : l’hydrogène est LA solution de stockage d’avenir de l’énergie. « Les énergies renouvelables sont dans la très grande majorité des cas intermittentes. La question, c’est le stockage et l’hydrogène est amené à jouer un grand rôle, défend Stéphane Arnoux. Dans le Morbihan, vous avez une "Route 56" de l’hydrogène à faire. » Engagé massivement dans le développement de petites et moyennes unités à partir de 250 à 300.000 euros pièces, Engie-Cofely pensait ouvrir le bal dans un territoire « plus important », mais le Morbihan a dégainé le premier. « Il fallait avancer. Le projet de Morbihan Énergies était prêt. » En l’occurrence, il s’agit de la première station de recharge pour véhicules électriques à base d’hydrogène, implantée sur le site même du syndicat mixte Morbihan Energies, à Vannes-Ouest, et alimentée par les panneaux photovoltaïques du syndicat mixte départemental. Un mètre cube d’hydrogène permet de distribuer 5 kw/h d’électricité.
Le nouveau modèle économique d’Engie-Cofely
Engie-Cofely ambitionne de concevoir une centaine de stations hydrogénées en France avec le soutien de la Caisse des Dépôts. Son nouveau modèle ? La construction de stations sous contrat de location. « Il y a un prix du marché qui est en train de s’installer, observe Stéphane Arnoux, un ancien d’Air Liquide. Il faut une masse critique et atteindre des ratios compétitifs. » Engie-Cofely est en réflexion avec l’agglomération vannetaise pour constituer un maillage grand public. « Cette quête de la masse critique passe par une implication dans l’écosystème local. »
Absence de TIPP
« Nos calculs sont fondés sur l'absence de subventions avec un avantage à court terme : l’absence de taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE, anciennement TIPP). On a encore la main mais il ne faut pas se leurrer, viendra un moment où la filière basculera sur un autre système de contribution moins avantageux », poursuit Stéphane Arnoux. Et d’affirmer ses ambitions : « La voiture zéro émission est la solution de demain. C’est exemplaire. »
Inaugurée en grande pompe ce mois de juin, la station hydrogénée est portée par la filiale ENR&R de Morbihan Energies, baptisée "56 Énergie". Cette dernière a été créée en février 2017 et est dotée de 4 millions d'euros de capital. Elle porte également le projet d’hydrolienne du golfe du Morbihan et le développement actuel du parc de bornes électriques (171 installées dans tout le département à ce jour). Le président de Morbihan Énergies, Jo Brohan, est lui aussi convaincu de l’intérêt d’une telle station : « Il faut beaucoup de temps pour changer les mentalités. Cette station est faite pour que les gens se rendent compte que ça fonctionne ! » Avec des arguments de détail qui ont leur importance : « On recharge un véhicule à l’hydrogène plus vite qu’on ne remplit un réservoir. »
Passer de consommateur d'énergie à acteur
L’autonomie avoisine les 370 km avec un prolongateur d’autonomie et les véhicules électriques s’avèrent idéaux pour les personnes qui souffrent des vibrations. C’est aussi un argument marketing. Engie a équipé sa flotte d’une cinquantaine de Renault Kangoo ZE "Symbio" pour ses opérateurs en Île-de-France. « Ils sont nos meilleurs ambassadeurs et ne sont pas pénalisés dans leur travail par les pics de pollution. » Engie mais aussi Michelin ne s’y sont pas trompés : ils sont tout deux actionnaires de l’entreprise iséroise Symbio, qui travaille sur l’autonomie des véhicules électriques. Le site Michelin de Vannes suit de près le projet de "Route 56", d'autant qu'il réfléchit activement à une évolution de l’unité vannetaise, de consommateur à acteur. « L’idée, rappelle Bertrand de Solages, le directeur du site, est de créer une unité de production sur place directement branchée sur le process et démontrer, ainsi, qu’une usine comme la nôtre peut être acteur.» Elle aurait vocation à fournir les véhicules des habitants et des entreprises du bassin en hydrogène.
Décision en 2019
Sur ce dossier, Morbihan Energies et Engie-Cofely, qui ont des savoir-faire complémentaires, sont en attente du retour de Michelin : « Si les calculs sont bons, nous pourrions prendre notre décision d’ici 2019, précise Bertrand de Solages. Il faut que le prix de vente soit acceptable, mais ça ils le savent. Et une fois qu’on aura décidé, il faudra qu’ils se dépêchent ! »
