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Skiold se mue en entreprise de services
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Skiold se mue en entreprise de services

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Concepteur et développeur de solutions pour l’élevage et le monde agricole, Skiold Acemo est la filiale française du groupe danois Skiold. Passant d’une entreprise industrielle à une entreprise de services, la PME se prépare à quitter ses locaux historiques de Pontivy pour un bâtiment voisin adapté à son évolution. Elle vise les 20 millions d'euros de chiffre d'affaires d’ici deux ans.

— Photo : Skiold

Le pavillon danois de Skiold flotte à Pontivy depuis 1998. Pourtant, c’est surtout le nom d’Acemo, désormais associé à celui de Skiold, qui garde une longueur d’avance question notoriété. Créée il y a 73 ans, la société Acemo - pour Ateliers de Constructions Électromécaniques de l’Ouest -, s’est fait une réputation dans le monde agricole. Sa spécialité : les équipements pour le secteur agricole. Un cœur de métier qui n’a pas changé : broyeurs, aplatisseurs ou convoyeurs pour la distribution de nourritures aux animaux d’élevage demeurent toujours des best sellers de Skiold Acemo.

Pourtant une révolution de velours se prépare dans l’entreprise. Elle va passer d’une activité industrielle à une activité de services. " Skiold Acemo, l’entité française du groupe, est un joli modèle de diversification. Nous développons le sentiment d’appartenance à Skiold tout en repensant notre organisation. Le tout en respectant l’histoire et le côté local ", résume Jean-Philippe Pichard, directeur général France et directeur commercial Europe. Dans le détail, Skiold Acemo s’est orienté vers l’externalisation de certaines activités. " Au fil du temps, nous sommes devenus plus assembleurs que métallurgistes." Une orientation qui met fin à l’atelier soudure, notamment. Plusieurs spécialités métallurgiques rejoignent ainsi des sites polonais ou danois. " Je me suis engagé à trouver du travail à nos 6 soudeurs ", avance le dirigeant, qui ajoute : "C’est maintenant chose faite".

Diversification en marche

Depuis Pontivy, la base de Skiold en France, devient une entreprise orientée vers la commercialisation des produits du groupe mais aussi une entreprise de services. Les équipements agricoles et les solutions dédiées à l’agriculture restent au cœur de la stratégie. Quelque 40 % de ses 17 millions d’euros de chiffre d’affaires sont toujours réalisés auprès d’élevages porcins. De l’équipement, son métier de départ, l’entreprise couvre aujourd’hui les besoins jusqu’à offrir une solution globale à ses clients. Dans son offre, la société va jusqu’à proposer l’aménagement du bâtiment d’élevage hormis les murs. " Mais la crise du porc nous a amenés à chercher d’autres leviers de croissance. Cela s’est traduit par des diversifications dans le stockage et la manutention des grains." Ce développement qui pèse désormais 40 % du chiffre d’affaires lui ouvre un spectre de clientèle qui va de l’agriculteur à l’industriel. 2016 aura été marquée par un autre virage avec une ouverture sur le créneau de la semence, l’une des spécialités du groupe danois. L’expertise reconnue du groupe permet de répondre à des besoins. Ceci via des machines dédiées aux grains et semences pour l’alimentation animale ou humaine. " Les équipements de semences font 10 % des ventes aujourd’hui mais nous accélérons fort sur cette compétence ", avertit Jean-Philippe Pichard. Autre diversification, la volaille. Traditionnellement orientée sur l’activité porcine, Skiold France suit les diversifications du groupe. Il vient de racheter plusieurs entreprises spécialisées dans l’aviculture. " La montée en puissance des élevages alternatifs en plein air porte le secteur. Skiold est reconnu sur sa partie liée à l’installation de volières ", livre, avec optimisme, le dirigeant.

Pontivy, pôle d’excellence du groupe

2021 marquera une véritable accélération de l’offre de services. Skiold France revendant la gamme proposée par le groupe, elle compte maintenant une équipe commerciale de 10 personnes. Ces commerciaux sont nomades sur l’ensemble du territoire français. "Les recrutements de commerciaux comme de dessinateurs de bureaux d’études vont se poursuivre avec nos perspectives de développement." Skiold France s’appuie également sur un pôle logistique afin de maîtriser la gestion des stocks et des flux des produits du groupe. Autre particularité : sur les 90 salariés, une dizaine de collaborateurs travaillent en R & D. " Pontivy est le pôle d’excellence informatique et d’innovation du groupe", dévoile Jean-Philippe Pichard. Dans cette mutation de l’entreprise, le choix a, cependant, été fait de maintenir l’atelier électrique. Ce savoir-faire, qui constitue l’une des valeurs ajoutées de l’entreprise, est conforté.

De 10 000 à 3 200 m²

La feuille de route est écrite et le plan de développement en marche. Restait donc à Skiold à se pencher sur son site d’implantation ; un site qui ne correspond plus à ses ambitions ni à ses besoins en matière de taille. Skiold Acemo, ex Acemo, est installé depuis 1961, rue Albert-de-Mun à Pontivy. Ses locaux sont gigantesques : plus de 10 000 m² et vieillissants. Autres contraintes : la proximité immédiate avec le centre-ville et une implantation au centre d’une zone commerciale. L’idée de la construction d’un bâtiment neuf a été écartée au profit d’une location dans un bâtiment neuf. La vente du site historique va permettre à Skiold Acemo de conforter son assise financière. Un point sans doute non négligeable pour Solix, la société d’investissement suédoise qui a pris le contrôle du groupe il y a deux ans. Pour prendre un nouvel élan, l’entreprise de services agricoles a dû trouver un acheteur pour son site actuel. Le feuilleton de cette vente aura alimenté les conversations pontivyennes dès lors que le nom de Grand Frais a circulé. "Un accord a été trouvé il y a un an et demi ", rappelle Jean-Philippe Pichard. Après de nombreux travaux et une étape de dépollution, l’enseigne de distribution de produits alimentaires devrait s’implanter en juillet 2023.

De propriétaire à locataire

Pour Skiold Acemo, c’est en 2022 qu’une nouvelle page s’ouvre… en location. "C’est un choix d’être locataire. Cela a été rendu possible car nous avons pu trouver un partenaire : le promoteur rennais Bardon. Nous avons pu co-construire notre projet. Il correspond bien à nos besoins actuels et nos aspirations." Juillet 2022, l’entreprise quittera donc son siège social pour s’implanter à Saint-Thuriau, une commune voisine. " Comme nos homologues danois, nous sommes implantés en zone rurale, au centre des bassins d’élevage. Cet attachement au territoire est un autre point commun entre le siège du groupe et nous. La notion de proximité est importante pour nos clients." L’an prochain, Skiold Acemo prendra possession de 3 200 m2 dont 900 m² de bureaux et 2 300 m² d'ateliers et d’entrepôts logistiques. Ce bâtiment établi sur une parcelle de 15 000 m² lui permettra d’envisager de nouveaux développements en partenariat avec Bardon. Car l’entreprise affiche ses ambitions. En croissance continue : elle a réalisé 10,5 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2015 et elle a clôturé son exercice 2020 à 17 millions d’euros. " D’ici deux ans, nous pourrions être à 20 millions d’euros ", glisse son directeur. À date, elle pèse quelque 10 % des ventes du groupe qui compte 9 filiales et emploie 500 salariés.

Si l’entreprise mise sur une croissance organique, Skiold Acemo est aussi attentive à des opportunités de croissance externe. " Ce n’est pas une stratégie en soi mais nous pouvons être en veille sur des situations particulières chez nos distributeurs. " C’est ainsi que la PME a racheté l’entreprise Le Dorze, au départ en retraite de son dirigeant, à l’automne 2019. Implanté à proximité, ce distributeur et installateur de matériels agricoles réalisait 50 % de son chiffre avec Skiold.

Encadré

Skiold, pionnier du flexi-travail et des flexi-bureaux en Centre Bretagne

"Dans nos nouveaux bureaux, nous ne serons pas chez Google mais pour recruter et fidéliser des talents en Centre-Bretagne, il nous a fallu repenser notre mode de management, nos locaux et notre organisation du temps de travail ". Jean-Philippe Pichard résume, non sans une pointe d’amusement, la philosophie des futurs espaces de travail de Skiold Acemo.

Dans une vingtaine de mois, les 90 salariés de l’entreprise prendront possession des nouveaux locaux. Dans ce bâtiment flambant neuf, les bureaux n’auront rien à envier à ceux des grandes entreprises ou des start-up en vogue. Plus de bureaux attitrés, y compris pour le dirigeant, mais des open spaces avec des cloisons acoustiques. "Il y aura aussi des tables d’interactivité : là, cela veut clairement dire, je suis prêt à discuter ou à être en interaction. Nous avons également pensé à des espaces nommés bulles de silence où on souhaite travailler sans bruit." L’ensemble est complété par des salles de réunion ainsi que des phones box pour passer des appels.

En pays pontivyen, terre industrielle et agroalimentaire, l’outil sera différenciant. Autre volonté de Skiold, établir un espace de bureaux dimensionné pour n’accueillir que… 80 % de l’effectif. Proche du surbooking, ce mode de fonctionnement s’explique. Un accord sur le télétravail est en vigueur dans l’entreprise : il permet de télétravailler deux jours sur cinq. Sondés, 80 % des salariés de l’entreprise ont indiqué être favorables au télétravail. Et pour l’heure, cette organisation semble payante : " Nous venons de réaliser la meilleure année de notre histoire. "

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