SEAir trace son sillage dans les bateaux volants
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SEAir trace son sillage dans les bateaux volants

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Le bateau de demain ? SEAir le voit avec des foils, ces appendices qui permettent de voler au-dessus de l’eau. Les développements dans la pêche, la Défense et la plaisance sont là et impliquent de nouveaux investissements pour la PME de 15 salariés, qui attend 650 000 euros de CA en 2020.

— Photo : Xavier Eveillé

Richard Forest ne croit pas au bateau tout électrique. Inadapté, selon lui, aux besoins des professionnels en haute mer et/ou au long cours. Son credo ? Améliorer performances et rendements des bateaux de pêche, de Défense et de plaisance par l’intégration de foils sur des bateaux à moteurs. Pour développer son idée, le chef d’entreprise lorientais n’a pas fait les choses à moitié. Entrepreneur chevronné, il a revendu son entreprise d’informatique, en île de France, qui réalisait 25 millions d’euros de chiffre d’affaires et employait 200 personnes, pour mettre le cap sur « l’aventure » des foils, ces appendices en fibres de carbone ultrarésistants qui donnent des ailes aux bateaux. Il a donc créé SEAir. Installée sur le port de pêche de Lorient, la nouvelle entreprise se positionne sur un créneau complémentaire à celui de la course au large. « Un autre métier, même s’il y a d’évidents points communs », insiste Richard Forest.

Le dirigeant a tout de suite mis les moyens pour concrétiser son projet en investissant près de 500 000 euros en propre dans sa nouvelle entreprise et en bouclant rapidement deux levées de fonds de 1,5 et 1 million d’euros. Après avoir consacré l’essentiel des trois premières années d’existence de SEAir à la R & D, en association avec un ingénieur expérimenté, il a déjà recruté 15 personnes pour son bureau d’études et son atelier, pour l’architecture navale, le calcul de structure, l’électronique embarqué, le dessin, le composite.

Sans renoncer aux atouts du semi-rigide

Ses premières réalisations ont fait le buzz mondialement avec une couverture presse à faire pâlir d’envie bien des entreprises. « Nous avons créé le premier monocoque au monde à voler au large. Un prototype dédié à la R & D. Le premier bateau que nous avons fait ensuite était un 5,5 m avec foils rétractables. Nous sommes partis de techniques qui remontent aux années 1860 avec l’idée de ne surtout pas dégrader ce qui fait l’intérêt du semi-rigide : possibilité de beacher (se laisser échouer sur une plage, NDLR), de s’amarrer en couple, au ponton, de se faire remorquer… » Les foils de SEAir permettent de naviguer 20 cm au-dessus de l’eau avec des gains de vitesse moyenne et des économies de carburant de 20 à 30 % (voire jusqu’à 40 % selon l’état de la mer) avec la sensation de voler. « On appelle cela l’effet coussin d’air. C’est très confort, on tape moins les vagues. » Les plaisanciers apprécient, notamment dans le yachting haut de gamme. SEAir a d’ailleurs finalisé un concept boat de 10 mètres avec le bureau d’études de Beneteau.

À l’étroit à court terme

D’autres développements portent leurs fruits : SEAir intéresse fortement la DGA, et la PME a finalisé l’équipement de foils sur un bateau d’intervention rapide de la Marine de 10 tonnes. « Ce projet a mobilisé quasiment toute l’équipe. Nous intéressons aussi les Emirats. »

Les commandes affluent et nécessitent de nouveaux investissements. SEAir cherche de nouveaux locaux. La question du manque de place va se poser dans les prochains mois. Le chiffre d’affaires attendu se situera autour de 700 000 euros en 2020 contre 350 000 euros environ en 2019. « Il devrait fortement augmenter par la suite. Nous allons effectuer une nouvelle levée de fonds fin 2020 pour rester leader sur notre marché. »

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